Merci pour vos voeux

Hollande, l’an dernier
(Photo AFP)

François Hollande a été sobre pour son premier exercice de présentation des voeux présidentiels du 31 décembre 2012. Encore fallait-il croire au contenu du message axé sur la lutte contre le chômage qui repose, selon le credo présidentiel, sur les contrats d’avenir ou de génération. Ce sont des initiatives dictées par le désespoir ou l’idéologie, elles apporteront du baume au coeur de ceux qui en bénéficieront, elles ne résoudront pas le problème, c’est-à-dire la désindustrialisation.

LE FAIT EST que la fiscalité est devenue impitoyable et qu’elle a fait ressurgir en France la notion de lutte de classes. Le pays a écarté Nicolas Sarkozy parce que, entre autres, il était accusé de diviser au lieu de rassembler. M. Hollande s’y prend d’une autre manière : il divise sur des critères de fortune. Ses mesures relatives à l’ISF et à l’impôt sur le revenu ont désigné des coupables : ceux qui gagnent beaucoup d’argent, mais dont tout le monde oublie qu’ils ne peuvent pas y parvenir la plupart du temps sans développer leurs entreprises ou en monter de nouvelles, et donc sans créer des emplois. On peut en dire tout autant de ceux qui ne possèdent rien mais gagnent bien leur vie. Ils ne sont pas moins indispensables à l’activité économique que ceux qui la gagnent moins bien et, sans les premiers, on n’aura pas les seconds. La vérité économique et sociale se situe aux antipodes de la lutte des classes. Le président est trop cultivé pour ne pas la connaître, mais il a fait une campagne électorale au nom de la justice sociale et il a annoncé la taxe à 75 % sur les revenus dépassant un million d’euros pour ragaillardir ses électeurs quand Nicolas Sarkozy a commencé à remonter (mais insuffisamment) dans les sondages.

Le coup du Conseil constitutionnel.

Faire des voeux à ces Français que l’on taxe avec un excès qui confine à la violence est quelque peu hypocrite. Ils auront moins été rassurés par le président que par le Conseil constitutionnel qui contraint le pouvoir à modifier ses mesures budgétaires en profondeur et lui fait perdre, au passage, un gros milliard de recettes qu’il faudra chercher ailleurs. On trouvera toujours des commentateurs pour dire que le Conseil est de droite, mais il n’a fait que juger en droit. Un exemple : deux époux gagnant chacun 900 000 euros, soit 1,8 million par foyer, échappaient à la super-taxe de 75 %, pas un chef de famille seul à travailler mais gagnant un million cent mille euros. L’injustice peut même aller se nicher entre privilégiés. Résultat : la super-taxe est reportée à 2013 et n’affectera pas les revenus de 2012. Les super-riches auront un an de plus pour réfléchir avant de choisir l’exil.

Ce qui est confondant, c’est la schizophrénie gouvernementale. Arnaud Montebourg ayant poussé le discours anti-riches à un degré passionnel, M. Hollande et le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, se sont empressés de faire savoir au patronat qu’ils ne le haïssaient point. Ils ont assorti cette déclaration d’amour inattendue de décisions favorables aux entreprises (le crédit d’impôt dans le cadre du pacte de compétitivité) qui ont suivi une hausse de leurs impôts. On ne peut pas dire que cette douche écossaise conjugue les mesures contradictoires avec tellement de subtilité qu’elles produiraient une exquise harmonie fiscale. Pour ne pas sombrer dans la prostration, nous avons préféré croire que le pacte de compétitivité nous aiderait à sortir de la mélasse dans laquelle nous pataugeons. Le chef de l’État, lui, y croit dur comme fer. Il l’a dit dans ses voeux. Il ne discerne pas les incohérences programmatiques dont on l’accuse. Comme il est le président, peut-il vraiment avoir tort? Ou, pour dire les choses moins bêtement, pouvons-nous faire autrement que d’attendre et voir? Merci pour vos voeux, M. le président.

RICHARD LISCIA

PS- À tous ceux qui, peu ou prou, suivent cette chronique, j’adresse mes voeux de bonne année et de bonne santé, sans distinction de revenus. Je tiens à remercier ceux qui commentent ma chronique et expriment souvent des idées qui méritent d’être retenues. C’est pourquoi je vous encourage à répondre à mon blog. Pour l’année qui vient, j’essaierai d’être à la hauteur des exigences des lecteurs de qualité que vous êtes.

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