Un deuxième Merah

Mehdi Nemmouche
(Photo AFP)

Il n’y a pas lieu de se réjouir excessivement de l’interpellation du tueur de Bruxelles. Il a été arrêté un peu par hasard, même si la police et les douanes ont redoublé de vigilance après l’attentat contre le musée juif de la capitale belge ; il n’est qu’un symptôme parmi d’autres qui risquent de se multiplier ; peut-être était-il seul dans son entreprise criminelle, mais des centaines de ses homologues attendent leur tour. Son cas prouve de façon irréfutable qu’une bataille continentale oppose les djihadistes à l’Europe.

PAR SON sang-froid, sa méthode déshumanisée, sa solitude, Mehdi Nemmouche rappelle Mohamed Merah, l’homme qui a abattu trois militaires français et quatre juifs, dont trois enfants, à Toulouse, et a péri ensuite dans une fusillade intense avec le GIGN. Le problème principal est celui des moyens dont dispose un État de droit contre le terrorisme : l’intention ne suffit pas à entraîner une arrestation, seul l’acte compte. La surveillance de centaines de djihadistes en France, de milliers peut-être en Europe, est pour le moment hors de portée. La loi ne permet pas aux services de sécurité d’empêcher des citoyens de se rendre en Syrie ou dans tout autre théâtre de conflit, pas plus qu’elle ne les autorise à les arrêter quand ils rentrent. Il est clair, dans le cas de Nemmouche, sujet français de 29 ans, qu’il a été converti au djihadisme en prison. On en tire deux conclusions opposées : la première est qu’il ne faut pas enfermer des jeunes délinquants qui ont commis un péché véniel ; la seconde est qu’il faut sévir contre les prêcheurs de haine.

Terrorisme et droit commun.

Tous ces efforts nécessitent de nouvelles dépenses, mais il est urgent d’établir un ordre des priorités qui accorde la première place à la sécurité. Il faut aller chercher les assassins là où ils se trouvent, là où ils se forment, avant même qu’ils ne deviennent dangereux. Ce n’est pas la peine d’accabler le gouvernement. Il n’est ni naïf, comme l’affirme Mme Le Pen, ni impuissant. Il est vrai que le projet de loi pénale conçu par Christiane Taubira ne va pas dans le sens d’une plus grande sévérité. Mais il faut savoir distinguer entre criminalité de droit commun et terrorisme et n’accorder au second aucune forme d’indulgence.

L’armée française est intervenue au Mali pour empêcher les djihadistes de s’emparer du pays. L’aviation française n’est pas intervenue en Syrie parce que les États-Unis ont renoncé à nous accompagner dans cette aventure. Pourtant, les faits entérinent la logique interventionniste : c’est de Syrie que vient Nemmouche, c’est en Syrie qu’il a combattu avec des intégristes, c’est là-bas qu’il a appris à se transformer en monstre froid, silencieux, dépourvu de tout scrupule. Si nous étions parvenus, par des bombardements aériens, à inverser la dynamique des combats en faveur des insurgés avant que le Hezbollah et l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) ne s’y installent et y prospèrent, d’une part nous aurions donné une chance aux insurgés non intégristes de vaincre Bachar Al-Assad et, d’autre part, nous ne serions pas exposés au danger djihadiste en France et en Europe.

D’autres attentats.

Il y aura fatalement d’autres attentats en France et ailleurs. Ce constat n’enlève rien à la qualité de nos services qui font un excellent travail de prévention mais sont débordés par le nombre de terroristes en puissance. Il faut distinguer les faits de la communication qui les entoure. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a annoncé ce matin quatre arrestations en région parisienne et dans le Sud. Il a indiqué qu’elles n’avaient aucun lien avec l’affaire Nemmouche. Il n’est pas impossible que, contre ces quatre suspects, la police ne dispose d’aucune preuve pour les garder à l’ombre. La lutte contre le terrorisme passe donc par des moyens techniques et en personnels accrus, par une législation adaptée qui doit être rapidement adoptée à la faveur d’un consensus national et par une vigilance extrême de la police mais aussi des citoyens.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Un deuxième Merah

  1. Delteil christian dit :

    Si on chatouillait un peu les pieds de Nemmnouche, qui sait s’il ne serait pas un peu plus bavard. La vie de Français est en jeu. Tous les moyens doivent être mis en oeuvre pour en assurer le respect. Contre des bêtes fauves doit-on rester les bras croisés et attendre leur bon vouloir ? Les beaux discours et les lois laxistes ne sont pas ce qui convient. Si un faisceau de preuves est suffisamment probant, même sans passge à l’acte, il faut prévenir, donc mettre à l’ombre les suspects potentiellement dangereux. Notre vie ne compte pas pour les terroristes, la leur ne doit pas compter pour nous. Un État de droit c’est bien, mais dans certaines circonstances et quand sa survie est en jeu, il faut savoir prendre de mesures eceptionnelles, même si elles doivent sortir du droit temporairement.

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