Chômage : l’impuissance

Stagnation égale chômage
(Photo AFP)

Je ne vois pourquoi nous devrions être étonnés, surpris ou consternés de la progression implacable du chômage en France. Elle découle inévitablement de l’absence de croissance. L’année 2012, cela a été confirmé ce matin, a été caractérisée par une croissance nulle. Or il faut que le produit intérieur brut avance d’au moins 1,5 % pour que nous commencions à créer des emplois, plus exactement que le solde des destructions et des créations soit positif.

LE GOUVERNEMENT actuel, comme le précédent, est confronté à un dilemme : il doit à la fois stabiliser le budget, donc réduire les dépenses et augmenter les impôts, et en même temps apporter des stimulants à l’activité économique. C’est une tâche contradictoire. Elle ne peut être accomplie (et encore, médiocrement) que si l’intervention des pouvoirs publics est ciblée, parfois au moyen de micro-mesures. Depuis que la gauche dirige le pays, on a d’abord augmenté les impôts, d’une manière large et douloureuse pour l’épargnant et le consommateur. On s’apprête maintenant à dégager des marges pour l’investissement en diminuant la dépense de l’État. Nous en sommes à ce point de l’action du gouvernement : une fiscalité à peine supportable qui a diminué le pouvoir d’achat mais pas encore de résultats au niveau des dépenses.

Des impôts contre-productifs.

En outre, l’objectif d’un déficit budgétaire de 3 % du PIB a été assoupli. Ce sera 3,7 %, si tout va bien. François Hollande dispose de sa propre méthode pour créer des emplois : contrats d’avenir et contrats de génération. Il s’agit d’offrir des postes de travail dont l’industrie n’a pas vraiment besoin et qui seront, en conséquence, financés partiellement par l’État. Même si l’objectif de M. Hollande est atteint, il n’aura qu’un effet marginal sur le taux de chômage. En revanche, on a augmenté les impôts au-delà du raisonnable. L’une des erreurs, dictée par des motivations purement politiques, aura été de taxer les heures supplémentaires que Nicolas Sarkozy avait exonérées. Résultat : perte de pouvoir d’achat pour tous les salariés concernés. Autre exemple : l’application de l’impôt aux bénéficiaires du service à domicile, système qui crée 120 000 emplois par an.

En d’autres termes, il n’est pas impossible que le gouvernement ait contribué par son programme à une partie de l’augmentation du chômage. Il est donc temps pour lui d’évaluer les conséquences de son action politique. Un premier geste consisterait, à défaut d’une réforme fiscale ambitieuse qu’il n’a pas osé entreprendre, à prendre l’engagement formel de ne plus augmenter les impôts, de façon à lever l’incertitude des ménages, qui ne savent pas de quoi demain sera fait. S’ils sont un peu rassurés, ils reprendront leur consommation, seul facteur de croissance existant dans une économie déprimée qui exporte insuffisamment.

Réduire le filet social.

La deuxième action utile serait de diminuer la dépense de l’État sans porter atteinte aux industries qu’elle fait vivre. Le gouvernement hésite entre deux plans de réduction des dépenses militaires, dont l’un mettrait 50 000 salariés sur le carreau et affaiblirait notre statut de puissance. La vérité oblige à dire que ce n’est pas la bonne approche et que les  économies utiles ne peuvent être réalisées que sur l’assurance maladie, les retraites, l’indemnisation du chômage. On ne peut pas financer le filet social de la même manière en période de prospérité et en période de stagnation ou de récession. Nous devons abaisser le niveau des prestations sociales et, hélas, rendre délibérément l’environnement plus dangereux pour les précaires. Je ne crois pas que M. Hollande accepterait de prendre un tel risque, alors qu’il lutte pour se rendre moins impopulaire.

Il devrait, pourtant, tirer la leçon de sa première année de mandat. Si rien n’a marché jusqu’à présent, ce ne peut être uniquement à cause de la conjoncture. La gestion du pays par le pouvoir y est pour quelque chose. On a tout misé sur l’impôt et on a eu tort. On doit maintenant tout miser sur une diminution drastique de la dépense publique.

RICHARD LISCIA

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