Sarkozy et Poutine

Sarkozy veut garder sa stature présidentielle (Photo AFP)

Sarkozy veut garder sa stature présidentielle
(Photo AFP)

Accompagné notamment de Rachida Dati, députée européenne, Christian Jacob, président des députés LR et Pierre Lellouche, député LR, Nicolas Sarkozy fait aujourd’hui une promenade à Moscou où il a rencontré Vladimir Poutine. Auparavant, il s’est exprimé devant des étudiants russes.

CE VOYAGE en Russie lui est reproché par la gauche qui dénonce la pratique d’une « diplomatie parallèle ». Mais l’ancien président est libre d’aller où bon lui semble et, dans ces temps difficiles et violents, peu des vieux principes sont respectés. M. Sarkozy a refusé de répondre à des questions sur le Front national mais il n’aurait scandalisé personne s’il avait fait de la politique intérieure à Moscou. De toute façon, il en fait. Il lui importe moins de faire valoir ses idées de politique étrangère que de montrer qu’il est le chef de file de la droite et, si possible, son tout premier candidat à l’élection présidentielle.

Moins pro-Poutine que Fillon.

M. Sarkozy n’est pas non plus celui qui veut renverser la table dans les relations de la France avec la Russie. François Fillon est plus proche que lui de M. Poutine, qu’il appelle affectueusement « cher Vladimir » et il apparaît comme le Français le moins scandalisé par le soutien du président russe à Bachar Al-Assad. M. Sarkozy, pour sa part, a déclaré publiquement ce matin que « quelqu’un qui a sur la conscience la mort de 250 000 compatriotes ne peut pas représenter l’avenir de son pays ». Sur le fait que les intérêts de la Russie doivent être respectés si l’on veut qu’elle soit associée à des accords négociés, qu’il s’agisse de l’Ukraine ou du Proche-Orient, le consensus droite-gauche existe. Il y a en revanche, à droite, des élus qui vont rendre visite à Bachar. On ne sait pas trop à quoi servent leurs déplacements sinon à indigner tous ceux qui ont encore la faiblesse de croire qu’on ne va pas discuter avec un tyran sanguinaire, d’autant que, si la longévité politique de Bachar est remarquable, il ne la doit qu’à la Russie et à l’Iran.

Diplomatie tempérée.

Tout en dressant de l’action russe au Proche-Orient un bilan plutôt positif, M. Sarkozy a souligné que les bombardements de l’aviation russe ne suffiraient pas pour régler le conflit syrien. Non, mais elles ont pour objet de protéger Bachar moins contre Daech que contre les rebelles syriens, ce que l’ancien président français a omis d’indiquer, sans doute pour ne pas déplaire à ses interlocuteurs. On voit donc que l’exercice de la diplomatie parallèle est aussi tempéré que celui de la diplomatie officielle. M. Sarkozy n’a exprimé qu’une partie de sa pensée : il fait le constat de deux coalitions en présence en Syrie et en Irak et il juge que la situation est dangereusement compliquée, ce qu’il pouvait dire s’il était resté à Paris. Il est vrai néanmoins que la crise syrienne, l’expansion de Daech, la présence de l’Iran en Irak et en Syrie nécessitent une révision des interventions de la France, des États-Unis, de l’Iran et de la Russie. Cette révision ne peut être que le produit d’une concertation profonde entre pays qui poursuivent des objectifs différents mais ont parfois des ennemis communs. Toutefois, l’hôte de M. Poutine ne s’est guère étendu sur les perspectives d’un compromis.
M. Sarkozy a surtout tenu à rappeler que, en tant qu’ancien président de la République, il connaît beaucoup de chefs d’État et de gouvernement et qu’il peut entretenir avec eux des relations aussi étroites que celles de François Hollande. Aussi, quand la gauche rappelle que le pays doit être uni en matière diplomatique, elle insiste sans le dire sur le fait que le mandat du président en exercice n’est pas terminé.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Sarkozy et Poutine

  1. JMB dit :

    L’exercice de la précédente présidence française combinait le côté « bling-bling » de Berlusconi, le volontarisme de Poutine, et l’omniprésence dans les médias de feu Chavez.
    Trois en un : quel autre pays avait cette chance ?

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