Chômage : toujours plus

François Rebsamen, ministre du travail (Photo AFP)

François Rebsamen, ministre du travail
(Photo AFP)

2014 aura été une année noire pour l’emploi. La France compte 189100 chômeurs de plus, soit presque trois millions et demi de personnes sans travail. On ne saurait néanmoins exprimer la moindre surprise : tant qu’il n’y a pas de croissance, il n’y aura pas de créations d’emplois. Le gouvernement a utilisé des méthodes de lutte contre le chômage dont il pouvait se douter qu’elles seraient inopérantes. Il est temps maintenant de passer à un autre traitement de cette crise structurelle qui détruit le tissu social.

LE CHÔMAGE affecte plus particulièrement les seniors qui, pratiquement, ne peuvent plus être reclassés à partir de 50 ans, alors que c’est la force de l’âge et qu’il est souhaitable, pour garantir les retraites, que les Français travaillent plus longtemps. François Hollande avait pourtant imaginé le « contrat de générations » qui permet à un senior de rester en fonction si l’entreprise, avec une aide de l’État, embauche un jeune que le plus âgé devra former. Ce système n’a eu aucun succès. Les contrats jeunes ont été nombreux, ils n’ont pas entamé l’énorme masse des sans-emplois. Ce qui n’empêche pas la gauche de la gauche de continuer à préconiser des solutions qui ont échoué. L’attachement de la France au traitement purement social du chômage étonne nos partenaires européens qui tous, peu ou prou, se sont efforcées d’appliquer des méthodes innovantes.

Le concept de flexi-sécurité.

Il n’y a pas plus de croissance dans le reste de l’Europe qu’en France. Mais les taux de chômage sont différents. Ils ont considérablement baissé en Autriche, au Danemark, en Allemagne. De quelle manière ces pays ont-ils procédé ? Que la gauche le veuille ou non, il est évident que si les entreprises n’embauchent pas, c’est parce que le licenciement d’un salarié est devenu très coûteux pour elle. Il s’agit donc de la rassurer sur ce point.
Paradoxalement, si on facilite le licenciement, l’embauche devient plus aisée, elle n’oblige pas l’entreprise à signer un contrat qui l’engage, même dans le cas où elle ne peut plus garder ce salarié. Cela signifie-t-il que le salarié est alors livré à lui-même ? C’est à ce moment-là que l’État doit intervenir en prenant en charge le licencié et en lui donnant une formation qui permettra sa réinsertion. Brièvement expliqué, cela s’appelle la flexi-sécurité, système auquel nous n’avons jamais recouru. Il a pourtant l’avantage d’envisager des créations d’emplois en l’absence de croissance. Nous nous sommes contentés, jusqu’à présent, d’attendre pendant sept ans une croissance que nous ne voyions pas venir. Certains pays européens, mais pas tous, ont eu plus d’imagination que nous. Mais ce n’est plus une question d’imagination puisque tout le monde connaît maintenant les principes de la flexi-sécurité. C’est une question syndicale et politique. Les syndicats militent contre une solution : ils pensent en effet que nous appliquerons toujours la flexibilité, jamais la sécurité. La gauche est exactement sur la même ligne et a tout fait pour que nous n’adoptions pas cette démarche.
Avec sa loi de modernisation de l’économie, Emmanuel Macron espère contourner l’obstacle de la flexi-sécurité et déverrouiller le système en s’attaquant à diverses professions. Il constate aujourd’hui que l’orientation qu’il a prise est tout autant contestée par la gauche et les syndicats, campés sur des idées qui n’ont plus cours dès lors que la croissance reste obstinément absente. Ceux qui combattent, et avec quelle vigueur, tout effort de modernisation, ne comprennent pas qu’il est impossible, dans une économie de marché, de créer sans arrêt des emplois publics.

RICHARD LISCIA

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