FN : une menace bien réelle


Jean-Louis Costes
(Photo AFP)

L’UMP présente les résultats de l’élection partielle de Villeneuve-sur-Lot comme une victoire ; et il est vrai qu’elle a remporté le scrutin. Le Front national, qui a été battu, estime que son jeune candidat de 23 ans, Étienne Bousquet-Cassagne, a fait, avec 46,24% des suffrages, un score merveilleux qui assure au parti des lendemains qui chantent, aux municipales et aux européennes de 2014.

APPAREMMENT irrésistible, l’ascension du Front n’est plus seulement le problème de la droite classique (on n’ose plus dire la droite parlementaire), c’est aussi celui de toute la gauche. M. Bousquet-Cassagne a certes reçu des voix qui vont habituellement à l’UMP, mais il ne serait pas parvenu à un taux de plus de 46 % s’il n’avait ratissé des suffrages dans le camp socialiste. Le PS et le gouvernement en sont conscients, même s’ils se refusent à le reconnaître et s’ils continuent à accuser l’UMP de tous leurs maux, parce qu’elle ne jouerait pas le jeu du front républicain.

Le front républicain n’a plus de sens.

Les socialistes n’avaient pas d’autre choix, après le premier tour à Villeneuve-dur-Lot, que d’appeler leurs électeurs à voter pour le candidat de l’UMP au second tour. Mais la notion de front républicain perd toute signification quand une fraction non négligeable d’électeurs traditionnellement attachés à la gauche n’hésitent plus à voter pour le Front national. Certes, l’UMP n’innove pas beaucoup en se référant au « ni-ni », ni pacte avec le FN, ni alliance avec la gauche. Dimanche, Alain Juppé a été plus explicite et plutôt convaincant quand il a déclaré que le front républicain n’aurait de sens que si l’UMP et le PS (avec toutes ses variétés idéologiques) avaient un socle commun de gouvernement. Or ce n’est pas du tout le cas.

À droite, l’embarras causé par le FN est aussi grand. Certes, François  Hollande est privé d’une stratégie, celle qui, jadis, consistait à renforcer le FN de diverses manières pour affaiblir la droite. Se cantonnerait-il à cette méthode qu’il contribuerait à la perte de ces nombreux électeurs de gauche qui n’ont plus le moindre scrupule à voter FN. Ce que le marinisme a réussi, c’est son accession au club des partis politiques fréquentables. Et c’est terrible, car ce que le FN aurait gagné en humanisme n’est qu’une hypocrisie destinée à cacher des intentions répressives ; le programme économique et social de Marine Le Pen ne ferait qu’accroître la crise, isoler la France et nous plonger tous dans l’appauvrissement. Le meilleur remède à la tentation lepéniste serait de laisser le FN gouverner pendant trois mois. Il serait disqualifié et rejeté, sans doute définitivement, bien avant le 90ème jour. S’il est populaire, c’est parce que, justement, il n’a jamais gouverné.

Le pétainisme de 2013.

La tâche de l’UMP n’est donc pas de se rapprocher du PS, mais de redevenir en peu de temps, avant les municipales en tout cas, un parti assaini, qui aura fait sa mutation post-défaite, et qui dispose d’une programme précis et articulé. La fameuse guerre des chefs empêche cette évolution. Laquelle est pourtant indispensable. L’UMP ne peut pas attendre que Nicolas Sarkozy en ait fini avec ses déboires judiciaires ; elle doit, dès maintenant, avoir le courage d’établir les raisons des nombreuses défaites électorales qui ont précédé celle de 2012 ; elle doit présenter un plan courageux et innovant de lutte contre la crise, la dette et le chômage. Toutes initiatives qu’elle a sacrifiées aux querelles entre ses ténors. Sans la régénération de l’UMP, le triomphe du FN, un jour ou l’autre, sera inévitable et sera une catastrophe pour le pays. Un retour au franc nous ferait perdre au moins 30 % de la richesse nationale et du patrimoine des particuliers ; un recours au protectionnisme aurait pour effet immédiat d’augmenter le chômage ; la répression aveugle de l’immigration nous désignerait comme le paria de l’Europe ; l’inspiration même du FN suffit à nous renvoyer aux heures les plus sombres de notre histoire.

Car le FN n’a rien inventé. C’est le pétainisme de 1940 transposé à 2013. Ce qui est à craindre, c’est que la gauche n’offre pas, contre l’extrême droite, un barrage suffisant. L’appel à l’éthique politique est dérisoire quand les gens revendiquent publiquement leur vote en faveur du Front national. Les résultats de la gestion du pays par le PS sont tellement médiocres qu’ils ajoutent à la défection de l’électorat de droite celle de l’électorat de gauche. Le seul moyen d’arrêter la machine FN, c’est de créer des emplois, d’en finir avec les hausses d’impôt et de réduire la dépense publique.

RICHARD LISCIA

 

 

 

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3 réponses à FN : une menace bien réelle

  1. CLUZEAU j.c dit :

    Il faut cesser de brandir l’épouvantail FN, les partis qui nous gouvernent depuis des décennies ne savent qu’augmenter impôts et dépenses publiques au non de la solidarité, gage de paix sociale achetée toujours plus cher. Nous savons tous qu’ils ne nous feraient pas quitter l’euro, mais que, en revanche, ils n’accepteraient plus certains diktats hyper-libéraux qui tuent nos industries et notre agriculture. Et pourquoi pas la préférence nationale, qui existent dans de nombreux pays non totalitaires ? Pourquoi pas la piste explorée par les Suisses d’une allocation unique (allocations familiales, chômage, aides au logement, retraite de base….)? Ce qui pourrai donner une pleine liberté à ceux qui désirent travailler, ou ne rien faire.

    • Hostachy dit :

      Hyper-libéraux? c’est quoi l’hyper-liberté? C’est principalement l’Etat obèse qui écrase nos entreprises. Les plus riches paient les 57 % de la charge étatique en espèces sonnantes, les moins aisés en chômage….

  2. admin dit :

    Aucune trace, dans mon article, du mot hyper-libéral, que je n’ai jamais utilisé.

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