Sarkozy brûle d’impatience

Sarkozy hier à Châtelaillon
(Photo AFP)

Nicolas Sarkozy s’est rendu hier en Charente-Maritime, à Châtelaillon, où il a décoré un ami de la Légion d’Honneur. Il a fait une série de remarques ironiques sur divers sujets concernant le pouvoir en place. Il ne semble pas croire du tout à l’efficacité du pacte de stabilité et a déclaré : « Vous savez, je n’ai pas franchement le goût des vacances ».

CE N’EST PAS une surprise : l’ancien président confirme qu’il sera présent dans la campagne présidentielle de 2017. Tout laisse penser d’ailleurs que François Hollande s’y prépare et qu’il croit son rival de 2012 capable de revenir en force sur la scène politique. M. Sarkozy n’en est pas moins confronté à une difficulté de taille. Pour lui, le temps est trop long, et il brûle d’impatience. Il dispose d’une arme immédiatement utilisable : une déclaration de candidature pourrait avoir pour effet d’éclaircir la situation à droite, rendue confuse par la multiplication des candidatures probables ou certaines. Ou bien il suffira à M. Sarkozy d’arriver pour vaincre, ou bien il lui faudra participer aux primaires décidées par l’UMP (devenue moins importante que « la France » à ses yeux depuis hier). Mais ce coup de théâtre, l’ancien président ne peut le réaliser qu’une fois et il ne doit pas s’y livrer avant deux ans.

Un chien dans un jeu de quilles.

Aussi les supputations relatives à sa candidature sont-elles prématurées. M. Hollande a le temps d’obtenir sur le front de l’économie des résultats suffisants pour briguer un second mandat, ce qu’il a l’intention de faire de toute façon, si l’on en croit la confiance en lui-même qu’il a affichée lors de sa conférence de presse du 14 janvier. Il a aussi le temps de s’enfoncer dans une situation inextricable si le pacte de stabilité échoue, si la croissance ne revient pas, si le chômage progresse. M. Sarkozy semble penser que cette hypothèse est la plus probable. Elle lui donnerait un avantage dans l’affrontement avec le candidat de la gauche. Mais la bataille de la présidentielle sera nécessairement précédée, pour lui, par une reprise en main de l’UMP et par la mise à l’écart des personnalités du parti qui auront tenté leur chance. La perspective est affreusement confuse : personne ne peut dire comment les pièces du puzzle très compliqué de la droite vont s’organiser autour de ce chien dans un jeu de quilles que sera M. Sarkozy ; comment le centre réagirait à son retour ; comment François Fillon, Jean-François Copé, Alain Juppé et d’autres résisteraient à l’ouragan ; comment M. Sarkozy réunifierait toute la droite sans broyer trop de coeurs et en réunissant toutes les forces disparates dont les agendas sont différents du sien.

Moins anguleux, moins immédiat. 

De sorte que Nicolas Sarkozy peut être aussi l’homme qui aura gâché les chances de l’opposition actuelle. Son ambition personnelle, après son échec de 2012, apparaîtra comme injustifiée aux yeux de ceux qui se considèrent comme relativement neufs. Si la droite reste divisée à cause de M. Sarkozy et parce qu’il serait candidat, elle court à sa perte. L’ex-président ne croit pas à ce scénario sinistre parce qu’il estime que sa popularité est plus grande aujourd’hui qu’elle ne l’était en 2007 et parce que la piètre performance de François Hollande inspire à une bonne fraction de l’électorat la nostalgie d’un passé récent. M. Sarkozy disait hier qu’il n’a pas changé, mais qu’il est devenu « moins anguleux, moins immédiat » et qu’il a « plus de recul ». C’est bien possible, après tout, mais ce n’est pas suffisant à la fois pour résoudre la crise de la droite et pour battre un président en exercice.

RICHARD LISCIA 

PS- Un contretemps m’oblige à m’absenter huit jours. Je vous retrouve le mardi 11 février, si vous êtes intéressés.

 

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4 réponses à Sarkozy brûle d’impatience

  1. Dr THOREL Jean dit :

    Nous sommes bien sur très intéressés par votre retour, et vos chroniques pleines d’intelligence et de sagesse.
    On sent un peu de déprime dans votre PS.
    S’il s’agissait malheureusement d’un problème médical, tous nos vœux vous accompagnent, souvenez-vous que les médecins sont des braves gens.
    Si c’est pour fêter le nouvel an chinois, vous êtes gonflé !
    A mardi, bonne reprise
    Dr Jean THOREL

    Réponse

    Ni problème médical, ni nouvel an chinois. Je suis rentré.

  2. lamarche- arène dit :

    vous allez nous manquer !

  3. Maugis dit :

    Bien sûr que nous sommes intéressés…
    Enfin moi, je le suis!

  4. PAPOUNET dit :

    Le fait que cet individu veuille revenir sur le trône de France est une aberration. Il faut se rappeler qu’il est le champion incontesté de la dépense inutile. Il a dépensé 700 milliards d’euros. Laissé une dette de 1800 milliards d’euros. Il faut plus de 43 milliards d’euros par an pour simplement payer les intérêts de cette dette. Je ne disserte pas sur les lois et réformes qui n’ont servi que les financiers mondialistes.
    Il serait préférable que cet incompétent notoire doublé d’un menteur chronique se contente de sa retraite de président et de tous privilèges en restant bien dans son espace vital.

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