Dette : la longue marche

Bruno Le Maire, ministre et romancier
(Photo AFP)

Le gouvernement a décidé hier de réduire de 1% les fonds destinés aux ministères pour l’année budgétaire. Ce n’est que le début d’une longue marche dont l’objectif est de ramener le déficit budgétaire à moins de 3% en 2027, dernière année du second mandat d’Emmanuel Macron.

LES POUVOIRS PUBLICS s’attaquent à une dette de 3 000 milliards d’euros et nous ne perdrons pas de temps à souligner la gravité de la situation financière de la France, contrainte d’emprunter chaque année pour ses dépenses courantes en dépit d’une hausse sensible des taux d’intérêt. Le pire serait de laisser courir les déficits ou de céder à l’impuissance, ce qui nous jetterait dans le panel des nations mal gérées.

Compétitivité.

Le gouvernement a lancé un signal relativement fort, qui contient un message non moins important : il faut rembourser la dette et renvoyer à nos partenaires une image améliorée. Mais il faut d’abord passer sous les fourches Caudines des agences de notation et de nos partenaires européens, dont l’Allemagne, premier client de la France, qui doit accepter notre effort de ré-industrialisation. La dette peut être remboursée de plusieurs manières, notamment par l’inflation qui en réduit le volume. Elle est bien mieux assurée par la compétitivité commerciale, par un regain des exportations et par une baisse des prix à long terme.

Un romancier.

Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire (potentiel candidat à la présidence de la République en 2027) se montre rassurant et présente son projet de réduction de la dette comme une réalité. Il ne donne pas l’exemple quand cet énarque doublé d’un normalien publie des romans, parfois à résonance érotique, qui montrent son don d’ubiquité. Il peut prétendre qu’il est de ces intellectuels bardés de diplômes qui mènent des tâches multiples sans rapport aucun, mais qui, éventuellement confronté à la charge de la présidence de la République, parviendrait, pratiquement sans effort, à surmonter toutes les difficultés.

Une course encore discrète.

De fait, Bruno Le Maire n’a aucune chance s’il n’a pas démontré entretemps qu’il a dompté cette bête qui ronge notre économie, une dette excessive. Sa campagne électorale a donc commencé et il devra s’y consacrer sans doute à plein temps jusqu’à la fin du mandat de Macron. Les autres prétendants à l’Élysée, Édouard Philippe, Laurent Wauquiez, Gérald Darmanin et d’autres, ne subiront pas ce handicap. Édouard Philippe est capable d’une patience infinie, Laurent Wauquiez vient à peine de se lancer dans la course dans un grand entretien avec « le Point » et Gérald Darmanin fait ce qu’il fait le mieux, réprimer.

Un marathon, pas un sprint.

Rien de tout cela ne nous dit qui le peuple choisira en 2027, tant il est vrai que le président de la République n’est jamais une simple somme de qualités ou de vertus. L’élu sera celui qui aura dompté l’inflation, préconisé une diplomatie prudente et maintenu la veille militaire à laquelle nous sommes contraints depuis que Vladimir Poutine a des aspirations impérialistes. Le monde, c’est entendu, est de plus en plus dangereux mais nous n’avons pas de planète de rechange, en tout cas pas pour le moment, et nous sommes bel et bien forcés de la conserver, ce qui implique un effort sérieux de lutte contre le réchauffement climatique.

Nous avons compris que les progrès sont encore insuffisants, et que là aussi, l’effort est celui du marathon plutôt que celui du sprint. En France nous avons plus de normaliens que d’athlètes, de sorte que userons de leur talent jusqu’à la corde. Ils sont prêts au supplice surtout, dans le cas de M. Le Maire, s’il est lent et lui permet de continuer à écrire des romans légers.

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