Taxis : un rapport incomplet

Rembourser la licence ?
(Photo S. Toubon)

Thomas Thévenoud, député PS de Saône-et-Loire, a rédigé un rapport sur la réforme des taxis dont « le Parisien » a révélé ce matin le contenu. Le document présente un travail très méticuleux et les grandes lignes d’un nouveau statut des chauffeurs de taxi qui devront se soumettre à une régulation moins indulgente. Cependant, il ne répond pas au différend qui oppose les taxis aux VTC (voitures de tourisme avec chauffeur), les seconds livrant aux premiers une concurrence à laquelle toute vraie réforme doit mettre un terme, si les grandes métropoles ne veulent pas se retrouver avec des grèves, des bouchons et du désordre.

PAIEMENT par carte bancaire, couleur unique pour tous les taxis, régulation plus sévère des VTC (avec la création d’un diplôme pour eux), pas de délai de 15 minutes pour la location des VTC (qu’exigeaient les taxis), interdiction de la maraude électronique, forfait pour le trajet ville-aéroport, mise en route du compteur dès l’appel téléphonique, contrôle technique et assurances obligatoires, gel de trois mois supplémentaires des immatriculations de VTC, en attendant la promulgation d’une loi, telles sont les principales dispositions préconisées par M. Thévenoud.

Une question d’argent.

Comme on pouvait s’y attendre, les réactions favorables sont rares dans les deux camps, celui des VTC et celui des taxis. Chez les chauffeurs de taxis, on estime que le rapport de l’élu socialiste ne règle pas le problème posé par la licence, parfois hors de prix, que tout chauffeur de taxi qui veut travailler à son compte doit acheter à l’État avant d’exercer. Dans la région parisienne, la moyenne du prix de la licence est de l’ordre de 240 000 euros. Les VTC ne sont pas assujettis à cette contrainte financière et bénéficient donc d’un énorme avantage par rapport à ceux qu’ils concurrencent. Non seulement ils s’installent sans frais préalables, mais ils dévalorisent du même coup la licence qui sert de viatique au chauffeur de taxi, au moment il prend sa retraite.

Des milliers d’emplois à créer.

Sans doute la profession a-t-elle besoin d’une réforme qui tout à la fois la normalise et protège les clients. Mais le conflit avec les VTC est né principalement du fait qu’ils ne paient pas la licence et le rapport Thévenoud aurait dû proposer une solution sur ce point précis : l’État n’a sans doute pas les moyens de rembourser leur licence à tous les chauffeurs et, s’il ne le peut pas, il devrait, en bonne logique, l’imposer aux VTC, lesquels perdraient tout intérêt pour le métier. Or le nombre de taxis en France est insuffisant. Pour chaque tranche de mille habitants, Paris a trois fois moins de taxis que New York et les taxis sont pratiquement introuvables aux heures de pointe. Les VTC ne sont apparus que parce qu’ils n’avaient pas besoin d’une licence. Si tous les transporteurs de particuliers avaient le même statut, les VTC deviendraient inutiles. Si la licence disparaissait, des dizaines de milliers d’emplois seraient créés en France.

Le gouvernement a cherché à contourner le problème en refusant de s’opposer à la concurrence injuste que les VTC font aux taxis. Il hérite d’une tradition idiote qui rend l’accès au métier de chauffeur de taxi aussi difficile que l’accès à une profession libérale. Si réforme il doit y avoir, elle passera nécessairement par la disparition de la licence, dont le montant sera remboursé au détenteur.

RICHARD LISCIA

 

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Une réponse à Taxis : un rapport incomplet

  1. Dr Jérôme Lefrançois dit :

    Comme d’habitude dans ce pays, le conservatisme et le corporatisme sont en train d’empêcher toute évolution, et vont donc contribuer à renforcer le problème.
    Encore une occasion pour M. Valls de montrer de l’autorité pour mettre en route les changements nécessaires, mais j’ai des doutes!

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