Une défaite de Marine

Marine Le Pen
(Photo AFP)

Marine Le Pen avait déposé un recours devant le Conseil constitutionnel à la suite de l’élection législative de Hénin-Beaumont où elle avait perdu contre le socialiste Philippe Kemel. Le Conseil a statué ce matin sur sept circonscriptions au total et n’a invalidé aucune de ces élections. Il a néanmoins réduit l’écart entre les candidats dans certaines circonscriptions, dont celle de Hénin-Beaumont où la différence entre Mme Le Pen et M. Kemel n’est plus que 106 voix (au lieu de 118), ce qui ne change rien au résultat.

« ON N’AVAIT PAS envie que Marine rejoue cette élection parce qu’on savait que Marine gagnerait cette élection ». C’est ainsi que la présidente du Front national a commenté sa défaite devant le Conseil, qu’elle estime acquis à la droite parce que beaucoup de ses membres, dont son président, Jean-Louis Debré, sont issus de l’UMP. Si c’était vrai, le Conseil aurait trouvé le moyen d’invalider l’élection du socialiste Dominique Potier contre Nadine Morano. Il ne l’a pas fait. Les socialistes, qui ont résisté à tous les recours dans les sept circonscriptions, font en revanche l’éloge du Conseil. Ils sont, les uns et l’autre, prêts à réitérer leur confiance dans la justice de leur pays, selon la phrase consacrée, mais seulement si elle leur est favorable.

Le Conseil statue en droit.

L’activité du Conseil constitutionnel est encadrée par des règles, qui ont d’ailleurs été rappelées lorsque Nicolas Sarkozy, membre de droit de l’institution, a semblé manquer à son devoir de réserve à propos du conflit Fillon-Copé. De son côté, M. Debré veille à ce qu’aucun des Sages n’exprime publiquement des opinions politiques et à ce que tous statuent en droit et non en fonction de leurs propres convictions. Marine Le Pen, en prétendant déceler un biais politique dans la décision relative à l’élection d’Hénin-Beaumont, exploite son filon habituel : le système est corrompu, il faut le remplacer par un autre et seul un parti aura le courage de le faire, le Front national. En réalité, le Conseil s’est borné à recompter les voix, à éliminer celles qui lui paraissaient douteuses et qu’il a éliminées, et, au terme de ce processus qui n’exige d’ailleurs pas des compétences juridiques réservées aux plus savants d’entre nous, il a vu qu’il n’y avait pas de quoi ordonner un nouveau scrutin.

En fait, c’est Mme Le Pen qui politise un sujet purement arithmétique, et elle le sait. De sorte que son attaque contre le Conseil s’inscrit dans le fait politique créé par le rejet des recours. À Hénin-Beaumont, Mme Le Pen est battue pour la durée du mandat de M. Kemel et elle n’empêchera pas les socialistes, et beaucoup d’autres avec eux, de s’en réjouir. Peu importe que M. Kemel n’ait obtenu que 106 voix d’avance contre Mme Le Pen lors d’un scrutin auquel ont participé 53 000 électeurs. Il fallait bien que le vainqueur, tôt ou tard, fût désigné.

La montée persistante du FN.

Ce qui n’enlève rien, de toute façon, à la montée persistante du Front national, probablement requinqué, à l’heure actuelle, par les divisions ridicules de l’UMP et par l’immense déception que l’action gouvernementale inspire à l’électorat socialiste. C’est ainsi que progresse l’extrême droite, sur le malheur économique et social du pays, conformément à un schéma qui a produit les horreurs de la Seconde Guerre mondiale et l’actuel renforcement des extrêmes dans plusieurs pays européens, dont la Hongrie, la Belgique, les Pays-Bas, la Finlande. Les démocrates de droite de gauche n’ont pas d’autre choix que de combattre le FN debout et, si possible, ensemble, dès lors que l’apaisement d’une crise dévastatrice prendra un temps proportionnel aux dégâts qu’elle provoque. En attendant des jours meilleurs, il faut empêcher le FN de se renforcer et on ne boudera pas une décision de droit favorable à la démocratie. Trois élections partielles sont prévues pour dimanche. Ce sera l’occasion pour les électeurs de repousser le Front.

RICHARD LISCIA

 

 


 

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Une réponse à Une défaite de Marine

  1. dissident dit :

    « Les démocrates de droite de gauche … » (1)
    Ah bon, parce qu’on est en démocratie ? Referendums bafoués, refus persistant de la proportionnelle (qui, horreur, risque de donner des candidats populistes), gouvernance de fait dans tous les domaines par une oligarchie européenne non élue! Et que dire d’une « liberté d’expression » qui criminalise une névrose (certaines « phobies ») comme au temps de la belle époque des goulags et des camps de rééducation à la chinoise. Ah la belle démocratie que voilà !
    (1) Pour rappel, seul le FN a dans son programme le referendum d’initiative populaire. Les autres ?

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