Gisèle dans les pas de Simone

Gisèle Halimi avec Chirac en 2006
(Photo AFP)

La décision d’Emmanuel Macron d’ouvrir les portes du Panthéon à Gisèle Halimi répond à une impatience publique. La Journée internationale de la femme du 8 mars offrait au chef de l’État l’occasion unique d’un beau discours et d’une juste décision.

GISÈLE HALIMI, en effet, a été de tous les combats féministes, en même temps que Simone Veil mais peut-être avec plus d’efficacité. Le chemin a été long, semé d’embûches, pour l’IVG, et la France a à peine commencé à le parcourir. Au moment où le pays cherche une égalité hommes-femmes improbable, le déséquilibre entre les revenus de ceux-là et de celles-ci est flagrant. Le libéralisme français n’a pas d’équivalent et, en Europe, nos partenaires ne sont pas tous prêts à nous imiter, tandis que d’autres nous ont dépassés. Il n’est pas vain qu’un président applaudisse post-mortem une femme qui a apporté de la flexibilité à une société bourgeoise, enfermée dans des dogmes caducs.

Une révolution morale.

Simone Veil et Gisèle Halimi ont été complémentaires, l’une en accédant au pouvoir pour y défendre une révolution morale, l’autre en criant à la cantonade de simples vérités. L’interdiction de l’IVG fonctionne comme une chape de plomb : elle expose la femme à l’effroi, à la solitude, au danger médical. Il fallait donc l’abolir, banaliser l’avortement en rétablissant, une fois pour toutes, la liberté d’avorter plutôt que le droit. C’est le début d’une révolution morale chargée de symboles qui éblouissent le peuple avant de l’associer au changement. On peut réformer le statut de la femme française, mais pas les régimes de retraites ?

Aux forceps.

C’est une bataille qui prendra des années, des décennies, des siècles, dès lors que des pays clos cantonnent les femmes dans le dénuement, l’ignorance, la solitude et le désespoir. Tout, dans ce qui arrive, les tensions internationales et la guerre pure et simple, relève d’une manière de penser anachronique et périmée. Alors qu’il existe un moyen simple d’affranchir les femmes : le referendum qui leur donne enfin l’occasion de s’exprimer. La France offre l’exemple le plus positif ; ailleurs, il faudra que les femmes obtiennent leur liberté au moyen des forceps.

Une tempête nationale.

Le peuple français subit une tempête psychologique, affective, où la peur se mêle à la colère, où chacun s’accroche à sa liberté comme le naufragé à un débris, mais où le soleil pointe à l’horizon parce que le déséquilibre entre hommes et femmes sur les plans social, moral et économique constitue une injustice chaque jour un peu plus insupportable. Les régimes autoritaires qui martyrisent leurs propres peuples sont l’ultime rayon de l’intolérance. À terme, ils sont condamnés. À terme, ils disparaîtront. Il appartiendra alors aux femmes de prendre la relève, notamment dans l’éducation et la santé. On peut adresser à Macron tous les reproches de ce monde, on ne peut pas ignorer son intuition de la direction du vent de l’histoire.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Gisèle dans les pas de Simone

  1. Etienne Robin, néphrologue dit :

    Gisèle Halimi a fait un bien considérable à la société en dénonçant ce que celle-ci faisait subir aux femmes.
    Ce juste combat n’allait pas sans excès déplaisants : ayant mis au monde trois fils, elle déplorait répétitivement, publiquement, et ad nauseam, nous dit l’un des trois, de n’avoir pas eu, à la place de ces trois garçons, trois filles.

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