Gauche : équation insoluble

Duflot : scission d'EELV ? (Photo AFP)

Duflot : scission d’EELV ?
(Photo AFP)

François Hollande espère renforcer sa majorité en faisant entrer des écologistes au gouvernement. En même temps, il s’efforce d’obtenir une sorte de leadership mondial dans le cadre du sommet climatique que la France va accueillir l’année prochaine et, dans ce cadre, il prend langue avec tous les écologistes et pas seulement avec ceux d’Europe Écologie-les Verts (EELV). Il se heurte à deux grandes difficultés : d’une part, les écologistes non EELV ne représentent qu’eux-mêmes et d’autre part, les Verts, qui n’ont réuni que 2 % des suffrages au premier tour des départementales, sont très divisés sur la marche à suivre.

CÉCILE DUFLOT l’a redit ce matin sur RMC : elle ne peut pas se résoudre à donner le feu vert aux deux ou trois membres de son mouvement qui souhaitent entrer dans un nouveau gouvernement Valls tant que le Premier ministre ne change pas de politique économique et sociale. Le président et le chef du gouvernement ont déjà pris l’engagement de poursuivre des réformes dont ils pensent qu’elles sont sur le point de porter leurs fruits ; et leur porte-parole, Stéphane Le Foll, l’a répété ce matin.

Mme Duflot, qui, de près ou de loin, exerce toujours sur son parti une autorité proche de l’autoritarisme, ne peut en fait espérer qu’un habillage des réformes qui leur donnerait une tonalité sociale.  Elle n’aura pas la tête de Manuel Valls. Au fond, l’idée du président est de casser EELV et d’élargir sa majorité avec des éléments écologistes de la gauche et du centre. En d’autres termes, il ne craint pas d’affaiblir le mouvement écologiste en France pour donner au pays l’illusion qu’il ne gouverne pas seulement avec un partie du PS. Il n’a plus la possibilité d’attirer les centristes vers lui dès lors qu’ils se sont associés à l’UMP pour battre la gauche lors du scrutin des 22 et 29 mars. Simultanément, il tente de convaincre les frondeurs du PS, avec des résultats à peu près nuls puisqu’ils attribuent la défaite de la gauche à la politique de M. Valls et non au matraquage fiscal des années 2013 et 2014.

Sarkozy convoqué.

Pendant ce temps, la situation à droite s’est subitement dégradée avec la convocation de Nicolas Sarkozy au pôle anti-corruption de la police judiciaire. La police reproche à l’ancien président d’avoir fait payer par l’UMP une somme de 363 615 euros qui correspond à une pénalité que lui a infligée personnellement le Conseil constitutionnel. L’UMP, avant de payer, avait consulté son avocat, Philippe Blanchetier, qui avait donné son aval à l’opération, aujourd’hui contestée par la justice, même si, à la demande du triumvirat de transition Fillon-Juppé-Raffarin, M. Sarkozy avait fini par rembourser la somme sur ses propres deniers. Une fois encore, on s’interrogera sur le timing d’une convocation qui coïncide avec la victoire de la droite aux départementales et sur la nécessité de poursuivre un homme qui s’est acquitté de sa dette.

On a aussi appris ce matin que trois responsables de la campagne 2012 de M. Sarkozy, Philippe Blanchetier, le député UMP et trésorier Philippe Briand et le député et préfet de Lozère Guillaume Lambert avaient été mis en examen dans le cadre de l’affaire Bygmalion, celle qui pèse le plus, à mon avis, sur l’avenir politique de Nicolas Sarkozy. Dans cette affaire, l’UMP est accusée d’avoir pratiqué des dépassements de dépenses de 18,5 millions d’euros dont 10 n’ont pas figuré dans les comptes de campagne du parti.

Deux candidats affaiblis.

S’il me semble que la stratégie de M. Hollande pour 2017 est insuffisante pour lui donner des chances sérieuses de l’emporter et qu’il ne peut prétendre à une victoire que si la croissance repart, il me semble aussi que M. Sarkozy, qu’il soit coupable ou non des faits qui lui sont reprochés, est  impliqué dans trop d’affaires pour pouvoir conduire une campagne efficace. Ce qui éloigne, pour le moment en tout cas, la perspective d’un nouveau match Hollande-Sarkozy, identique à celui de 2012. D’un côté, la justice, aidée par la police, a décidé de poursuivre ses investigations sans tenir compte de leurs conséquences politiques, ou peut-être parce que certains juges les souhaitent ; d’un autre côté, un Sarkozy, harcelé à tort ou à raison par un appareil judiciaire implacable, éprouvera des difficultés insurmontables au cours de sa campagne et, a fortiori, dans la quête d’une victoire électorale.

RICHARD LISCIA

 

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