La France se met aux drones


Le drone « Reaper »
(Photo AFP)

La France envisage d’acheter deux drones américains non armés pour soutenir ses actions militaires à l’étranger. Il s’agit de Reapers qui collecteraient des informations sur les déplacements des milices terroristes, par exemple en Afrique, et qui auraient cruellement manqué à l’armée française lors de son intervention militaire au Mali.

LE RETARD pris par la France dans le domaine des drones est dû à son choix d’utiliser tous ses moyens pour développer les avions supersoniques avec pilote, principalement le Rafale. En attendant de lancer sa propre industrie de drones, elle n’a pas d’autre choix aujourd’hui que de s’adresser à l’un des deux pays qui ont la maîtrise de cette technologie, Israël et les États-Unis. Le choix des drones américains était probablement moins risqué sur le plan politique. Il n’en entraîne pas moins une vaste polémique, alimentée depuis plusieurs années par des considérations éthiques sur un engagement militaire qui ne fait  jamais de victimes chez l’agresseur, alors que la précision remarquable des drones ne suffit pas à établir la distinction entre civils et combattants, ce qui a conduit l’armée américaine à tuer beaucoup d’innocents, au Pakistan notamment.

Batailles entre Américains.

La polémique n’est pas qu’internationale. Elle est très vive aux États-Unis où le drone, utilisé d’abord modérément par George W. Bush en Afghanistan, puis abondamment par Barack Obama dans le même pays, mais aussi au Pakistan, fait l’objet de batailles entre le pouvoir et l’opposition, entre partisans de cette technologie efficace et détracteurs d’un instrument mortel dont l’usage pose problème, y compris chez les pilotes. Assis devant leurs écrans en territoire américain, ils peuvent déclencher des bombardements meurtriers sans eux-mêmes courir le moindre risque. M. Obama n’a pas paru embarrassé par de tels scrupules. Les guerres sont devenues très impopulaires en Amérique et, si le gouvernement peut proposer de détruire l’ennemi sans offensive terrestre et sans pertes du côté américain, c’est un atout évident. D’autant que la technologie des drones ne cesse de se perfectionner et que les industriels offrent des drones pour toutes les tâches possibles, certes militaires, mais aussi civiles : bientôt, aucun pays industrialisé ne pourra s’en passer, qu’il s’agisse de la météo, de l’aide à la sécurité civile, de l’agriculture, des incendies de forêt. Les applications seront nombreuses et fort utiles, susceptibles d’économiser des milliards d’euros grâce à une meilleure prévention des catastrophes.

Soyons réalistes.

Idéalement, toute société qui se respecte devrait se priver de l’usage militaire des drones. Mais la même société devrait se passer de l’arme atomique, et de livrer bataille à l’étranger. La réalité du monde en dispose autrement. Les Maliens, qui sont si reconnaissants à la France, nous en auraient voulu si nous les avions abandonnés à la charia et à la violence islamiste. Les djihadistes ne posent pas la moindre question sur la nature de leur « idéal ». Le refus de toute limite, de tout droit de la guerre, de tout scrupule par des terroristes qui s’en prennent systématiquement aux civils et maintenant aux enfants, nous obligent à mettre au point de nouvelles tactiques adaptées aux conflits asymétriques. M. Obama a compris que la multiplication des attaques lancées par les drones augmentait le nombre de victimes civiles et il a consenti à limiter leur nombre. S’il faut recourir à ces appareils, il faut aussi encadrer leur usage. Mais nous ne l’emporterons jamais contre les mouvements terroristes si nous continuons à les combattre avec des méthodes qu’ils ont réussi à rendre désuètes.. Le drone apparaît comme un engin très efficace contre un ennemi qui pratique le harcèlement, puis disparaît dans la nature. Il vaut mieux qu’il sache qu’il n’est jamais à l’abri. Cela n’a rien à voir avec la morale et tout à voir avec notre propre défense.

RICHARD LISCIA

 

 

 

 

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