Gauche, droite : match nul

"Camba" et Valls (Photo AFP)

« Camba » et Valls
(Photo AFP)

Le congrès du PS à Poitiers n’a pas été plus brillant que celui des Républicains. Il se déroulait dans une sorte d’unanimité factice qui cachait mal la mauvaise des frondeurs et de tous ceux qui contestent la politique du Premier ministre, Manuel Valls, quand celui-ci s’est offert un intermède à l’occasion de la finale de la Ligue des champions remportée samedi par Barcelone.

L’ALLER ET RETOUR aérien entre Poitiers et Berlin du chef du gouvernement a déclenché une bronca, de la même manière que le voyage en avion de Nicolas Sarkozy au Havre il y a quelque temps avait été vivement critiqué. M. Valls a rejeté les sarcasmes, en faisant vaguement valoir qu’il était en service commandé alors que, en réalité, il avait seulement envie d’assister à un match de football malgré le congrès du PS et n’avait pas hésité à faire payer le contribuable pour cette extravagance. Le congrès ronronnait dans la semi-léthargie qu’avait si finement induite la stratégie du chef du parti, Jean-Christophe Cambadélis, jusqu’à ce qu’une tribune sulfureuse publiée dans le « Journal du dimanche » par Arnaud Montebourg et l’un de ses amis, le banquier Mathieu Pigasse, attaque le pouvoir en des termes que l’extrême gauche n’a pas désavoués.

« Politique d’austérité ».

L’ancien ministre du Redressement productif en est toujours à combattre avec hargne et rage une « politique d’austérité » qui n’existe pas, comme j’ai eu l’occasion de le démontrer à plusieurs reprises. Mais aussitôt, les chefs de file des frondeurs, Christian Paul et Laurent Baumel, ont trouvé à ce texte de grands mérites. Tout à coup, le parti socialiste, fallacieusement uni par un apaisement artificiel de son conflit de tendances, s’est montré plus divisé que jamais. Or la loi Macron vient ces jours-ci en seconde lecture à l’Assemblée. Il n’y a pas eu, à son sujet, de compromis entre les deux chambres et beaucoup de socialistes risquent, une fois de plus, de ne pas la voter en l’état, ce qui veut dire que le gouvernement, comme il l’a fait en première lecture, devra passer en force, c’est-à-dire recourir à l’article 49-3 de la Constitution, qui autorise l’adoption d’une loi sans vote des députés.

Le risque à droite.

Ressentie comem une forme de mépris à l’égard du législatif, ce comportement de l’exécutif va contribuer à la détérioration du climat à gauche, d’autant que l’abus du 49-3 exprimerait la faiblesse de l’exécutif plutôt que sa crédibilité. François Hollande compte sur la pacification du PS pour élargir son gouvernement aux Verts er rassembler la gauche dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017. Son projet risque d’être mis à mal par une rébellion au sein de la gauche qui ne semble pas près de s’éteindre et par une conjoncture qui, pour le moment, n’a pas commencé à se stabiliser et, a fortiori, à réduire le chômage. Il peut compter, il est vrai, sur les divisions de la droite qui relèvent davantage de conflits personnels que de divergences idéologiques. Mais on sait que l’incompatibilité des caractères ou la compétition des ambitions peut conduire à des situations inextricables. Ce qui sera le cas si la primaire de la droite n’est pas élargie au centre et si, au lendemain d’une primaire contestée, l’un des candidats à la présidence de la République se présente contre celui que la primaire aura investi. Cela signifierait que la droite classique ne serait pas présente au second tour.
Bien entendu, le gagnant, c’est le Front national, qui fera un score d’autant plus remarquable que le nombre d’abstentions sera élevé. Nous sommes dans un pays où la gauche sait qu’elle ne vaincra pas sans avoir d’abord refait son unité, où la droite sait que ses divisions sont un poison mortel, mais où les petits jeux minables et les postures personnelles continuent d’alimenter le débat.

RICHARD LISCIA

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