L’Europe effondrée

Merkel en difficulté (Photo AFP)

Merkel en difficulté
(Photo AFP)

La santé de l’Union européenne n’a jamais été aussi mauvaise : croissance médiocre, crise grecque pas encore résolue, dangers monétaires et financiers, affaiblissement politique grave, crise migratoire qui semble échapper au contrôle des gouvernements.

FRANÇOIS HOLLANDE n’a pas réussi à engager avec l’Allemagne d’Angela Merkel la relation exceptionnelle qui unissait Adenauer à de Gaulle, Schmidt à Giscard, Kohl à Mitterrand. Les raisons de la distance relative qui les sépare ne sont ni caractérielles, ni idéologiques, mais conjoncturelles : au triomphalisme européen qui résultait d’une Union toujours plus large et de la création de l’euro ont succédé la crise économique et financière, le drame grec et la crise migratoire. Le président de la République a néanmoins joué son rôle, parfois avec bonheur : il a empêché l’expulsion de la Grèce de la zone euro alors que les dirigeants allemands l’exigeaient, et il a donc fait preuve d’un sens politique plus profond.

Nonchalance française.

Mais il n’a pas fait de la France le pays exemplaire qui aurait séduit l’Allemagne. Tirant sa marge de manoeuvre de l’impunité absolue de la France, il n’a pas appliqué à son pays la thérapie budgétaire qui aurait rassuré Angela Merkel et, surtout, son ministre, Wolfgang Schaüble. Les Allemands se gardent bien de critiquer publiquement la France, mais la nonchalance française irrite tous les pays qui ont fait d’immenses sacrifices pour réduire leur endettement et retourner à l’équilibre budgétaire. La France ne donnant pas l’exemple, son influence, quoi qu’en disent nos dirigeants, a beaucoup diminué. Elle n’est pas crédible aux yeux de l’Italie ou de l’Espagne dont les indicateurs reviennent lentement au vert, sous l’effet de puissantes réformes.
La crise migratoire, le déferlement de centaines de milliers de réfugiés sur les côtes européennes, posent maintenant un problème insoluble. À la docilité des clandestins succèdent des épisodes de violence, comme à Calais où la situation devient intolérable sans que le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, ait trouvé la solution, ou dans les Balkans, où les frontières érigées ne sont pas du goût des migrants, qui n’hésitent pas à faire le coup de poing avec les policiers. Ce qui affaiblit l’Europe, c’est la persistance des crises : il faudra des années pour stabiliser l’immigration ; l’Europe est à la merci d’une nouvelle crise financière ; la montée des nationalismes et de l’intolérance fait peser sur son dessein une menace mortelle.

Merkel contestée.

Elle a donc besoin d’un leadership exceptionnel et, jusqu’à présent, seul le couple franco-allemand l’a assuré. Malheureusement, François Hollande, en partie à cause de ses méthodes qui ne sont jamais autoritaires et en partie à cause du poids de la France qui diminue, n’est pas pour l’Allemagne le partenaire idéal. De même, Angela Merkel qui, il y a six mois encore, était célébrée comme « la femme la plus puissante du monde » , a perdu de son aura. Son appel à la tolérance à l’égard de l’immigration a été suivi par un déferlement humain qui a épouvanté les Allemands et plongé son propre camp politique dans un malaise profond. Déjà, des rumeurs courent à Berlin au sujet de la succession de la chancelière.
L’Union européenne est pratiquement bloquée sur le plan politique, ce qui la conduit à prendre des décisions secondaires, mais ahurissantes, comme l’étiquetage spécial que la Commission de Bruxelles a décidé d’apposer sur les produits israéliens en provenance de Cisjordanie. La commission a cédé ainsi, non sans lâcheté à l’égard d’Israël, au mouvement BDS (boycott, désinvestissement, sanctions) institué par des Palestiniens avec le soutien d’Européens irrités par la politique du gouvernement israélien. On se demandera si le boycottage est le meilleur moyen de résoudre le problème, d’autant qu’il se traduira par le chômage des Palestiniens qui travaillent au service des entreprises israéliennes. Mais le pire, c’est la méthode, qui rappelle les discriminations d’autrefois. Il est vraiment temps que l’Europe se ressaisisse.

RICHARD LISCIA

Ce contenu a été publié dans Non classé. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Une réponse à L’Europe effondrée

  1. BISROR dit :

    L’Europe revient à ses vieux démons. Que doivent les Européens aux Palestiniens? Peut-être les ont-ils humiliés en les obligeant à porter un chapeau pointu, une rouelle jaune ou un étoile sur leurs vêtements. Peut-être les ont-ils volés en leur confisquant tous leurs biens ? Peut-être ont-ils violé leurs femmes ? Peut-être les ont-ils brûlé sur les bûchers de l’Inquisition ou à Auschwitz? Ils déversent 2,5 milliards par an sans se soucier de l’utilisation de cette manne. Ils soutiennent les thèses palestiniennes qui refusent l’existence des juifs en Judée ou en Samarie.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.