La guerre chronique

Bombardement à Rafa
(Photo AFP)

C’est avec lassitude que l’on observe le nouvel incendie qui ravage Israël et les territoires palestiniens, engagés dans une confrontation voulue par des extrémistes. Trois adolescents juifs enlevés et assassinés, un adolescent arabe enlevé et brûlé vif, la barbarie répond à la barbarie. Isolé politiquement et épuisé financièrement, le Hamas lance des centaines de roquettes, dont certaines atteignent Tel-Aviv. L’armée israélienne est prête à envahir Gaza.

LES PRÉCÉDENTES attaques contre Gaza n’ont pas valu à Israël les louanges du monde. On devine que le Premier ministre, Benjamin Netanyahou, hésite, qu’il préfèrerait un cessez-le-feu. Les bombardements aériens ont fait des victimes civiles. Personne ne conteste le droit d’Israël de se défendre, mais l’ONU le condamnera s’il envahit Gaza. Cette nouvelle crise résulte de l’incapacité des Israéliens et des Palestiniens à s’entendre. Neuf mois de négociations sous la houlette des États-Unis n’ont produit aucun résultat. Le gouvernement israélien porte sa part de responsabilité dans cet échec. Il se trompe s’il croit que le statu quo peut durer indéfiniment. Des voix s’élèvent en Israël pour affirmer que le danger principal ne vient pas de l’Iran mais de la perpétuelle confrontation avec les Palestiniens, de la poursuite de la colonisation, d’un statut palestinien anachronique et absurde qui risque de conduire à une forme d’apartheid.

Un environnement favorable à Israël.

Ce n’est pas que la position politique d’Israël soit faible : Syrie et Irak dévastés, Liban affaibli, Égypte retournée au régime militaire (la meilleure garantie de paix pour l’État hébreu), Frères musulmans chassés du pouvoir, Hamas complètement isolé, entente de facto sinon de jure avec l’Arabie saoudite, Israël constate que ses principaux adversaires n’ont pas été renforcés par le printemps arabe, au contraire. Mais son intransigeance à l’égard des Palestiniens ressoudera toujours les pays arabes contre lui. S’il peut se rassurer en observant l’état du monde arabo-musulman, la crise permanente qui l’oppose aux Palestiniens contient les germes d’un chaos à venir.

Une solution américaine ?

L’idée d’une pax americana émise ce matin dans « le Figaro » par Élie Barnavi, ancien ambassadeur d’Israël en France, apporte un élément dynamique à une situation figée et vouée à la violence. M. Barnavi, bien qu’il soit conscient de la prudence désormais légendaire du président Obama, souhaite que les États-Unis imposent leur solution aux deux parties. En effet, M. Netanyahou souffre principalement de la présence dans son gouvernement de partis religieux ou d’extrême droite avec lesquels il s’est associé pour rester au pouvoir et non parce qu’il partage toutes leurs idées. Sa fragile coalition l’empêche d’avoir une vision géopolitique à long terme. M. Barnavi souligne que, lorsque les Américains le veulent, ils sont capables d’exercer des pressions sur Israël. Ce fut le cas du président George Bush (le père) qui contraignit le gouvernement d’Yitzhak Shamir à participer à la conférence de Madrid au début des années 90.

En attendant une évolution diplomatique qui reste malheureusement très improbable, le pire est à peu près sûr. Car l’inconséquence du Hamas, qui lance des attaques de roquettes contre Israël alors même qu’il est à bout de souffle montre que le fanatisme se nourrit de l’irrationnel, lequel, à son tour, peut déclencher des violences à répétition. La seule arme des extrémistes de Gaza, c’est la technique du kamikaze : ils provoquent Israël, sachant que, pour les Israéliens, des roquettes lancées contre Tel-Aviv sont inacceptables et doivent entraîner une riposte dévastatrice. Une famille entière a péri ce matin à la suite d’un bombardement israélien. Les radios parlent de « bavure », mais le fait est qu’il est impossible, pour le plus précis des aviateurs, de ne tirer que sur des cibles militaires. Ce que le Hamas veut, c’est poser les Palestiniens en victimes, c’est la condamnation internationale d’Israël. Sa tactique, c’est la victimisation, ou le suicide.

RICHARD LISCIA

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