Le vote ou la manif’

Manif’ anti-FN à Paris
(Photo AFP)

Des manifestations de jeunes ont eu lieu jeudi un peu partout en France pour protester contre la progression du Front national. Elles n’ont pas eu la dimension des manifestations qui ont succédé au 21 avril 2002, c’est-à-dire au premier tour de l’élection présidentielle, lequel s’était traduit par l’élimination du candidat du PS, Lionel Jospin.

ON N’EN VOUDRA pas à ceux qui n’ont pas encore l’âge de voter de s’exprimer d’une autre manière et de manifester le ressentiment que leur inspire l’ascension d’un mouvement politique caractérisé par l’intolérance. On s’étonnera davantage que, comme en 2002,  d’aucuns n’aient pas participé au suffrage universel et que, sans doute tenaillés par le remords,  ils croient pouvoir changer les choses en descendant dans la rue. À lui seul, le taux d’abstention de 57% aux élections européennes de dimanche dernier explique le triomphe du Front.  Si l’abstention crée un déséquilibre presque mortel dans le rapports de forces, il est logique de donner sa voix à d’autres formations politiques  avec le souci d’empêcher le FN de devenir le « premier parti de France ».

Le vote est notre arme.

Nous disposons de tous les moyens démocratiques pour protéger le pays contre une dérive qui, si elle se poursuit, fera de la France un cas particulier ou un phénomène de foire. Bien sûr, l’électeur est exaspéré par la gauche, par la droite, par l’incompétence de ses dirigeants, par la gravité d’une crise que nul ne sait apaiser. Mais il a le pouvoir, et le devoir, d’éviter au pays une mésaventure. La colère qu’il éprouve pour les partis de gouvernement ne doit pas servir de passerelle au FN. Or tout se joue au moment du scrutin, pas après, et surtout pas sous la forme d’une manifestation qui sera vite oubliée.

La participation devient une nécessité vitale, justement parce que la popularité de François Hollande est si basse qu’elle altère la protection que lui accordent les institutions. Un sondage Opinion Way publié demain par « le Figaro Magazine » indique que 15 % seulement des socialistes interrogés souhaitent que François Hollande se présente en 2017 à l’élection présidentielle, contre 40 % qui se prononcent en faveur de Manuel Valls. Dans la population générale, le taux recueilli par M. Hollande est de 3 %.

Le foot à la rescousse.

Le président de la République, conscient qu’il n’a plus la moindre crédibilité en France et en Europe, s’efforce d’améliorer son image. Il a rendu visite jeudi à l’équipe de France qui va jouer la coupe du monde au Brésil. M. Valls a d’autres chats à fouetter. La Cour des comptes note en effet qu’il manque 12 milliards au budget de 2013, ce qui rend très problématique le plan de redressement des comptes en trois ans adopté par le gouvernement. Une conjoncture particulièrement mauvaise a privé l’État d’une partie de ses recettes. Il est peu probable qu’elles augmentent en 2014. L’objectif budgétaire prévu pour la fin du mandat présidentiel, et dont l’ambition a été réduite, risque de ne pas être atteint. Mais ce qui est intéressant, dans le sondage du « Figaro Magazine », c’est la popularité de M. Valls qui en fait avant l’heure un candidat à la présidence de la République. Chez les socialistes, il devance Martine Aubry de 24 points (elle recueille 16 % de soutiens). L’opinion publique trace donc un raccourci très inquiétant pour le chef de l’État : elle ne pense pas que la popularité du Premier ministre doive servir de levier à celle de M. Hollande, elle estime que M. Valls a déjà gagné ses galons de candidat et que M. Hollande, lui, les a perdus.

RICHARD LISCIA

 

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