L’enfer de Calais

La périlleuse traversée des voies ferrées (Photo AFP)

La périlleuse traversée des voies ferrées
(Photo AFP)

Parmi les feuilletons de l’été, celui des migrants de Calais est le plus consternant. C’est une crise qui remonte à plusieurs années et à laquelle aucun gouvernement n’a trouvé de solution durable. Un Soudanais est mort hier en roulant sous un camion. Le ministre de l’Intérieur estime que l’État a fait son travail mais qu’Eurotunnel fait des économies sur la sécurité, accusation aussitôt rejetée par la direction du groupe, qui affirme avoir intercepté 37 000 migrants depuis le début de l’année.

LA TÂCHE est probablement insurmontable : le nombre d’immigrés clandestins qui veulent se rendre en Grande-Bretagne ne cesse de croître. C’est par milliers qu’ils envahissent les voies d’accès au tunnel. Pour les intercepter tous, il faudrait des moyens bien supérieurs à ceux que déploient Eurotunnel et l’État. Comme le nombre des clandestins ne cesse de croître, il faudra bientôt une armée pour contenir ces vagues humaines dont la force est la multiplicité. Il est trop facile de distribuer des avertissements et de donner des leçons : il s’agit d’une crise permanente exigeant la présence de forces de sécurité supérieures à celles que le gouvernement peut réunir.

Un soupçon d’hypocrisie.

L’Europe, dont la coordination des dispositifs pourrait apporter un début de réponse à cette crise, reste apathique, divisée par les égoïsmes nationaux, incapable de faire des sacrifices, abandonnant la France, la Grèce et l’Italie à des responsabilités qui les dépassent. À quoi s’ajoutent des analyses qui n’ont aucun rapport avec la pénible réalité. On veut à tout prix établir une distinction entre réfugiés politiques méritant l’asile et réfugiés dits économiques tout juste bons à être renvoyés chez eux. C’est couvrir l’humanisme européen d’un manteau d’hypocrisie : si ces migrants arrivent, c’est pas désespoir ou parce qu’ils nourrissent un rêve européen. Ils ne retourneront jamais chez eux de leur plein gré. Ils ont fait un voyage épouvantable, ils en ont payé le prix pour eux excessif, ils quémandent un avenir dans des contrées où le chômage, pourtant, accable les nationaux. À mon avis, la reconduite à la frontière des migrants économiques est aussi inhumaine que le refus d’un titre de séjour à un réfugié politique.

Opposer un rêve à un autre.

L’autre hypocrisie consiste à expliquer doctement que la solution réside dans la coopération économique avec les pays d’où viennent les migrants. Elle existe, elle n’empêche pas la misère, et comment l’empêcherait-elle dès lors que celle-ci s’insinue chez nous ? Nous n’avons pas les moyens financiers pour créer une police (ou plutôt une armée) des frontières, nous en aurions assez pour investir, sans doute à perte, dans des pays d’Afrique ou du Moyen-Orient ? Le développement des pays pauvres est une tâche de longue haleine, certes indispensable, mais qui ne saurait servir de remède immédiat à la crise des migrations.
La faute de notre gouvernement, s’il faut lui en trouver une, c’est peut-être de ne pas avoir entrepris les réformes structurelles qui auraient permis à la France, au terme de cet effort, de dégager des marges de manoeuvre pour des crises imprévisibles ou extraordinaires. Avec un déficit budgétaire suffisamment bas, nous aurions pu consentir à augmenter l’effort financier nécessaire pour maîtriser l’immigration clandestine. De la même manière, si l’affaire des éleveurs traîne en longueur, c’est parce que le plan du gouvernement est insuffisamment financé. De l’argent, il en faut tout le temps. Face à la misère venue d’Afrique, nous n’avons rien à offrir que notre pauvreté collective.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à L’enfer de Calais

  1. Evelyne Cornelius dit :

    L’enfer de Calais ?
    C’est aussi l’enfer de la France car voilà une quarantaine d’années que cela perdure !

    La France est devenue une colonie de l’Afrique avec l’accord de nos dirigeants incapables !

    Quant aux moyens pour endiguer ce flot migratoire humain mais aussi islamique et regorgeant de toute la voyoucratie de ces pays, ces moyens existaient mais ils ne peuvent plus être ….

    Nous avons été « jetés » dehors de l’Afrique alors que nous y apportions une civilisation plus évoluée que celles qui y existaient …. Et puis un peu d’histoire, l’arrivée en 1830 en Afrique du Nord s’est faite pour mettre un terme aux pirates barbaresques qui venaient détruire nos côtes et emmenaient en esclavages femmes et enfants ! Nous l’avons oublié !

    Aujourd’hui ces pirates reviennent autrement et notre civilisation est devenue trop faible pour réagir … nous préférons crever ou être décapités !

    Alors, ce problème ne se résoudra que par une guerre mondiale et l’arrivée d’un peuple asiatique qui mettra de l’ordre dans nos errements !

    Charité bien ordonnée commence toujours par soi-même car sans cela nous ne pouvons rien faire !

    Il est trop tard !

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