Bataille de femmes pour le 8 mars

Royal : un lot de consolation ?
(Photo S. Toubon)

La journée du 8 mars, consacrée aux femmes, n’aura apporté aucune trêve au combat politique. Nathalie Kosciusko-Morizet a cru bon de dire au « Parisien » : « Ségolène Royal en est à attendre que son ex la nomme quelque part ». Ce qui lui a valu une volée de bois vert socialiste, notamment dans la bouche de Najat Vallaud-Belkacem, qui juge la remarque « idiote ».

L’EST-ELLE ? La nomination de Mme Royal à la vice-présidence de la Banque publique d’investissement (BPI) ne rend pas hommage à l’ancienne candidate à la présidence de la République, qui a réuni 47% des voix autour de son nom. Il n’est pas excessif de dire, comme l’a fait NKM, qu’il s’agit d’un « lot de consolation » accordé à celle qui espérait la présidence de l’Assemblée nationale, mais n’a pas pu se faire élire députée à La Rochelle. Et il est vrai que, souvent, un dirigeant politique se sert des femmes pour des objectifs qui ne sont pas nécessairement les leurs.

Congé parental.

François Hollande a eu une idée très socialiste pour renforcer l’émancipation féminine : il va allonger le congé parental des pères pour qu’ils se consacrent davantage au bien-être de leur bébé. Bien entendu, le paiement de la note (par l’État, par les parents ou par les entreprises) n’a pas été évoqué. Pendant ce temps, les femmes continuent à réclamer un acte de justice élémentaire, le salaire égal pour un travail égal, qui est un mythe impérissable depuis soixante-dix ans. Plus facile à dire qu’à faire.

Là où la féminité, sinon le féminisme, triomphe, c’est à Paris. Le successeur de Bertrand Delanoë sera forcément une femme puisque sont candidates à la mairie de Paris NKM pour l’UMP (mais aussi Rachida Dati), Anne Hidalgo pour le PS et Rama Yade pour l’UDI, le parti centriste de Jean-Louis Borloo. La préparation fébrile des élections municipales dans la capitale donne lieu à des déclarations plus méchantes les unes que les autres et crée une tension politique prématurée : nous sommes à un an des municipales et la guerre des partis, représentés en l’occurrence par des femmes, a déjà commencé. Preuve, s’il en fallait une, qu’il ne faut pas trop se faire d’illusions sur un adoucissement des moeurs politiques grâce au discours et à l’action des femmes.

Pécresse s’en prend à Valls.

Une autre femme, Valérie Pécresse, tire à boulets rouges, ce matin dans « le Figaro », sur Manuels Valls, ci-devant ministre de l’Intérieur qui, par ses propos martiaux sur l’insécurité, s’était attiré les bonnes grâces de tous, y compris de la droite. L’ancienne ministre UMP, soucieuse sans doute de réduire la popularité de M. Valls, lui reproche d’avoir « trahi » en procédant à une refonte des statistiques relatives à la délinquance et au crime qui, selon elle, masquent la croissance du nombre de faits délictueux.  Elle n’a peut-être pas tort, mais elle n’y va pas avec le dos de la cuillère, M. Valls n’ayant pas, à proprement parler, le profil de Brutus.

Le jour (encore lointain) où la société française parviendra à l’égalité des sexes et à la parité de leur représentation dans tous les pouvoirs, on s’apercevra que cette révolution ne change rien. Et c’est en quoi elle sera magnifique. Une femme n’a pas besoin, pour réussir, d’être plus belle, plus talentueuse, plus diplômée, plus énergique, plus efficace qu’un homme. L’émancipation des femmes est entièrement contenue dans la notion d’égalité des chances. Un objectif hissé au pinacle de tous les gouvernements, qu’ils soient de droite ou de gauche, mais qui, à ce jour, n’empêche pas le plus animal des sexismes de se manifester encore au parlement, au gouvernement, dans les entreprises et dans les comportements sociaux, notamment routiers. Celles des femmes qui sont parvenues à arracher un brin de pouvoir nous prouvent tous les jours qu’elles ne sont pas plus tendres que les hommes. Et elles le font savoir aux hommes, comme aux autres femmes.

RICHARD LISCIA    

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