La révolte de la gauche

Valls ira jusqu’au bout
(Photo AFP)

Rien, dans ce que Manuel Valls a annoncé hier, à l’issue du conseil des ministres, n’est vraiment nouveau : le gel des retraites et de l’indice salarial des fonctionnaires était déjà appliqué, il est prolongé ; les économies sur l’assurance-maladie étaient décidées et portées à la connaissance du public ; les 18 milliards de dépenses que l’État va économiser n’ont surpris personne.

LE TOLLÉ qui a accueilli ces mesures, pourtant indispensables et inévitables, au PS, dans l’opposition d’extrême gauche et chez les syndicats n’est donc pas tout à fait sincère. Ils s’y attendaient tous, mais ils prétendent qu’on les a pris de court, qu’on ne les respecte pas, qu’on ne leur demande pas leur avis. Cependant, le temps de la tergiversation est épuisé. Manuel Valls n’a pas caché sa détermination et il poursuit sur la lancée de son discours de politique générale. La différence avec la gestion de Jean-Marc Ayrault, c’est que le gouvernement n’hésite plus et que les économies annoncées seront effectivement mises en vigueur.

L’opinion comprend.

À droite, on déclare qu’il ne s’agit pas de réformes structurelles, mais d’un coup de rabot. C’est possible, mais il s’agit tout de même de la  première action concrète pour entamer les déficits. Il me semble que l’opinion craint peut-être pour son niveau de vie, mais qu’elle s’attendait à des mesures douloureuses pour les foyers. Les élus socialistes qui expriment leur indignation devraient admettre que les Français, dans leur ensemble, sont plus calmes qu’eux. Ces cinquante milliards à économiser sur trois ans, c’est quand même une partie infime des 3 600 milliards de dépenses publiques que nous nous apprêtons à faire en 2014, 2015 et 2016. N’importe quel économiste un peu prudent vous dira qu’il faut économiser davantage, surtout à cause des nouvelles dépenses auxquelles les gouvernements Ayrault et Valls se sont engagés. Nous ne pouvons plus nous permettre de louvoyer.

Ce qui ne veut pas dire que la partie sera facile. Le Premier ministre se heurte de plein fouet au soulèvement de la gauche, un peu comme si M. Valls était l’épouvantail inventé par M. Hollande pour qu’elle s’acharne sur le Premier ministre plutôt que sur le chef de l’État. Les mesures d’hier n’en menacent pas moins la cohésion de la majorité. Toutefois, à l’aversion de la gauche pour la réduction des dépenses publiques s’oppose un volontarisme gouvernemental sans failles. Certes, M. Valls n’échappe pas au paradoxe qui veut qu’il doit combattre sa propre majorité pour appliquer son programme. Au PS, on lui reproche principalement de n’avoir pas d’abord consulté son parti et les élus socialistes et d’avoir ainsi écarté tout amendement à ce qui représente, à leurs yeux, le choix de l’austérité. Mais aurait-il ouvert un dialogue préalable qu’il aurait différé des actes attendus par l’opinion. Dans la mesure où il est contraint à se référer constamment aux instructions du président de la République, il n’innove que dans la forme. Son style, c’est donc la vitesse, la fermeté devant les critiques, l’indifférence aux imprécations, l’autorité.

C’est maintenant ou jamais.

Toutes choses qui sont perçues, chez les socialistes désemparés, comme les signes d’un pouvoir fort mais insuffisamment démocratique. On peut discuter ad aeternam des règles à respecter. Mais on ne peut plus sacrifier à ces règles le redressement du pays. Tous ceux qui, depuis le début de la crise, proposent des solutions alternatives, n’ont jamais trouvé une majorité pour les appliquer, pas plus qu’ils n’ont apporté la certitude que ces solutions produiraient autre chose qu’un cataclysme financier et donc social. Tous ceux qui, par ailleurs, continuent à ferrailler contre le pouvoir au nom d’un équilibre nécessaire entre majorité et opposition, ne doivent pas oublier qu’il faut agir maintenant, qu’on ne peut pas attendre 2017 et que le sort du pays est infiniment plus important que le rapport gauche-droite, les états d’âme de la gauche, les divisions de la droite, les calculs du FN pour s’emparer du pouvoir ou les délires de l’extrême gauche.

RICHARD LISCIA

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