Italie : encore une aventure

Matteo Renzi
(Photo AFP)

Brusquement lâché par la gauche, le président du Conseil italien, Enrico Letta, a décidé de démissionner. Son successeur devrait être Matteo Renzi, maire de Florence et âgé seulement de 39 ans. Ce changement était-il nécessaire et apportera-t-il à l’Italie la confiance dont elle a besoin pour son redressement économique et social ? Un simple changement de tête ne paraît pas suffisant.

MATTEO RENZI est ambitieux. Il l’est tellement qu’il n’a pas résisté à la tentation de s’emparer du pouvoir alors que, de toute manière, un gouvernement de coalition devra succéder au gouvernement de coalition. Cela veut dire que M. Renzi va gouverner avec les mêmes. La différence entre Renzi et Letta ne sera ni idéologique ni politique. Et, en somme, ce qui vient d’être fait à Letta peut être fait à son successeur. L’Italie aurait pu s’épargner un changement qui ouvre la voie à l’instabilité politique. Tout au plus peut-on dire que le style de M. Letta, prudent et consensuel, ne contribuait guère à l’accélération de réformes indispensables. Mais ce n’est pas parce que M. Renzi est plus pressé qu’il ira forcément plus vite.

Pas de programme connu.

Le jeune maire de Florence semble en effet plus avide de pouvoir que soucieux d’apporter aux Italiens un peu de soulagement social. Il n’a pas de programme, en tout cas, pas de programme public, détaillé et inscrit dans un document. Si les élus italiens, après la chute de Silvio Berlusconi, se sont entendus, sous la pression du président de la République, Giorgio Napolitano, pour former un gouvernement de coalition confié à la droite, c’est qu’ils n’avaient pas le choix. La présence au sein de l’Assemblée, des élus du parti de Beppe Grillo, qui refuse de gouverner, empêche toute majorité d’idées. Il fallait donc bien que la droite et gauche s’entendent. Le départ de M. Letta et l’arrivée probable de M. Renzi ne semblent pas bouleverser les citoyens ou les institutions. Ce qui confirme que, si un homme en remplace un autre, il n’existe pas d’alternative à une politique économique et sociale vouée à réduire les déficits et la dette et à relancer la machine industrielle, dans un pays qui a perdu 4 % de croissance depuis le début de la crise et qui compte 12 % de chômeurs.

M. Renzi est fort du soutien solide que lui apportent les militants du Parti démocrate qui ont été deux millions à le consacrer comme secrétaire du parti. Mais en provoquant une crise artificielle, il risque de donner des idées à ses adversaires : M. Letta lui reproche sa trahison, et les « grillini » pourraient s’ingénier à lui faire barrage. La politique d’austérité inaugurée par Mario Monti, qui y a perdu son aura de professeur, a toujours été vivement contestée par M. Berlusconi, encore capable d’apporter son grain de sel à la faveur du désordre politique. M. Renzi a sacrifié la trêve politique à son ambition, ce qui ne laisse pas prévoir des jours meilleurs pour l’Italie.

RICHARD LISCIA

 

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