La France en guerre

Au Tchad, des avions en partance pour le Mali
(AFP)

Le gouvernement a entrepris simultanément deux interventions militaires, l’une en Somalie pour libérer un otage français, l’autre au Mali pour arrêter la marche des terroristes sur Bamako. L’assaut en Somalie a échoué : l’otage a été probablement assassiné et deux de nos soldats y ont perdu la vie. L’offensive en Mali est déjà un succès mais elle durera longtemps, compte tenu de la détermination des groupes intégristes et des armes dont ils disposent. Elle diminue objectivement les chances de ramener sains et saufs les sept otages français détenus au Mali.

SI LES SUJETS de division, comme le mariage pour tous, ne manquent pas dans la société française, les décisions militaires prises vendredi dernier par François Hollande recueillent un large consensus. Les opposants à l’intervention au Mali sont rares et leurs arguments sont spécieux. Jean-Luc Mélenchon affirme que le Conseil de sécurité de l’ONU n’a pas autorisé l’offensive française. C’est faux. Le président de la République est en liaison permanente avec les Nations unies et avec ses principaux alliés. Il est intervenu quand il a compris que les djihadistes menaçaient de s’emparer de la totalité du Mali. Mais bien sûr il n’est pas impossible que, dans les deux cas, en Somalie et au Mali, il ait voulu prendre l’ennemi par surprise (l’offensive anti-intégriste au Mali ne devait pas avoir lieu avant quelques mois). Il a tout de même répondu à une demande formelle du président malien, Diacounda Traoré.

Un consensus.

Les principaux leaders de la droite ont tous approuvé l’offensive française, de François Fillon à Jean-François Copé en passant par Alain Juppé. Il est indispensable que le pays soit uni quand il répond par la force à une menace. Les groupes armés islamistes qui ont conquis le nord du Mali ne constituent pas une troupe négligeable ; leurs exactions en territoire occupé sont effroyables et expliqueraient à elles seules qu’on veuille y rétablir le droit ; s’ils ne sont composés que de quelques milliers d’hommes, ceux-ci sont fort bien armés et équipés grâce au matériel qu’ils ont récupéré en Libye. Il fallait du courage à M. Hollande pour qu’il se lance dans une aventure militaire dont les aléas sont multiples : il est sans doute possible d’expulser les djihadistes du nord, mais ils se réfugieront dans les montagnes ou au-delà des frontières du Mali pour revenir plus tard. La reconquête du pays implique une présence militaire permanente dans le nord. Et on sait que l’armée malienne préfère les coups d’État à la guerre : elle était en pleine déroute quand les Français sont arrivés à la rescousse.

Continuité politique.

La politique sécuritaire de la France n’a pas varié d’un iota depuis que M. Hollande est chef de l’État: il prend des décisions aussi courageuses que celles de son prédécesseur et s’assure au préalable, par des multiples contacts, qu’il a l’aval international et le soutien de ses alliés. Américains et Britanniques aident la France dans son entreprise pendant qu’elle accélère la formation d’une coalition militaire avec le concours des États africains voisins, tous concernés par le danger intégriste.

La France se bat aussi dans son propre intérêt. Un Mali livré à des groupes fanatiques aurait représenté un danger direct pour notre pays, car il aurait servi de base à des agressions sur notre sol. Sans compter la menace qui aurait pesé sur les pays africains limitrophes, Niger, Sénégal, Mauritanie, Algérie. Le gouvernement algérien refuse d’entrer dans la coalition parce qu’il craint le retour d’une guerre civile qui a laissé un souvenir épouvantable aux Algériens. Son aide militaire serait pourtant décisive, dans la mesure où elle priverait les intégristes d’une refuge au Sahara ou chez les Touaregs.

Notre action au Mali est très particulière. Il ne s’agit ni de la Libye, ni de la Somalie. Les fanatiques armés qui occupent le nord du pays ne se laisseront pas vaincre sans avoir opposé d’abord une résistance qui risque de faire beaucoup de victimes civiles et militaires. M. Hollande, qui a accéléré le retrait de nos forces en Afghanistan, n’en a que plus de mérite : la durée du conflit et une recrudescence possible des attentats chez nous risquent de lasser l’opinion française, même si, dans un premier temps, la fermeté du chef de l’État rassemble le pays et lui vaut des éloges.

RICHARD LISCIA

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