Valls 269

Valls hier à l’Assemblée
(Photo S. Toubon)

Au terme du vote accordant la confiance à Manuel Valls, le Premier ministre n’a obtenu qu’une majorité de 269 voix, soit 37 suffrages de moins qu’il y a cinq mois, lors d’un scrutin identique. Il a perdu la majorité absolue. Il risque donc d’affronter de nouveaux caps difficiles, par exemple quand il faudra voter le budget 2015 à l’automne. M. Valls a annoncé plusieurs mesures sociales, censées amadouer les « frondeurs » de son  parti qui, toutefois n’ont pas été convaincus par son discours.

S’ÉLEVER contre de nouvelles dépenses, c’est, en France, traiter avec cruauté les souffrances du petit peuple. On s’interrogera néanmoins sur le catalogue de modestes cadeaux accordés par M. Valls, par exemple aux retraités qui vont recevoir une « prime » (de 96 euros sur un an) ou aux contribuables qui ne paieront plus la première tranche de l’impôt sur le revenu. Le chef du gouvernement ne s’est pas contenté de prononcer, à l’Assemblée, un discours énergique. Il n’a pas quitté le champ de la communication, puisqu’il était mardi soir sur TF1 et mercredi matin sur France Inter et qu’il y a fait quelques effets d’annonces. Il s’est surtout montré soucieux des foyers les plus précaires, en annonçant des dépenses dont le financement, comme d’habitude, est mystérieux. Et il a tenu à rassurer la gauche de la gauche en jurant qu’on ne toucherait pas aux 35 heures. En d’autres termes, il a mis ses réformes sous le coude et il s’est employé uniquement à faire plaisir aux syndicats et à l’opposition de gauche.

Une « clarification ».

Qui ne l’ont pas cru. De sorte qu’on ne voit pas en quoi l’engagement de la responsabilité du gouvernement était vraiment nécessaire, même si M. Valls affirme qu’il a clarifié les choses entre lui et le PS, ce qui ne me semble pas sûr du tout, et qu’on se demande si le Premier ministre qui, en mai, donnait l’impression qu’il voulait aller vite, a décidé, de manière très hollandaise, de ralentir le rythme. Il est dans la situation d’un homme qui, prêt à sacrifier une partie de son programme pour avoir une majorité, finit par abandonner le premier sans avoir la seconde. En fait, l’explication, probablement nécessaire et violente, entre les partisans du réformisme et les néo-conservateurs de la gauche n’a pas eu lieu et, tant qu’elle n’aura pas lieu, la réforme n’avancera pas d’un pouce.

Changement de cap ?

Voilà où nous en sommes. François Hollande a-t-il influencé son Premier ministre, en a-t-il fait sa copie conforme, lui a-t-il demandé de renoncer à une partie de ses ambitions ? C’est bien possible, mais M. Valls voit surtout trop d’obstacles politiques à ses projets. Il est vilipendé par la droite comme par la gauche. Il est freiné par son impopularité croissante. Quelles que soient les raisons de son apparent changement de cap, plus de social et des réformes plus lentes, il ne peut pas ignorer qu’il a perdu la dynamique du début, celle qui crée le fait accompli avant que ne retentissent les cris de douleur. La question qui va se poser est donc celle de la crédibilité de son gouvernement, celui qu’il a remanié pour avoir les coudées franches, celui qui inclut Emmanuel Macron, ex-banquier décrié par la gauche de la gauche, qui, pourtant vient de demander à l’opinion de pas trop attendre de la réforme des professions réglementées (notaires, huissiers, chauffeurs de taxi, etc) dont Arnaud Montebourg disait il y a encore quelques semaines, avec une emphase excessive, qu’elle mettrait quelque six milliards dans la poche du contribuable. Si ce gouvernement est celui qui ne veut bousculer personne, adieu les réformes.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Valls 269

  1. A3ro dit :

    D’un autre côté, il faut bien les voter, les réformes. Avec un PS réfractaire et l’opposition toujours à l’affût pour tirer sur l’ambulance Hollande-Valls, le gouvernement n’a pas des tonnes de marges de manoeuvre.
    Certes, il y a le 49-3, et d’autres choses du même genre, mais bon, un Parlement qui approuve, ça rendrait quand même les choses nettement plus faciles.
    Ou alors, du panache, un coup de poker : voila mon programme de réforme, elles sont douloureuses, pas du tout de votre goût, messieurs les frondeurs ; mais si vous ne les votez pas, c’est la dissolution et le retour au chômage pour les députés PS. Et en plus, pour rien, car c’est la droite qui reviendra au pouvoir et qui fera lesdites réformes, sans prendre de gants.
    Là encore, ça m’étonnerait que Hollande fasse un truc pareil… mais ça aurait une certaine allure.

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