La meilleure riposte

Hervé Gourdel
(Photo AFP)

Même la langue française est à court de mots pour décrire l’ignominie des assassins algériens qui ont décapité Hervé Gourdel. De toute façon, l’imprécation est inutile. Le débat sur la politique que la France doit adopter n’est pas plus efficace. La question n’est pas de savoir si la France, par le choix de la neutralité, pourrait mettre à l’abri ses nationaux. Cela fait longtemps qu’elle fait partie des cibles privilégiées des djihadistes de tout poil.

LE GOUVERNEMENT en général et François Hollande en particulier ont su réagir avec calme et sobriété. Le président a souligné que Hervé Gourdel était mort parce qu’il était français. Le crime dont il a été victime mérite donc une rétribution  de la nation française. D’aucuns pensent que notre engagement en Irak, purement symbolique, n’est pas nécessaire. On peut croire le contraire : il n’est pas suffisant. Si nous avions sur place des moyens aériens importants, la meilleure riposte à l’assassinat de M. Gourdel aurait pris la forme de multiples raids aériens contre les positions de Daech.

Poutine devient drôle.

De même, la querelle juridique sur les bombardements contre la Syrie semble, dans ce contexte de violence inouïe, bien superflue. M. Hollande se résoudrait finalement à attaquer Daech en Syrie. Cela ne reviendrait pas à voler au secours de Bachar al-Assad. Rien n’empêche la coalition de bombarder à la fois l’armée syrienne loyaliste et les djihadistes de Daech. La tragédie qui se joue de l’Irak à l’Algérie a ses moments drôles. La Russie a fait savoir qu’il était légalement impossible de bombarder qui que ce soit en Syrie sans l’aval de Bachar al-Assad et du conseil de sécurité de l’ONU (où Poutine dispose d’un veto). Pour annexer la Crimée et envahir le Donbass ukrainien, Poutine ne s’est pas gêné. On se demande quelquefois ce qui est le plus saillant chez lui, de son cynisme ou de ses contradictions. La « retenue » qu’il préconise est très précisément celle qui lui fait défaut.

Un surcroît de courage.

Le monde est chaque jour un peu plus dangereux et il l’est particulièrement pour les Français aujourd’hui. Nous n’avions pas besoin de cette crise qui s’ajoute à nos lancinantes préoccupations économiques et sociales. Il nous faut donc un surcroît de courage au moment où il manque à nombre de nos compatriotes. Mais nous n’avons pas le choix. Nous devons donner à la défense du pays et des gens qui y vivent des moyens exceptionnels. Ce matin encore, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a répété que le budget militaire de la France a été sanctuarisé et qu’il ne manquera pas un euro à nos forces armées. Ce n’est pas l’avis de tous les généraux, mais, si le problème revient sur la table, la France doit augmenter le budget militaire, malgré l’impératif catégorique de la diminution de la dépense publique.

Certains commentateurs notent que Daech « marque des points ». La consternation, l’horreur, le deuil des Français montre certes qu’ils sont atteints au coeur même de leur humanisme outragé. La pire des erreurs serait donc de sous-estimer les ennemis auxquels nous avons affaire. Mais, en assassinant des civils sans défense, ils ne font que montrer leur nature abjecte, réunir toutes les bonnes volontés contre eux, nous inciter à les éradiquer. Et si c’est cette confrontation sans merci qu’ils réclament, il ne faut pas les priver de leur objectif.  L’imminence du danger, la menace qui pèse sur les civils français, la cruauté impitoyable des assassins indiquent clairement que le repli de la France sur elle-même est pour le moment impossible.

RICHARD LISCIA

 

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