Le pays sous le choc

Les tueurs attaquent la police
(Photo AFP)

L’attentat contre « Charlie-Hebdo qui, ce matin, a fait douze morts et huit blessés, dont quatre dans un état critique, plonge la France dans l’horreur, la consternation et l’accablement. La réaction des autorités a été extrêmement rapide, le niveau de vigilance anti-terroriste ayant atteint le maximum : « Alerte attentat ». Après s’être rendu sur les lieux, François Hollande a tenu, à partir de 14 heures, une réunion pour renforcer les dispositions déjà prises, notamment la surveillance de tous les lieux de culte et de tous les endroits sensibles. Il s’exprimera ce soir à la télévision.

LE PRÉSIDENT de la République a confirmé, sur les lieux de l’attentat, que la France a fait l’objet, depuis quelques mois, de plusieurs tentatives d’attaque terroriste qui ont échoué grâce à nos services de renseignements. Ce qui signifie que les fanatiques de tous bords cherchent, avec entêtement, à porter des coups à la France parce qu’elle est en tête des pays qui luttent contre Al-Qaïda et contre Daech. Le chef de l’État est assuré de trouver le soutien de toutes les forces politiques dans son combat contre le terrorisme, pour autant qu’il neutralise efficacement les cellulespréparant de nouvelles agressions. En effet, l’effroyable attentat d’aujourd’hui risque de n’être que le début d’une série. Pour rassurer la population, dont les éléments les plus anonymes craignent de se retrouver sur la scène d’un carnage à chaque instant, le gouvernement va devoir utiliser des moyens draconiens. Le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, a indiqué que les tueurs étaient au nombre de trois, qu’ils ont tué des policiers pendant une course poursuite. Malheureusement, les trois assassins ont réussi à prendre la fuite.

Le dilemme du pouvoir.

Le dilemme du gouvernement apparaît clairement : l’attentat contre « Charlie-Hebdo » résulte certes du fanatisme religieux, mais il nuit aussi à la liberté d’expression. On ne soulignera jamais assez le courage des journalistes, reporters sur le terrain qui y laissent parfois leur vie ou se font prendre en otages, ou éditorialistes et pamphlétaires qui veulent rester libres de critiquer toutes les religions. Parmi les morts, trois dessinateurs dont la célébrité est nationale : Charb, Cabu et Wolinski et un économiste également renommé, Bernard Maris. Notre première réaction est celle de l’indignation et de l’horreur contre un crime de masse abject,  qui est aussi une atteinte à la liberté de la presse et qui, par la force, veut nous imposer l’auto-censure. Mais on peut se demander si, la justice, accomplissant son travail contre le terrorisme tout en garantissant aux terroristes la plénitude de leurs droits, les moyens dont nous disposons pour écarter la menace seront suffisants.

Un coup porté à la démocratie.

Nous nous complaisons dans des polémiques stériles au sujet des idées d’Éric Zemmour et de Michel Houellebecq, mais ce bavardage est dépassé. Il n’y aura pas de lutte efficace contre le terrorisme en dehors d’une répression sévère. Nous devons certes éviter à tout prix la stigmatisation de telle ou telle minorité, mais soyons un peu lucides : ce ne sera pas une tâche facile. Soumis à un danger qui n’a jamais été aussi grave (l’attentat contre « Charlie-Hebdo » est celui qui a fait le plus de victimes depuis 1961), les Français, comme ils en ont le droit, réclameront des résultats et contesteront les mesures prises tant qu’elles n’auront pas ramené la sérénité dans notre pays. Comme d’habitude, les fous furieux qui se livrent à de tels crimes aggravent les phénomènes d’intolérance dont ils se plaignent et dont ils font l’axe de leur cause. Ils finiront par perdre, mais pas sans avoir fait beaucoup de mal à notre démocratie.

RICHARD LISCIA

 

 

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4 réponses à Le pays sous le choc

  1. Delteil christian dit :

    D’abord une grande peine pour ces policiers tués froidement par les terroristes fous. Bien sûr aussi pour les autres personnes assassinées lâchement alors qu’elles ne faisaient que leur travail de journalistes et d’humoristes. Admiration pour le travail des policiers qui, quelques heures à peine aprés la fusillade, ont identifié et logé, si les infos de cette nuit sont confirmées, les terroristes. Pas de gràce ni de quartier. On ne discute pas, on ne tergiverse pas. On n’interpelle pas. On élimine sans la moindre arrière pensée de tels monstres avant qu’ils n’aient le temps de tuer ou blesser d’autres policiers. Effectivement les discussions sur les bouquins de Zemmour ou de Houellebecq ne sont pas de mise et assez ridicules. La guerre est déclarée, ce sera les fanatiques ou nous. A nous donc de ne pas faiblir.

  2. Oj dit :

    Il est clair que la répression sévère s’impose, mais sous quelle forme ? Là est bien la question, face à un fanatisme incontrôlable. Il faut certes que les services de renseignement poursuivent le travail extraordinaire qu’ils accomplissent au quotidien depuis des années, mais il faut aussi une unité nationale, ce qui impose un discours audible de la communauté musulmane, et pas seulement en France. Le recteur de la mosquée de Lille, dont il faut saluer la clarté du discours, a tenu les propos que tout républicain doit tenir en considérant que la République a été provoquée et donc les 5 millions de musulmans qui en font partie. Pour maintenir l’unité du pays, il est indispensable que la communauté musulmane qui s’exprime peu en général tienne dans son ensemble ce discours haut et fort.
    D’autre part, il faut également que les responsables des pays arabes du Maghreb et du Golfe tiennent un discours comparable vis-à-vis de ces fanatiques et ne laissent pas les seuls pays occidentaux régler leurs problèmes. Si la religion musulmane est pacifique, ce dont je suis convaincu, alors il faut que ses fidèles le démontrent a l’ensemble du monde. La difficulté est qu’en matière de liberté d’expression et de démocratie un certain nombre de pays ont encore du chemin à faire. Face à ce désastre à l’échelle planétaire, on peut s’inquiéter de l’avenir. Au moins on ne peut qu’être convaincu d’un dogme qui devrait s’imposer à tous, celui de la démocratie laïque comme modèle universel.

  3. Delteil christian dit :

    Un grand bravo à tous les personnels de police qui ont réussi à identifier en moins de 12 heures ces salopards, même si leur destruction reste une question d’heures ou de jours. Mais pourquoi donc s’ils étaient connus et fichés comme dangereux n’étaient ils pas déjà sous les verrous?
    -Mais parceque, mon bon monsieur, nous sommes dans un État de droit.
    – le droit? Quel droit? Celui d’assasiner des gens tranquillement dans la rue, au bureau…? Il faut alors que le législateur modifie dans l’urgence le droit: toute personne rentrant de Syrie, d’Afgahnistan, d’Irak ou d’ailleurs, ayant fait le djihad, doit étre immédiatement mis hors d’état de nuire et incarcérée sans délais. Et que l’on ne me parle plus des droits de l’homme. Si c’est le droit d’assassiner de sang froid un policier à terre, alors merci bien. La guerre est déclarée. Il faut la gagner et pour cela étre en mesure de le faire: personnel de police, services de renseignements, armement, tout doit être au top au plus vite. Mais la prévention ne suffit pas. Il faut la sanction. Elle doit être exemplaire et sans retour. Fin des discours, passons aux actes!

  4. Chambouleyron dit :

    Un coup de tonnerre dans un ciel serein ? Une scène de guerre ! Charlie Hebdo sous protection policière depuis plusieurs années : deux policiers avec une arme de poing sur le côté ! Au casse-pipe ! Deux pauvres petites gouapes manipulées. Ou Templiers de notre temps. Hystérisation trop souvent des réactions médiatico-politiques là où il faudrait du silence, de la méditation, de la citoyenneté . Et la démocratie est pour chacun et pour tous y compris pour les assassins. Mais peut-on rire de tout ? Oui. Pas à sens unique.

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