Une droite perplexe

Un manque de tonus
(Photo AFP)

La seule satisfaction que l’UMP puisse retirer du regain de popularité de François Hollande et de Manuel Valls, c’est l’affaiblissement parallèle de Marine Le Pen, qui n’a pas su se libérer de ses tics idéologiques au moment des attentats des 7 et 9 janvier. C’est très insuffisant pour un parti censé repartir à la conquête du pouvoir, car Nicolas Sarkozy, lui non plus, n’a pas réussi à se situer au niveau élevé qu’exigeait cette tragédie nationale.

L’ANCIEN PRÉSIDENT a fort bien compris qu’il ne pouvait critiquer François Hollande pendant un moment d’unité nationale qui a permis à celui-ci de se lover dans un rôle avantageux. Un moment de recueillement et de hauteur qui s’est refermé sur M. Sarkozy comme un piège. Il ne lui reste plus qu’à attendre que le pays revienne à ses éternelles querelles socio-économiques ou idéologiques pour se remettre en selle. Mais on dira alors qu’il ne prospère que dans les situations conflictuelles. Il n’est pas sûr de pouvoir compter sur un nouveau revers du président en exercice. Car, saisi par la grâce, François Hollande poursuit son parcours sans faute. Le discours qu’il a prononcé ce matin au Mémorial de la Shoah, sa visite à Auschwitz cet après-midi, son empathie pour les Français juifs, attitude où M. Sarkozy a toujours excellé, semble prouver qu’il est à la fois rassembleur et protecteur (1). Décidément, ce président n’est faible que pour la croissance et l’emploi.

Les rivaux tiennent bon.

Nicolas Sarkozy a bien tenté de revenir sur le devant de la scène. Il a multiplié les entretiens et les apparitions à la télévision,  notamment celle du 21 janvier sur France 2, mais il n’a pas dit des choses à graver dans le marbre. Il a cru en outre que, une fois élu président de l’UMP, il disposerait d’une position imprenable et exercerait son autorité sur les autres candidats à l’investiture du parti. Il n’en est rien. Aucun des candidats potentiels, qu’il s’agisse de Bruno Le Maire, qui a quand même remporté 30% des voix de l’UMP, ou d’Alain Juppé, qui reste l’homme politique populaire de France, ou de François Fillon et de Xavier Bertrand,  ne renonce à ses ambitions, tous s’expriment abondamment, tirant avantage de la liberté d’expression qu’ils ont exigée et obtenue de M. Sarkozy avant qu’il ne se fît élire. De sorte que ce qu’il a à dire ne vaut pas plus que ce qu’ils disent eux-mêmes et que la primaire à droite aura lieu bel et bien.

Hollande, candidat redevenu crédible.

Il est trop tôt pour dire que Nicolas Sarkozy remportera la primaire à coup sûr, et trop tôt pour dire le contraire. Il faut d’abord qu’il retrouve le ton juste, c’est-à-dire qu’il exprime à la fois une sincérité absolue qu’il n’a pas toujours eue et tienne le discours flamboyant qui lui valait des vivats. Il faut en outre qu’il expose un programme spécifique, totalement distinct de celui de ses rivaux. Autant qu’on le sache, il est plus à l’aise dans la polémique et le duel que dans l’échange poli avec des compétiteurs qui n’en sont pas moins ses amis politiques. Enfin, personne ne peut affirmer à l’instant présent que M. Sarkozy est le meilleur candidat de la droite à la présidence. Certes, on ne suggèrera pas davantage qu’Alain Juppé est forcément l’homme de la situation car sa popularité remarquable baissera dès qu’il entrera en campagne. Mais la certitude que François Hollande serait battu dans tous les cas de figure a complètement disparu. Il redevient un candidat plus que crédible.

Les élections départementales donneront un avant-goût de ce qui pourrait se passer en 2017. Si la droite les remporte largement à la fois contre le Front national et contre la gauche, tous les candidats de droite en tireront avantage. En effet, M. Hollande est pour le moment sur un nuage, mais la persistance de la crise finira par le rattraper. Une défaite électorale montrerait que les Français lui en veulent toujours pour sa gestion économique. Or, en dépit des réformettes qu’ils a mises en oeuvre avec des difficultés inouïes, il ne peut compter que sur une très faible croissance en 2015, et une croissance insuffisante en 2016. La difficulté, pour la droite, ne réside pas dans la force du président qu’il lui faut vaincre, mais dans son incapacité actuelle à incarner une alternative crédible

RICHARD LISCIA 

PS-L’accident qui fait dix morts chez nos soldats sur une base aérienne espagnole plonge une fois de plus la France dans le deuil. L’armée paie un lourd tribut.

1) Lire « le Quotidien du médecin » daté du 29 janvier.

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