Sarkozy veut sa revanche

Une déclaration prématurée
(Photo AFP)

Dans un entretien avec l’hebdomadaire « Valeurs Actuelles », Nicolas Sarkozy, dressant un tableau particulièrement sombre de l’état de la France, estime que, s’il n’a pas envie de revenir en politique, il est tenté de céder à son « devoir ». Il se présente ainsi comme un recours inéluctable, ce que confirme la préférence de l’électorat de droite pour M. Sarkozy dans les sondages d’opinion. Cependant, amorcée quatre ans avant la prochaine élection présidentielle, la manoeuvre risque d’être déjouée, le temps se chargeant d’user le nouveau candidat, surtout s’il ne fait pas le bilan de son mandat 2007-2012.

ON N’A PAS le sentiment que les déclarations de M. Sarkozy enthousiasment les leaders actuels de l’UMP. François Fillon rappelle que, le moment venu, les candidats de la droite seront tous sur la même ligne ; Jean-François Copé est muet, les quadragénaires de droite s’inquiètent, en silence, du verrouillage éventuel par M. Sarkozy de l’élection de 2017 : s’il se présente, que l’opinion le soutient, que la crise est à son paroxysme, ils devront attendre cinq ans de plus.

L’argument de Fillon.

M. Fillon et, avec lui, d’autres candidats potentiels comme Xavier Bertrand, a pour lui un excellent argument, celui qui concerne la nécessité d’analyser les raisons précises de la défaite de 2012 et de celles qui l’ont précédée. Nicolas Sarkozy niera jusqu’au bout le « droit d’inventaire » car l’inventaire ne lui serait pas favorable. Non qu’il soit resté inerte face au déclin économique et social du pays, mais parce qu’il a commis de sérieuses erreurs de communication et de stratégie électorale. Si la gauche n’est peut-être pas la meilleure gestionnaire dont la France puisse rêver, une défiance pèse sur  l’ancien président : il n’était pas nécessairement le meilleur candidat possible en 2012 et pourrait ne pas l’être en 2017 s’il n’assortit pas son leadership naturel et son autorité d’idées nouvelles et d’un renoncement définitif à ce flirt avec le Front national qui a écarté de lui les centristes et nombre de gaullistes démocrates.

Les attaques qu’il a lancées dans « Valeurs Actuelles » contre le travail de François Hollande sont motivées (sauf sa critique de l’intervention au Mali) : le président actuel n’a fait, jusqu’à présent, que défaire les réformes de M. Sarkozy, à la fois les très bonnes et les moins bonnes. M. Hollande a défait aussi le tissu de promesses électorales intenables. Il a plus augmenté les impôts qu’il n’a réduit les dépenses de l’État. Il a participé à la stagnation économique, sans avoir échappé, cette année, à une révision déchirante qui l’oblige, sur la TVA, sur les retraites,  su la compétitivité des entreprises, à poursuivre et amplifier même l’action entreprise, à partir de 2010, par Nicolas Sarkozy. Enfin, le mot du président lancé à des enfants au salon de l’Agriculture (« Vous ne le reverrez plus! » ), en parlant de Nicolas Sarkozy, a certainement piqué l’ex-président qui, conformément à son caractère, fera tout pour prouver le contraire à son adversaire.

Le pays d’abord.

Cependant, sur les remèdes qu’il faut apporter aux maux du pays, on finira par observer un consensus. On allongera les carrières des actifs pour résorber le déficit des régimes de retraite, on procèdera à une diminution des remboursements au titre de l’assurance-maladie, et le pacte de compétitivité, en dépit des efforts de tous les Mélenchon et autres Thibault, ne prendra son essor que si la flexibilité de l’emploi est généralisée. De deux choses l’une : ou bien M. Hollande cale devant l’obstacle et il ouvre une voie royale à la droite (ou, pis, aux extrêmes) ; ou bien il  se résout à utiliser les méthodes que tout le monde connaît mais que son gouvernement n’a pas eu le courage, à ce jour, d’appliquer. Et l’état de la France devrait alors s’améliorer. Les Français, quelles que soient leurs convictions, n’ont pas besoin de souffrir pendant encore quatre ans pour qu’enfin Zorro arrive. Une victoire du pays contre la crise est infiniment préférable à la victoire d’un parti, d’une idéologie ou d’un homme.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Sarkozy veut sa revanche

  1. Chambouleyron dit :

    Erreur de communication et de stratégie électorale ? Le droit d’inventaire est signifiant sur les décisions d’un chef d’État ayant un impact sur notre vie quotidienne et non sur une bataille électorale où tous les coups furent permis, toutes les promesses exhibées et les vrais problèmes énuclées. Certes le gagnant a tellement dit, tellement promis que les médias trouvent en tout petit au verso des mots qui vont dans le sens de l’histoire actuelle à son crédit. Bonsoir.

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