UMP : le sursaut

Raffarin, médiateur efficace
(Photo AFP)

Jean-François Copé et François Fillon ont fini par trouver un accord au terme de négociations interminables qui ont duré plus de quatre semaines. Il n’y aura pas de referendum chez les élus UMP sur un nouveau vote. Le RUMP, fraction dissidente de l’UMP, réintègrera le parti, ce qui est la meilleure nouvelle. M. Copé reste président jusqu’au jour d’une élection en septembre 2013. Les statuts du mouvement seront profondément remaniés.

C’EST LA MÉDIATION de l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui a ouvert la voie à l’accord. Il a réussi là où Nicolas Sarkozy et Alain Juppé avaient échoué. La proposition de Bernard Accoyer, ancien président de l’Assemblée nationale, pour un referendum chez les députés et sénateurs UMP, qui aurait dû avoir lieu aujourd’hui à midi, a été abandonnée, mais elle a exercé une vive pression sur les négociateurs, contraints d’aller plus vite pour éviter une complication supplémentaire. Un bureau politique sera formé qui comprendra, outre les copéistes Michèle Tabarot et Luc Chatel, des amis de M. Fillon.   L’idée est de faire en sorte que la réforme des statuts et l’élection de septembre prochain ne jouent pas à l’avantage du seul Copé, même si François Fillon, passablement exaspéré par la crise, affirme qu’il n’est candidat à rien.

Pas de poursuites judiciaires.

La bataille entre les deux hommes a été d’une violence incroyable, avec des hommes et des femmes, dans chacun des deux camps, qui ont attisé le feu. M. Raffarin n’en a que plus de mérite à avoir trouvé une voie de conciliation et empêché un autre danger mortel, les poursuites judiciaires qui, grâce à l’accord, n’auront pas lieu. Après une crise d’une telle intensité, les électeurs de droite ont le droit d’exprimer un minimum d’optimisme. Ils ne doivent pas se leurrer pour autant : les séquelles de l’affaire seront nombreuses, à commencer par une méfiance morbide entre les deux protagonistes, qui risque d’empoisonner le fonctionnement du parti dans les prochains mois, notamment dans les semaines qui précèderont l’élection de septembre. À cet égard, il serait bon d’ouvrir la consultation à d’autres leaders de l’UMP, ne serait-ce que pour éviter un affrontement à 50/50 qui reproduirait la même crise, et pour donner une chance à d’autres personnalités.

De ce point de vue, on a le sentiment que M. Fillon lui-même ne croit plus vraiment à l’avenir qu’il s’était tracé depuis qu’il a été élu député de Paris. Le meilleur moyen d’en finir avec la tension, c’est de ne plus avoir envie de se battre dans des conditions difficiles, parfois répugnantes. On n’en dira pas autant de Jean-François Copé qui, au moment où il signait l’accord, comptait vraisemblablement sur le sursis de neuf mois qui lui est accordé pour établir entre le parti et lui un lien inaltérable dans la perspective des élections municipales, puis celles de 2017. Il a quand même fait la moitié du chemin pour que l’UMP ne sombre pas. Cela signifie sans doute qu’il est conscient des nouveaux et sérieux obstacles dressés sur son parcours. Quant à l’observateur extérieur, il continuera à penser que la terrible convulsion de l’UMP à laquelle il vient d’assister a disqualifié tout à la fois l’ancien Premier ministre et le député-maire de Meaux et que le meilleur signe que les militants de l’UMP peuvent donner à l’opinion serait l’élection d’un président qui ne soit ni M. Fillon ni M. Copé.

RICHARD LISCIA

 

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