Retraites : Macron remet ça

Laurent Berger
(Photo AFP)

Le candidat Macron inscrit à son programme une nouvelle mouture de la réforme des retraites, fondée principalement sur la prolongation progressive des carrières jusqu’à 65 ans.

L’INITIATIVE est surprenante : elle est tellement explosive qu’elle peut réduire l’avance confortable du président sortant sur les autres candidats. En même temps, elle est conforme au personnage qui prend des risques et n’hésite pas d’ailleurs à marcher sur les plates-bandes de la droite LR, dont la candidate, Valérie Pécresse, a présenté une réforme des retraites très semblable à celle de Macron. Deux éléments sont à considérer : le premier est que les régimes de retraite perdront 10 milliards par an s’ils ne sont pas révisés. L’impératif économique n’a donc pas changé et aucun président ne peut l’ignorer. Le second contient les éléments de la stratégie électorale de M. Macron : on lui reproche de ne pas présenter un programme qui réponde aux problèmes de la société, voilà qui sera fait, au moins en ce qui concerne un poste de dépenses largement déficitaire ; le projet s’adresse à l’électorat de droite que Macron va chercher sans vergogne ; s’il est élu, la réforme sera validée par le scrutin avant même d’avoir commencé.

Le cas des seniors.

En somme, le président de la République ne s’est pas laissé emporter par son enthousiasme habituel. Il a déplacé un pion dont la valeur est stratégique. Mais il a pris le risque d’une diminution de sa cote de popularité. Les syndicats et parmi eux, ceux qui demeurent le plus ouverts à une réforme des retraites (par exemple la CFDT de Laurent Berger), ont riposté par des déclarations alarmantes susceptibles de jeter dans la rue pas mal d’actifs syndiqués. Travailler plus longtemps implique non seulement un sacrifice pour ceux dont le métier n’est pas agréable, cela pose la question des plus de cinquante ans dont on n’a pas vu jusqu’à présent que les entreprises françaises raffolaient. Le risque d’une réforme par l’âge, c’est de mettre au chômage, donc à la charge de la collectivité, des centaines de milliers de salariés.

Un contexte peu favorable.

Cette réforme ultra-classique ne peut donc être mise en place que si les seniors sont assurés de garder leur emploi jusqu’à 65 ans, ce qui est une gageure. L’État forcerait les entreprises à garder leurs vieux en toute circonstance qu’il chahuterait le marché du travail : rien de pire, pour celui-ci, que la coercition. C’est parce que la demande augmente que les sociétés recrutent et non parce qu’elles y sont forcées. En dépit des crises que nous n’avons pas fini de digérer, on peut se placer dans une perspective positive et estimer que la réorganisation du commerce mondial offrira à long terme des emplois surabondants, comme l’a montré le vif rebond après la pandémie. Mais la guerre en Ukraine nous a rappelé les terribles dérives auxquelles sont exposées les nations dont le régime est dictatorial. La démocratie est en recul dans le monde et, avec elle, le libéralisme économique, source permanente d’emplois.

N’importe quelle réforme est soumise aux aléas historiques. Des vents contraires sont susceptibles de freiner ou de modifier celle des retraites. Mais le risque est contenu dans la coïncidence du projet et la période électorale. S’il en était autrement, cela signifierait que l’opinion n’y croit pas et donc que le chef de l’État se contente de lancer un ballon-sonde. La gravité de la crise mondiale n’empêche pas cependant le fait que la crise des retraites doit être résolue en France aussi vite que possible.

RICHARD LISCIA

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