Le président de l’UMP a très vite été soutenu par ses lieutenants, Claude Guéant notamment, qui fait remarquer qu’on peut téléphoner d’Abou Dhabi et donc rester attentif à ce qui se passe à Paris ; et que, en outre, M. Sarkozy était présent, mardi à 18 heures, pour la réunion du bureau politique de l’UMP. Il est vrai qu’on lui cherche des poux dans la tête et que le moindre incident prend désormais des proportions stupéfiantes, à cause d’Internet et de la méchanceté croissante des gens. Après tout, explique M. Guéant, il faut bien que M. Sarkozy gagne sa vie, d’autant, ajoutera-t-on cyniquement, qu’il reste de sa campagne électorale beaucoup de factures à payer.
Est-il encore le meilleur ?
Mais, en y réfléchissant, l’histoire d’Abou Dhabi n’est pas aussi anodine qu’elle paraît. Si elle suffit à provoquer un déluge de critiques, c’est que s’est mise en mouvement une forme de Sarkozy-bashing favorisé par le sentiment répandu que l’ancien président n’est pas nécessairement le meilleur candidat de la droite et que lui-même devrait se poser la question : est-il en mesure d’emporter l’adhésion de 51% des Français à un projet qu’il n’a pas encore exposé et dont les quelques lignes qu’il a indiquées dans ses prestations télévisées ou ses entretiens avec les journaux n’ont pas particulièrement emballé le peuple de droite ?
En outre, un voyage dans la péninsule arabique trois semaines après les attentats de Paris est une option pour le moins malencontreuse, car c’est cette région du monde qui, tout en investissant massivement en France, soutient (ou soutenait) clandestinement les mouvements terroristes inspirés par le salafisme. Vous me direz que l’Arabie saoudite et le Qatar sont plus influents que le petit émirat. Mais on peut acheter son pétrole à un pays et ne pas obligatoirement entretenir avec lui des relations de chaleureuse amitié. Pour être complet, je reconnais que le Qatar et l’Arabie, épouvantés par les monstres qu’ils ont enfantés, ont changé de fusil d’épaule et ont commencé à prendre leurs distances vis-à-vis d’Al Qaïda et de l’État islamique.
Manque de rectitude.
Sans doute M. Sarkozy ne pouvait-il se dégager à la dernière minute d’une obligation contractée longtemps auparavant. Mais il y a des moments dans la vie où il faut savoir faire un choix douloureux. L’un des problèmes du président de l’UMP, c’est que son comportement personnel manque de la rectitude dont un Alain Juppé ou un François Bayrou font leur fonds de commerce. Et il n’y a rien qui n’ait pire réputation en France que l’argent. M. Sarkozy n’a pas de la vie une idée inspirée par l’ascèse. Dans d’autres pays, cela passerait comme une lettre à la poste. Ici, quand on apprend qu’un personnage politique s’enrichit, on en fait des gorges chaudes. Le président de l’UMP doit prendre conscience de ces petites choses qui font l’heur ou le malheur d’un candidat. Et surtout, s’il veut persévérer, il a besoin d’un ravalement.
RICHARD LISCIA