Hollande cache son jeu

FRANCOIS HOLLANDE VISITE UNE MAISON DE SOINS PALLIATIFSLe chef de l’État a souhaité reprendre la tradition de l’entretien télévisé du 14 juillet que Nicolas Sarkozy avait abolie. Sur la crise sociale déclenchée par la suppression d’effectifs chez PSA, sur les nouveaux impôts nécessaires au redressement des comptes et sur le statut de la première dame, il n’a pourtant pas été explicite.

LE PLAN SOCIAL annoncé par PSA « n’est pas acceptable et ne sera donc pas accepté », a déclaré le président de la République. Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, venait pour sa part de rappeler que PSA avait été aidé par l’État  à hauteur de 4 milliards d’euros et que le gouvernement avait donc le droit de demander des comptes à la firme automobile.  François Hollande n’a pas dit néanmoins comment il maintiendrait un certain nombre d’emplois sans mettre en danger Peugeot-Citroën.
 Son intention principale, en réalité, consiste à détricoter tout ce qu’a fait son prédécesseur pendant cinq ans. La TVA sociale a été balayée d’un revers de main, les heures supplémentaires seront affectées désormais par les prélèvements sociaux et par les impôts, l’ISF sera rétabli et le bouclier fiscal aboli, les impôts nouveaux ne concerneront que les ménages riches ou aisés (à partir de quels revenus seront-ils taxés et peuvent-ils à eux seuls supporter les 7,5 milliards d’euros que le gouvernement compte récupérer -1,5 milliard seulement d’économies sur la dépense publique – ? Pour le moment, les Français ne savent pas combien d’argent ils vont être obligés d’économiser pour faire face aux nouveaux prélèvements obligatoires qui seront appliqués à leurs revenus ou à leur patrimoine.

Lutte des classes.

Cette incertitude, largement entretenue par le président de la République, représente un facteur négatif pour la consommation, donc pour la croissance, qui ne saurait s’appuyer, en l’état actuel de notre industrie, sur les exportations.  François Hollande se réfère sans cesse aux 60 propositions qu’il a formulées pendant la campagne électorale, comme si les effets de la crise ne se faisaient pas sentir tous les jours par une avalanche de plans sociaux et pas seulement chez PSA.  Pis, le chef de l’État, obéissant au mot d’ordre qu’il a adressé à tous les membres du gouvernement, rejette le mot rigueur en répétant à l’envi que les classes moyennes ne seront pas concernées par l’effort exigé de ceux qu’il appelle les riches.

M. Hollande est parfaitement en droit d’amender le plan social de PSA,  de refuser de parler de rigueur, d’imposer ceux qui ont plus, pas ceux qui ont moins, de rejeter les objurgations de conseilleurs qui ne sont pas les payeurs et de diriger son fameux effort vers une hausse de la pression fiscale plutôt qu’en direction des économies budgétaires.  Mais toute stratégie économique et financière comporte des avantages et des inconvénients. Il peut exalter les premiers, il ne saurait ignorer les seconds. La question ne porte pas sur l’éthique d’une politique mais sur son efficacité. Plus d’impôts, c’est fatalement moins de consommation et d’investissements, donc moins de croissance.  En désignant des riches qui pourraient bien, en réalité, être souvent des membres de la classe moyenne ou des gens qui n’ont jamais fait que se conduire en épargnants responsables préparant une retraite modeste, ils les stigmatise sans craindre, simultanément, de s’adresser à leur patriotisme alors qu’il  sait que, aux yeux  de ceux qui attendent tout de l’État, depuis les allocations familiales jusqu’au revenu de solidarité active, les riches réels ou supposés deviendront rapidement des boucs émissaires.

Rien ne semble plus anachronique que cette présentation des faits qui repose sur un concept de lutte des classes décidément indélébile. L’élimination des réformes engagées par MM. Sarkozy et Fillon constitue un objectif propre à satisfaire tous ceux qui ont voté contre le précédent président.  Mais beaucoup de choses, dans ces réformes, étaient extrêmement utiles, à commencer par celle des retraites que M. Hollande, qui la sait  pourtant indispensable, a tenu à amender, certes par égard pour ceux qui ont commencé à travailler tôt, mais aussi pour éradiquer le sarkozysme. Le chef de l’État continue à faire beaucoup de politique, à soigner sa popularité –déjà en baisse légère parce que sa sémantique ne trompe guère les Français, à renforcer l’emprise du PS sur la totalité des institutions, mais il ne nous dit toujours pas comment il va tenir ses engagements relatifs à la réduction des déficits publics, clé de notre avenir.

RICHARD LISCIA


Ce contenu a été publié dans Juillet 2012. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

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