Bonne année, M. Hollande !

François Hollande cet après-midi
(Photo AFP)

Dans sa conférence de presse, François Hollande a ouvert de nombreux chantiers, répondu aux journalistes pendant plus de deux heures, précisé sa pensée à plusieurs reprises, mais s’est obstinément refusé à commenter sa relation avec Valérie Trierweiler. C’est tout juste s’il a consenti à dire combien il est indigné par l’atteinte à la vie privée, qu’il se pose néanmoins des questions sur une plainte contre « Closer » alors que lui-même bénéficie d’une immunité totale et qu’il décidera bientôt si Mme Trierweiler l’accompagnera ou non à Washington où il doit se rendre dans quelques semaines.

ON EN TIRERA donc la conclusion que le ménage présidentiel va mal et qu’une rupture n’est pas impossible. Pour le reste, ceux qui ont assisté à la conférence de presse à l’Élysée ou à la télévision auront remarqué que sa durée,  plus de deux heures et demie, constitue un record et que, dans le domaine de la communication présidentielle, voilà encore un excès auquel il est temps de mettre un terme. La grande affaire d’aujourd’hui, c’était, et tout le monde s’y attendait, le lancement du fameux pacte de responsabilité, axé sur trois éléments forts : une diminution des charges des entreprises par une réduction de 35 milliards de cotisations familiales qui s’ajouteront aux allègements prévus par le CICE (le tout étant inscrit dans la loi de Finance pour 2015) ; une simplification du travail des entreprises par une réduction des normes légales et par une facilitation des prises de décision, avec la création d’un conseil de simplification ; en contrepartie, les entreprises devront participer davantage à la formation, garder leurs employés seniors, favoriser l’embauche. Là aussi, il y aura un conseil d’observation et tout sera négocié, après la mise en place du pacte dès ce mois-ci. En avril sera lancé un deuxième train de mesures de simplification.

Un conseil stratégique de la dépense.

La réduction de la dépense publique, censée financer cette série d’innovations, sera placée sous la tutelle d’un conseil stratégique de la dépense. Les lettres de cadrage partiront en avril et elles concerneront les économies à faire d’ici à la fin du mandat présidentiel. Le président a parlé d’une économie de 50 milliards sur la deuxième partie de son mandat. Il a souligné les nombreux atouts de la France et demandé aux Français « d’entrer dans le cercle vertueux de la confiance ». « Ce qui nous distingue (des autres pays européens), a-t-il dit, c’est le peu de confiance en nous-mêmes ». Ce qu’il veut, c’est savoir « ce que nous serons dans dix ans ».

Il a pratiquement récusé tout ce qui peut figurer à son passif : il n’explique son impopularité que par les effets de la crise, qu’il n’a jamais sous-estimés, même pendant sa campagne électorale. Il n’a pas besoin de répéter tous les jours qu’il est social-démocrate et s’étonne de ce qu’on ne le sache pas. Il n’est pas en train de virer de bord : « Ce n’est pas un tournant. Pour tourner, il faut ralentir. Moi, j’accélère ». Il n’a jamais changé d’avis sur la finance, qu’il présentait naguère comme son ennemie. Ce n’est pas de la finance qu’il s’est rapproché, c’est des entreprises sans lesquelles il n’y aurait pas de créations d’emplois.« Il n’y a pas d’autre voie que la réduction de la dépense », a-t-il martelé, confirmant par là qu’il renonçait à augmenter les impôts (sauf si la croissance est insuffisante, a-t-il laissé entendre par ailleurs).

Un défi à la gauche de la gauche.

M. Hollande aura paru sûr de lui. Il ne se croit pas si affaibli politiquement qu’il ne puisse mettre en oeuvre la politique qu’il vient d’annoncer. Car il engagera la responsabilité du gouvernement devant l’assemblée nationale, ce qui, effectivement, mettra les députés de gauche au défi de censurer le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Il affirme qu’il  a énormément travaillé pendant les dix-huit premiers mois de son mandat et, pour appuyer ses dires, il s’est référé aux réformes qu’il a engagées mais qui sont discutables, comme celle des retraites. Il continue de prétendre qu’il a « stabilisé » le chômage, rappelle qu’il a réduit le déficit budgétaire (sinon la dette, qui augmente), présente la création de 13 grandes métropoles comme une réforme majeure, alors qu’elles s’ajoutent au mille feuille administratif et, sur ce point, il promet une simplification dans le découpage du territoire. On peut se demander si 50 milliards de réduction de la dépense, pour autant qu’ils soient trouvés, suffiront à redresser nos comptes et s’il n’en faut pas deux fois plus. On est content pour lui, il était en forme. On lui souhaite une bonne année. On lui souhaite même de réussir, sans quoi…

RICHARD LISCIA

 

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3 réponses à Bonne année, M. Hollande !

  1. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Comme d’habitude M. Hollande a menti, sauf que nous ne sommes plus en campagne électorale et qu’il est aux commandes de l’Etat.
    Il nous a donné tout un catalogue de remèdes à des maux souvent bien diagnostiqués, mais nous l’avons vu à l’oeuvre, il n’applique pas.
    Un seul exemple : il a dit avoir diminué en 2013 les dépenses de l’État de 15 milliards : c’est parfaitement faux, puisqu’il s’agit dune diminution de l’augmentation des dépense de l’État, qui n’auront augmenté « que » de 20 milliards au lieu de 35 milliards!
    La pseudo-réforme des retraites n’est qu’un semblant de réformette qui n’a en rien résolu les problèmes, qui vont se poser à nouveau à brève échéance, d’autant plus que le gouvernement échafaude ses projets sur des prévisions de croissance économique totalement irréalistes.
    Le problème des Français n’est pas un manque de confiance intrinsèque, il est que la plupart des élus sont indignes de confiance et totalement déconsidérés dans l’opinion. Et, de ce point de vue, les socialistes au pouvoir battent des records, à commencer par le N° 1 : le président Hollande.
    Il n’ a même pas le courage ou la franchise de dire qu’il n’est plus socialiste.
    Dans sa vie privée, il fait montre d’une immaturité inquiétante, digne d’un adolescent attardé.
    L’ensemble des Français n’attacheraient pas grande importance à ces frasques du « président exemplaire dans ses comportements » (sic), si ce président faisait montre le la même « fermeté » dans sa façon de gouverner. Nous en sommes très loin, avec ce spécialiste inégalable du compromis et du « ménager la chèvre et le chou » (on ne peut pas être champion du monde partout, nous avons là avec Hollande un vrai vainqueur).
    Ce serait risible si ce n’était pas si triste, et aux frais des Français qui travaillent.

  2. Herodote dit :

    Ce fut un long exposé d’intentions. Comme toujours, dans le parcours sinueux de la parole aux actes, on verra bien.
    En attendant de mettre les paroles en musique, s’il est une promesse tenue par le président c’est bien celle de sa normalité.
    Cependant, la liberté présidentielle est limitée par la fonction d’Etat, les risques auxquels expose la clandestinité, la baisse de considération liée au mensonge permanent etc.. Sans parler du choc émotionnel subi ici par les âmes délaissées.
    Bref, pour beaucoup,le président ignore superbement se devoirs. Au vif plaisir des réseaux sociaux. Il n’y a rien d’autre à retenir de cette journée..

  3. Chambouleyron dit :

    Le scandale Dieudonné M’Bala M’BALA : d’accord de À à Z avec Liscia. Ce raciste, anti-sémite, négationniste qui se cache derrière l’humoriste doit subir les foudres de la loi. il ne faut pas le lâcher. Malgré la profusion des soi-disant amuseurs il paraît que la morosité envahit la France ! La moquerie est souvent indigence d’esprit disait Jean de La Bruyère. Ce n’est pas pour nous rassurer sur l’avenir.

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