Jacquerie au Salon

Valls et Le Foll au Salon (Photo AFP)

Valls et Le Foll au Salon
(Photo AFP)

Samedi et lundi au Salon de l’Agriculture, François Hollande, puis Manuel Valls ont été sifflés, hués, presque bousculés par les paysans en colère, qui ont démoli le stand du ministère de l’Agriculture. Le président de la République et le Premier ministre n’ont pas manqué de courage en se rendant au Salon, surtout M. Hollande qui rentrait d’un très long voyage en Polynésie et en Amérique du Sud.

DANS LE CAS du code du travail, le gouvernement a tenté de lancer une réforme si draconienne qu’il a provoqué le soulèvement de la gauche de la gauche. Il va annoncer, peut-être aujourd’hui, l’ajournement du texte (qui devait être présenté le 9 mars en conseil des ministres) pour pouvoir discuter du contenu du texte. Dans celui des éleveurs, ruinés par une baisse des prix excessive, il a manqué au contraire d’activisme, de vitesse et a laissé la crise se dérouler de telle manière qu’elle a fourni la preuve de sa complète impuissance. Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, par ailleurs porte-parole gouvernemental, a-t-il pris la mesure de la crise de la paysannerie ? S’est-il donné les moyens de satisfaire au moins partiellement les revendications des éleveurs et producteurs de lait ? Il a reçu chez lui la visite des paysans et a dû s’expliquer devant eux. La nouvelle baisse des charges sociales accordée par le gouvernement a eu un effet nul sur les agriculteurs en colère. On devine donc qu’il existe une incompréhension inquiétante entre les paysans et le pouvoir, que M. Le Foll semble ne pas avoir su obtenir de la commission de Bruxelles les assouplissements qui auraient permis de meilleurs revenus pour les paysans français et que sa seule stratégie, qui n’est guère originale, consiste à forcer la distribution à garantir des prix décents aux producteurs.

Un dossier mal étudié.

Dans ce cas, M. Le Foll n’a pas choisi le bon angle d’attaque. Car les supermarchés perdent déjà de l’argent sur le commerce de la viande ; et ils s’arrangeront pour échapper, d’une manière ou d’une autre, aux hausses de prix qu’ils seront contraints de consentir aux éleveurs. La concurrence est trop vive sur le marché alimentaire européen pour qu’un gouvernement dicte ses conditions aux commerçants. Dans cette sorte de panique de l’exécutif que crée la colère de la paysannerie française, il ne semble pas que le gouvernement ait suffisamment étudié le dossier. Il prend des mesures cosmétiques, puis s’étonne de l’insatisfaction des agriculteurs, alors que, entre les prix pratiqués par le commerce de détail et celui qui est versé aux producteurs, la distance est considérable. De toute façon, les paysans, ou plutôt ceux d’entre eux qui ont des propriétés de petite taille, ne peuvent plus vivre de leur travail. Ce simple constat aurait dû suffire pour que le gouvernement envisage une refonte complète de la filière du lait et du porc. Il a été apathique dans cette affaire, alors même qu’il est cerné de toutes parts par le mécontentement que soulèvent ses réformes.

Un discours pathétique.

Nous sommes habitués à vivre dans le désordre contemporain que créent les colères catégorielles. Tous ceux qui manifestent expliquent que, s’ils ne bloquent pas les toutes et les ponts, ils ne seront jamais entendus. C’est ce que pensent aussi les moniteurs d’auto-école qui approuvent la réforme de l’enseignement du code de la route mais affirment qu’on ne leur laisse pas le temps nécessaire à la transition antre l’ancien et le nouveau codes. Et qui, du coup, ont bloqué le périphérique parisien ce matin. Quand, dans ce contexte, on entend le malheureux Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, préconiser le rassemblement de « toute la gauche », on se demande s’il fait bien de s’exprimer sur les plateaux de télévision, tant son discours semble pathétique et irréaliste.

RICHARD LISCIA

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