Les écolos se fâchent

La verte riposte de Duflot
(Photo AFP)

En politique, on se dit des choses pas piquées des vers. Les oreilles du peuple sont assourdies par les jugements négatifs que les politiciens s’adressent de façon répétitive, à défaut de proposer des solutions aux crises qui minent notre société. Le dernier épisode en date met en scène Nicolas Sarkozy et Cécile Duflot. L’ex-président a accusé l’ancienne ministre du Logement d’avoir fait adopter une loi (sur le logement) qui est une « catastrophe » et d’être « la plus mauvaise ministre du Logement de l’histoire de la République française ».

MME DUFLOT l’a très mal pris. Elle a traité M. Sarkozy de grossier personnage. Comme M. Sarkozy avait déclaré : « Dommage qu’elle ne s’exporte pas », Cécile Duflot s’est demandé si, « dans le programme de M. Sarkozy il y a le fait d’exporter ses opposants politiques ». L’ancienne ministre semble avoir oublié, pour sa part, les nombreuses critiques qu’elle a adressées à la droite en général et à M. Sarkozy en particulier, sans que personne n’ait songé à la trouver « grossière ». Bien entendu, dès que quelqu’un, à droite, fait une vanne sur une personnalité de gauche, la démocratie est aussitôt menacée et il faut voir dans les propos de M. Sarkozy un pré-programme d’épuration politique digne de la Corée du Nord. De sorte que Mme Duflot ajoute le ridicule à sa réputation, méritée ou non, d’incompétence. M. Sarkozy n’a d’ailleurs fait que s’engouffrer dans une brèche béante : la loi Alur est si impraticable qu’un autre des ennemis de Mme Duflot, en l’occurrence Manuel Valls, dans le gouvernement duquel elle a refusé de figurer,  s’est empressé de la modifier.

Cosse s’en prend à Valls.

Je veux bien que les temps soient assez durs pour que nous en perdions tous le sens de l’humour, mais je soupçonne Mme Duflot de n’en avoir aucun. De toute façon, les écologistes ont pris M. Valls comme tête de Turc. Emmanuelle Cosse, secrétaire générale des Verts, l’a vertement critiqué, si j’ose dire, à propos de la gestation pour autrui (GPA), que le Premier ministre récuse avec une détermination qui a choqué Mme Cosse, laquelle l’a aussitôt renvoyé à une décision de la Cour de cassation entérinant l’adoption de l’enfant né d’une GPA. Elle a certes marqué un point, car la Cour européenne de Justice a condamné la France pour refus de filiation dans une affaire de GPA et le gouvernement n’a pas fait appel. Il demeure que M. Valls refuse l’automaticité de la filiation « car cela équivaudrait à accepter la GPA ». Mme Cosse estime qu’il s’agit d’un sujet « extrêmement sensible et on a l’obligation, quand on est un responsable politique, de regarder ces questions avec empathie et délicatesse », toutes choses dont M. Valls serait donc dépourvu.

Identité profonde.

C’est ainsi que les écolos font de la politique, en donnant des leçons de morale tous azimuts. Leurs convictions demeurent, même si elles les ont conduits à l’échec. Tous ceux qui sont hostiles à la GPA seraient donc, dans leur conception sectaire des choses, privés d’empathie et de délicatesse. Je constate que plus la France va mal et moins ceux qui l’ont envoyée dans le mur doutent du bien-fondé des idées qui les animent. Ils sont tous comme la porte-parole du PS, Juliette Méadel, qui, avec une immense gravité, accuse Nicolas Sarkozy de « vouloir détruire et non réformer » l’État. Jugement qui ne tient aucun compte de la réalité accablante des faits, à savoir que personne au monde ne peut « détruire » un État aussi énorme et que la seule ambition du réformateur est de le soumettre à une cure d’amaigrissement. Non sans démagogie, Mme Méadel affirme que M. Sarkozy méconnaît « l’identité profonde de notre pays ». Identité qui, comme chacun sait, nous a incités à avoir le taux de prélèvements obligatoires le plus élevé d’Europe après la Finlande. Comment peut-on encore utiliser pareille phraséologie ? Au nom de notre identité profonde, nous continuons à célébrer un État qui ponctionne plus d’argent que les autres et qui, avec cet argent, est incapable de réduire le chômage ou la précarité.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Les écolos se fâchent

  1. phban dit :

    Quel pervers plaisir d’esthète que d’entendre Madame Duflot reprocher à quelqu’un un manque d’empathie et de délicatesse ! Encore un peu et elle donnera à ses concitoyens ébahis des leçons de science économique et de gestion d’entreprise.

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