Europe : la panique

Au revoir, la Grèce ?
(Photo AFP)

Les bourses européennes ont lourdement chuté hier, affectant les marchés asiatiques et américain. Les facteurs de cette dégringolade (le CAC 40 a perdu 3,30 %) sont multiples, mais il semble bien que ce mouvement de panique ait été induit par les déclarations de la chancelière Angela Merkel au sujet de la Grèce, où la gauche radicale s’apprête à prendre le pouvoir à la faveur d’élections anticipées qui auront lieu dans quelques jours. Mme Merkel estime que, s’ils le veulent, les Grecs peuvent quitter la zone euro, sans dommage pour la monnaie unique.

DE SON côté, François Hollande a tenu un langage semblable. La France et l’Allemagne ont raison : la Grèce n’est plus une menace pour l’euro et si le traitement draconien qui lui est infligé pour qu’elle redresse ses comptes devient insupportable, en dépit des 240 milliards d’aide que l’Union européenne lui ont apportés, elle peut revenir au drachme et pratiquer la dévaluation compétitive.

Un coup d’arrêt de Merkel.

Alexis Tsipras, chef de Syriza, mouvement de la gauche radicale, exige un moratoire sur les remboursements mais a renoncé à quitter l’euro. L’attitude adoptée par la France et l’Allemagne présente donc l’inconvénient de ne pas envisager un compromis avec une gauche grecque relativement raisonnable et dont le souci unique est d’alléger le fardeau écrasant que portent les Grecs depuis plus de cinq ans.  L’autre inconvénient de la politique franco-allemande, c’est qu’elle campe sur une position relativement désuète, dans la mesure où  les institutions internationales ont abandonné -ou presque-  le principe d’austérité et où la règle d’or qui régit la monnaie unique, c’est la solidarité financière des pays de la zone euro. Mme Merkel a voulu donner un coup d’arrêt à ce qu’elle considère comme une dérive, celle qui permet aux institutions européennes, notamment la Banque centrale européenne (BCE) d’inonder le marché de liquidités pour soutenir la croissance.

L’effroi des créanciers.

Pour les marchés financiers, la seule garantie valable vient nécessairement des États de la  zone euro, de la même manière que, aux États-Unis, la Banque fédérale des réserves (banque centrale) continue de soutenir l’économie en achetant chaque mois de la dette. L’idée que le pipe-line financier puisse être fermé au nom de la rigueur sème l’effroi chez tous les créanciers des États endettés. Pourtant l’argument invoqué par la chancelière allemande est pertinent. La zone euro est en bien meilleur état financier qu’il y cinq ou six ans. À l’époque, la rupture de la Grèce avec la zone euro risquait de plonger dans la faillite le Portugal, l’Irlande, puis l’Espagne et l’Italie. Ce n’est plus le cas, même si le niveau d’endettement de ces pays, comme le nôtre, est excessif. C’est l’occasion de rappeler que la France, à ce jour, n’a fait aucun des sacrifices qui ont tant affaibli la Grèce, l’Italie et l’Espagne et que, pour diminuer notre endettement et le ramener à un niveau supportable, nous ne pouvons compter que sur la réduction de la dépense publique, exercice où nous avons été extrêmement médiocres jusqu’à présent.

Les marchés financiers s’inquiètent aussi de la baisse du prix de l’énergie qui, après avoir été perçue comme un stimulant à la croissance, commence à compromettre l’extraction du gaz et du pétrole, parvenus à leur point de non rentabilité, en même temps qu’elle apporte un signal négatif aux perspectives économiques de l’année. Cependant, le calme devrait revenir rapidement sur les marchés, qui ne sont pas les meilleurs juges de la conjoncture. La crise politique en Grèce n’est pas irrémédiable. Le point de vue de la gauche radicale grecque n’est pas révolutionnaire. Bruxelles peut trouver des arrangements avec un gouvernement de gauche à Athènes.

RICHARD LISCIA

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