La France fait front

Chérif(à gauche) et Saïd Kouachi, deux des assassins présumés
(Photos AFP)

Le jour même du carnage au siège de « Charlie Hebdo », un mouvement spontané de solidarité avec les victimes et de réaffirmation de nos libertés fondamentales s’est produit dans toute la France. En même temps, le gouvernement, tout en poursuivant les assassins et en augmentant les mesures de sécurité, s’efforce d’unifier toutes les tendances politiques contre le terrorisme. La participation de l’opposition et même celle du Front national semble lui être acquise. Mais d’inévitables questions seront posées plus tard.

NICOLAS Sarkozy a été reçu par le président Hollande, qui lui a demandé de participer à la marche silencieuse qui aura lieu dimanche. Le tout nouveau président de l’UMP réunit aujourd’hui les dirigeants du parti avant de donner une réponse à l’Élysée. M. Sarkozy a souligné, lors de son entretien avec le chef de l’État, la nécessité d’améliorer le système français de lutte contre le terrorisme. Il me semble que, dans un premier temps, les partis politiques doivent cimenter l’unité nationale face à un danger qui est d’autant plus alarmant que l’attentat contre « Charlie Hebdo » n’est peut-être que le début d’une nouvelle vague d’actes terroristes, même si la fusillade de ce matin à Malakoff, au cours de laquelle une policière a perdu la vie et un agent de voirie a été grièvement blessé, ne serait pas liée à la boucherie d’hier.

Une épreuve pour les musulmans.

Les musulmans de France sont, dans leur majorité, aussi choqués et inquiets que leurs compatriotes non-mulsulmans. Ils peuvent craindre des représailles spontanées, comme ces attaques au Mans et dans l’Aude, qui n’ont pas fait de victimes. Nombreux sont leurs représentants dont les propos, dictés par l’émotion, ont été  admirables, avec une mention spéciale pour l’anthropologue Dounia Bouzar, qui s’occupe des familles musulmanes plongées dans la détresse par le passage au djihadisme d’un enfant : « J’ai mal parce que ces crimes sont commis au nom de ma religion ». Mais si les musulmans eux-mêmes sont démunis face à la dérive sectaire d’une minorité d’entre eux, cela signifie que seul l’État peut protéger la population contre le terrorisme.

Le gouvernement doit se demander si son système de prévention des attentats est suffisamment efficace, si la répression des crimes est dissuasive, si tout est fait pour protéger la société française contre un danger qui en menace les fondements. Des journalistes expriment leur surprise à propos du fait que que Chérif Kouachi, 32 ans, ait été condamné en 2008 pour appartenance à la « filière des Buttes Chaumont », qu’il a fait de la prison et qu’il ait pu récidiver six ans plus tard, en commettant, avec son frère Saïd,  un crime de masse. Le Premier ministre répond : « Il n’y a pas de risque zéro ». C’est trop vite dit. Entre le risque zéro et douze morts, il y a une marge. Interrogée ce matin sur France Info, la ministre de la Justice, Christiane Taubira, a une fois de plus noyé dans sa puissante rhétorique ses molles idées sécuritaires. Mais non. Il faudra que le gouvernement se décide à traiter le terrorisme avec des moyens plus appropriés.

C’est une guerre.

C’est une guerre que les intégristes nous livrent sur notre propre territoire et c’est une riposte militaire qui faut leur apporter. Nous ne pouvons pas accepter que nos policiers ne disposent pas d’un armement capable de neutraliser des assassins sur-armés qui les blessent, les achèvent sur place, pénètrent de force dans l’immeuble d’un journal et exécutent froidement des civils innocents. Comment assurer la protection, réelle et non plus théorique, des objectifs possibles de la haine djihadiste ? Comment s’assurer que les écoles, les supermarchés, les centres commerciaux, les gares, les aéroports et les hôpitaux ne seront pas le théâtre d’attentats sanglants ? Comment pénétrer les intentions des terroristes potentiels ? Comment empêcher l’évolution entre délinquance et criminalité sinon en faisant de la première infraction, comme l’appartenance à une filière, un fait inacceptable qui justifierait une peine infiniment plus sévère ?

RICHARD LISCIA

 

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