Trierweiler : révélations…ou scandale

Valérie Trieweiler
(Photo AFP)

Valérie Tierweiler a fait savoir qu’elle portait plainte après la publication d’un livre, « La Frondeuse », dont les auteurs sont deux journalistes, Christophe Jakubyszyn et Alix Bouilhaguet. Dans cet ouvrage, le énième sur la compagne du président, ils croient pouvoir indiquer qu’elle a eu il y a longtemps une liaison avec Patrick Devedjian, député UMP et président du Conseil général des Hauts-de-Seine. Lequel a lui aussi porté plainte.

ON SE DEMANDE si nos concitoyens, sollicités par une kyrielle de livres sur Mme Trierweiler, pourront jamais les lire. Autant l’ambiguité du rôle personnel qu’elle joue à l’Élysée et dans son métier de journaliste pose un problème non résolu à ce jour, autant  la pourchasser par des « révélations » à la fois incertaines, assorties du conditionnel, mais susceptibles d’attirer un lectorat amateur de scandales, relève de la forfaiture. Des dizaines d’heures de « talk-shows » ont été consacrées à l’intrusion des médias dans la vie privée des célébrités du pays, qui ont abouti à l’idée que ce qui ne se disait jamais autrefois doit impérativement être dit aujourd’hui. Mais jusqu’où peut-on aller dans le sens de révélations incertaines et doit-on, vérité ou non, sombrer dans le mauvais goût ?

Information ou inquisition.

À ce jeu, la décidément malheureuse Valérie Trierweiler ne peut que perdre. Sa plainte augmentera les ventes du livre, qui n’est sans doute pas le dernier mais probablement le plus pervers, dès lors que, tout ayant été dit par d’autres ouvrages, il faut bien apporter quelque chose de nouveau si l’on veut continuer à exploiter le filon. Ce livre de plus, c’est la paille qui casse le dos du chameau. On va maintenant trouver des journalistes qui diront qu’ils le savaient mais ne voulaient pas le dire, parce que eux se rangent du côté du respect de la vie privée. M. Jakubyszyn et Mme Bouilhaguet viennent de briser un tabou qui faisait barrage au viol de l’éthique dans un univers parisien inondé par l’information inquisitoriale. Procès ou non, dommages-intérêts ou non, vogue la galère du scandale. On peut craindre un déluge de mots et d’images sans précédent sur toutes les personnalités dont le nom est connu du grand public, d’autant qu’il est toujours payant d’associer les politiques à quelque compromission, fût-elle d’ordre sentimental. « Closer » et « Gala » ont gagné.

On ne s’en réjouira pas. Il fallait donner à Valérie Trierweiler (dont nous-mêmes avons critiqué le comportement) la chance de trouver une position stable entre ses obligations officielles et les exigences de sa vie familiale. On fait tout au contraire pour ne lui accorder aucun répit, en publiant chaque semaine des livres (ou des articles) qui la contrarient, la blessent et la contraignent à réagir publiquement, alors qu’elle a besoin de reprendre ses esprits. On en revient ici à la liberté d’expression et on s’interroge à ce qu’elle vaut quand elle empêche la liberté d’autrui. Nous doutions, il n’y a pas longtemps, du sens de la responsabilité de « Charlie-Hebdo » quand cet hebdomadaire, pour le plaisir (et la bonne vente) de la caricature, a ajouté au mécontentement, parfois meurtrier, du monde arabo-musulman. Nous doutons de nouveau du sens de la responsabilité chez  des auteurs qui n’hésitent pas à piétiner une femme, célèbre ou non, pour le plaisir de raconter une aventure, vraie ou fausse, qui ne devrait intéresser personne.

RICHARD LISCIA

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2 réponses à Trierweiler : révélations…ou scandale

  1. gilles annie dit :

    Chacun garde le libre choix de ses lectures et peu s’abstenir de se passionner pour « Gala » ou « Closer ».
    La course à la notoriété passe par l’acceptation du domaine de curiosité de ce type de littérature et le sang-froid naturel de ceux qui y ont une place doit leur permettre de passer à travers ce genre de tourmente sans déposer plainte

  2. vultaggio-lucas dit :

    « Qui sème le vent récolte la tempête » et ce n’est pas une aile de papillon… Narcisse, celui de la mythologie grecque, s’était crevé les yeux.Les « nôtres » de plus en plus nombreux, nous crèvent, dans le sens de fatiguer, et crèvent les écrans comme des stars qu’ils/elles ne sont pas. Ils auraient pourtant fait un beau couple sur la Seine.Je ne comprends pas les médias qui ne sont pourtant pas possédés par ces gens-là et pourtant, ils bénéficient des médias.

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