En toute simplicité


Un pot-pourri de mesures
(Photo AFP)

Le gouvernement a décidé hier, dans la cadre de son « choc de simplification » toute une série des mesures qui simplifieront la vie administrative des usagers mais recèlent quelques économies, lesquelles sont autant d’augmentations d’impôt. Jean-Marc Ayrault évite toutefois de s’attaquer au « mille-feuille » administratif et ne supprime ni sous-préfectures ni directions départementales.

PROMESSE TENUE : le 16 mai dernier, François Hollande prenait l’engagement d’un choc de simplification. Il vient de le mettre en oeuvre. Conformément à une technique bien rodée qui consiste à annoncer plus pour faire moins, il épargne les élus : ils craignaient des suppressions et des fusions de pôles administratifs. Cependant, la durée de la carte d’identité est prolongée de cinq ans, les cartes grises seront délivrées par l’intermédiaire d’Internet, les tickets restaurant seront dématérialisés, mesures diverses qui devraient diminuer de trois milliards le niveau des déficits en 2014 et simplifieront la vie des administrés. Dans la foulée, le prix du gazole non agricole et non routier sera augmenté, les avantages accordés aux sociétés d’investissement immobilier cotées seront réduits, les ressources du Centre du cinéma vont baisser, ce qui rapportera 1,1 milliard.

Un milliard ici, un milliard là.

En outre, la politique familiale et l’apprentissage seront réformés, ce qui veut dire que l’État dépensera 1,5 milliard de moins. D’autres mesures, comme l’allègement des procédures pour le crédit impôt recherche, sont annoncées et des facilités administratives seront accordées aux entreprises. Il s’agit, en réalité, d’un vaste pot-pourri de décisions qui comprennent des simplifications administratives, des réductions de dépenses (par exemple, la fermeture de 68 commissions consultatives parfaitement inutiles) et des hausses d’impôts. Nous entrons dans la phase la plus dure de l’austérité. Elle ne fait que commencer. La TVA va augmenter en 2014, le quotient familial va baisser, l’assurance vie, qui paie déjà les prélèvements sociaux, ne sera plus exonérée d’impôts après huit ans et plus, les retraités vont payer un lourd tribut, avec la suppression de l’abattement de 10 % sur leurs revenus et une hausse de la CSG.

Bien entendu, on regrette que le gouvernement n’ait pas choisi, pour la réforme des retraites, l’alignement des régimes spéciaux sur le régime général et la prolongation des carrières. Encouragé par une hausse de la consommation de 0,4 % en juin, le Premier ministre pense que les retraités puiseront dans leur épargne, élevée dans le cas des pensions confortables, et maintiendront ainsi leur pouvoir d’achat. C’est seulement l’année prochaine que l’on pourra juger de l’impact sur la consommation des augmentations des taxes directes et indirectes.

Par ailleurs, le gouvernement a l’habitude de lancer des ballons d’essai, en annonçant des mesures drastiques avant d’en adopter une forme atténuée. Ses besoins restent néanmoins immenses. Le seul élément positif, dans ce déluge de nouveaux impôts à venir, c’est qu’il traduit la farouche détermination du pouvoir à réduire son déficit à 3 % du PIB à la fin de 2014. Il en va de la crédibilité de l’État français en tant qu’emprunteur. Les taux d’intérêt recommencent à se tendre pour diverses raisons et la France doit tout faire pour lever des emprunts à un taux modéré. Il est bon que le gouvernement ait mesuré le danger et qu’il se lance dans une politique de réduction massive des déficits. Il est moins bon qu’il ajoute de nouveaux impôts aux 46 milliards supplémentaires qui ont été levés en 2012 et 2013.

RICHARD LISCIA

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