Air France : l’impasse

Juniac : pessimiste
(Photo AFP)

Il ne sortira rien de bon du « dialogue » entre les syndicats de pilotes et la direction d’Air France. Le P-DG, Alexandre de Juniac, tente de faire un bond commercial en envahissant le marché du « low cost » grâce à la création d’une nouvelle compagnie européenne. Les pilotes voient dans ce projet le début d’une délocalisation et d’une diminution drastique des coûts. Ils n’ont pas tout à fait tort, mais ils privent Air France d’un plan capable d’adapter la compagnie nationale à la nouvelle donne économique.

IL EST clairement impossible d’exploiter le marché du low cost avec les moyens et les salaires qui, naguère, étaient compensés par des prix élevés. Air France n’a cessé de perdre des parts de marché au profit d’Easy Jet ou de Ryan Air. Tout le monde reconnaît que le voyage aérien s’est démocratisé et que de plus en plus de voyageurs potentiels qui, autrefois, ne prenaient pas l’avion, réclament des tarifs en phase avec leurs propres revenus. Le transport aérien n’est plus, depuis longtemps, considéré comme un luxe. Tandis que les tarifs baissaient, le romantisme du vol commercial diminuait et disparaissait. Les compagnies à bas coût, qui font payer des prestations pourtant indispensables en sus du prix du siège, ont fait du voyage aérien un mauvais moment à passer.

Une évolution inéluctable.

Dans l’idéal, ou souhaiterait que les conditions du voyage soient améliorées. Mais un tel choix réduirait la clientèle potentielle à ceux qui sont prêts à payer pour un minimum de confort. Aucune société ne resterait viable si le périmètre de son marché se limitait aux nantis. Dans ces conditions, les pilotes se battent contre une évolution inéluctable. Dans les deux camps, le ton est si pessimiste que les uns accusent les autres de conduire Air France à la disparition. M. de Juniac, dans son projet, a pris le soin d’épargner le statut des pilotes de ligne. Ils ne sont pas obligés de travailler pour Transavia, la compagnie low cost qui existe déjà, et ils peuvent garder leur niveau de salaire. Le P-DG de la compagnie a très bien compris que les pilotes sont des sortes de dinosaures appelés à disparaître au fur et à mesure qu’ils prendront leur retraite. S’ils exigent que leurs successeurs disposent du même plan de carrière, ils ne sont pas, de toute évidence, en phase avec l’histoire.

Faire plier le destin ?

Leur résistance ne les grandit pas. Leur refus de reprendre le travail en échange d’un ajournement du projet jusqu’à la fin de l’année montre qu’ils ont assez d’arrogance pour croire qu’ils vont faire plier le destin. Leur intransigeance témoigne d’une attitude nationale généralisée : le déni de réalité, le rejet d’une mondialisation pourtant inévitable, une sorte de politique de l’autruche qui nous expose aux pires déconvenues parce que nous ne savons jamais prendre le train en marche. Leurs collègues, agents de réservation, hôtesses au sol, stewarts, sont allés troubler leur manifestation incongrue à Paris, les ont accusé de « couler la compagnie », de lutter contre les intérêts bien compris de la totalité du personnel et de précipiter une fin peu glorieuse que M. de Juniac s’efforce d’éviter. Ils  prétendent se soucier de l’avenir de leur entreprise, mais les réformes successives auxquelles elle a été soumise les a épargnés pendant que diminuaient l’emploi et le pouvoir d’achat de leurs collègues moins privilégiés. Les pilotes sont à la fois pathétiques, dangereux pour leurs collègues d’Air France, dotés d’un orgueil qui les prive de toute saine réflexion. Ils feraient mieux de s’assagir s’ils ne veulent pas tuer Air France.

RICHARD LISCIA

 

 

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2 réponses à Air France : l’impasse

  1. Delteil christian dit :

    Il y a sans doute de bonnes raisons à ce mouvement. Mais en ce moment je trouve que de telles actions sont indécentes de la part de personnes qui gagnent trés correctement leur vie alors que nous avons plusieurs millions de chomeurs. Certaines professions ne doivent pas dans les conditions actuelles utiliser de tels procédés même si elles rencontrent comme tout le monde des problèmes. Les médecins en font partie. C’est juste une question de moralité et de respect des autres.

  2. Delteil christian dit :

    J’ajouterai simplement à ce que j’ai écrit tout à l’heure que, le recours à la grève étant si bananilsé et si galvaudé dans notre pays, que le système des réquisitions employé à juste raison pour les professions médicales et paramédicales, devrait être étendu à routes les professions au service du public et qui permettent le bon fonctionnement du pays, qu’elles soient de statut public ou privé, par exemple les transports terrestres, aériens, en ville ou trans- villes, l’énergie(EDF, GDF…), la santé (c’est déjà fait).., La liste n’est pas close. Mais qui, à droite ou à gauche, le fera?
    D’autre part et pour dire un mot sur la gaffe frontalière qui n’est pas le sujet du jour mais sans doute celui de demain, dans toute bonne démocratie (USA, Grande Bretagne, pays nordiques…) même s’il n’est en rien responsable, le ministre aurait déjà spontanément proposé sa démission au Premier ministre au lieu de nous enfumer avec la Turquie Qui serait responsable de tout, nos services étant exemplaires. Et celui des Affaires étrangères devrait regarder de plus près son personnel d’ambassade à Istambul qui, manifestement, n’a pas fait son boulot.

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