Gaza sous haute tension


Gaza, aujourd’hui
(Photo AFP)

Depuis plusieurs jours, la tension monte à Gaza qui bombarde le sud d’Israël à la roquette, ce qui a entraîné des représailles israéliennes, elles-mêmes suivies par de nouvelles pluies de fusées. On compte trois civils tués hier en Israël et de nombreuses victimes du côté palestinien.

RIEN DE NOUVEAU  dans le conflit israélo-palestinien, sinon que le printemps arabe a changé la donne internationale et qu’Israël est vivement condamné par le président égyptien, Mohamed Morsi. Il ne pouvait en être autrement car le Hamas n’est rien d’autre que la branche palestinienne des Frères musulmans, dont M. Morsi est l’illustre représentant. Les Palestiniens accusent le gouvernement israélien de vouloir la guerre pour empêcher la Palestine d’accéder au statut d’observateur aux Nations unies, au sujet duquel les négociations entre Mahmoud Abbas et l’ONU vont bon train. Pourtant, un acte de guerre, la destruction d’une jeep israélienne dans laquelle quatre soldats ont été grièvement blessés a mis le feu aux poudres et entraîné le tir ciblé d’un drone contre une voiture où le chef d’état-major du Hamas a perdu la vie.

La peur d’une offensive.

Les observateurs craignent une offensive de Tsahal contre Gaza, qui ne serait pas la première. Chaque fois qu’Israël a pratiqué le droit de suite contre Gaza, transformé par le Hamas et le Djihad islamique en base militaire qui harcèle la population civile israélienne, il a été condamné. Le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, connaît trop bien le scénario pour ignorer à quoi il s’expose : même dans les cas de légitime défense, Israël, qui ne peut réagir sans tuer des civils et provoquer de très graves dégâts, est mis au ban des nations. La France a demandé  la « retenue » aux deux belligérants, ce qui revient à ne rien dire, tandis que le chef de la diplomatie britannique, William Hague, prenait position ce matin contre le Hamas qui, a-t-il dit, « crée une situation intolérable pour les civils israéliens ».

Le contexte a changé.

Des élections générales anticipées auront lieu à la fin du mois de janvier en Israël, et M. Netanyahou ne saurait se montrer conciliant quand il est confronté à une épreuve de force. Ses prédécesseurs ont toujours agi de la même manière que lui, même s’ils appartenaient à un autre mouvement politique que le sien. Mais le contexte politique a changé avec le printemps arabe et l’arrivée au pouvoir de M. Morsi ne permet plus à Israël d’espérer que l’Égypte pratique la « négligence bénigne », comme au temps de Hosni Moubarak. La gravité de la crise syrienne qui, la semaine dernière, a failli entraîner une nouvelle guerre sur le plateau du Golan, devrait logiquement interdire aux différents acteurs de la région d’accepter un embrasement.

Mais rien n’est jamais logique dans le conflit entre Israël et la Palestine. Le Hamas refuse de nouvelles élections palestiniennes parce qu’il est certain de les perdre : les habitants de Gaza ne supportent pas d’être pris en enclume entre les lancements de roquette et les représailles israéliennes. De son côté, Mahmoud Abbas, qui se plaint de ne pouvoir obtenir des négociations de paix avec M. Netanyahou, semble bien incapable de réaliser l’unité palestinienne. Avec le temps qui passe, la scission entre Fatah et Hamas s’accentue et, avec l’expansion des colonies, la viabilité d’un État palestinien est mise en question. Si on peut s’attendre à une levée de boucliers dans le monde arabe (le Qatar a déjà condamné Israël), on sait aussi que M. Netanyahou est prêt à prendre ses responsabilités sécuritaires, comme en témoigne le rassemblement de ses troupes à la frontière avec Gaza.

Bien qu’Israël se résigne avec fatalisme aux condamnations de circonstance dictée par la pensée unique internationale, le chef du gouvernement israélien, avant de lancer une offensive militaire contre Gaza, qui fera forcément de nombreuses victimes civiles, doit tenir compte des changements qui se sont produits. Non seulement M. Morsi se rangera aux côtés du Hamas, mais le président Obama, qui vient d’être réélu pour un second mandat, exercera sur Jérusalem de très vives pressions pour qu’un bain de sang soit évité. Israël serait bien inspiré de demander à l’Égypte de négocier un cessez-le-feu avec le Hamas et avec lui-même. Le président égyptien en serait flatté. Cette issue est toutefois très improbable.

RICHARD LISCIA 

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Une réponse à Gaza sous haute tension

  1. Michel Cornié dit :

    Hier soir sur Arte, il y avait une soirée consacrée à Daniel Baremboïm qui fêtait ses 70 ans: un concert et un documentaire sur ses activités en particulier pour la paix. Dans ce documentaire il y avait un reportage très émouvant sur un concert qu’il dirigeait à Gaza avec un orchestre composé d’instrumentistes des plus grands orchestres d’Europe, Berlin , Vienne, Paris, Londres. Ce moment de communion et de paix grâce à la musique semble bien illusoire et intemporel face à tous ces signes de haine. Mais je crois qu’il faut persévérer dans l’utopie des gestes de paix avec ce grand Monsieur.

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