Bourses : la panique

Janet Yellen a inquiété les marchés (Photo AFP)

Janet Yellen a inquiété les marchés
(Photo AFP)

En attendant un remaniement gouvernemental qui se fait désirer (et sera annoncé probablement dans la soirée avant l’intervention télévisée de François Hollande), on peut noter un événement infiniment plus important : la plongée des marchés boursiers depuis ce matin, qui semble traduire une crise économique mondiale et annoncer une crise financière d’ampleur égale à celle de 2008.

DEPUIS le début de l’année, les marchés ont perdu en moyenne 10 %. Cette contraction des valeurs a plusieurs explications : le ralentissement de la croissance en Chine, qui contribue à une chute des prix des matières premières et plonge dans la récession plusieurs pays émergents qui vivent de l’exportation d’énergie et de minéraux, la baisse continue des prix du pétrole, la déflation en Europe, qui en est la conséquence, l’insuffisance de la croissance aux États-Unis, dont la monnaie s’est appréciée, ce qui ne facilite pas leurs exportations. Après des années de rachats de dettes dont l’objectif consistait à encourager les prêts aux entreprises, la banque fédérale des réserves (Fed) a décidé de réduire ces achats et de laisser baisser les taux d’intérêt, actuellement voisins de zéro ou même parfois négatifs. Compte tenu de la morosité des marchés, la décision de la présidente de la Fed, Janet Yellen, a fait l’effet d’une douche froide.

Un discours énigmatique.

Hier, Mme Yellen, pressée de dire si elle poursuivait la hausse des taux ou si elle y renonçait, a tenu un discours particulièrement énigmatique d’où il ressortait qu’elle ne renonçait pas à les augmenter, mais qu’elle ferait une pause dans la hausse si elle avait des effets négatifs sur l’économie américaine. La Fed a racheté un énorme montant de dettes en circulation, la Banque centrale européenne (BCE) en fait autant et cette thérapie dangereuse, qui consiste à soulager les banques d’une partie de leurs passifs, ne peut pas durer indéfiniment. Le problème vient de ce que, malgré les efforts considérables de la Fed et de la BCE, le ralentissement de l’économie chinoise et ses conséquences sur les prix des matières premières n’ont pas permis un décollage durable des économies.

L’impuissance du pouvoir.

Ce n’est d’ailleurs qu’une partie du tableau de la conjoncture. Il est sinistre. Une bulle financière, identique à celle de 2007-2008, s’est formée, qui annonce un krach, les États-Unis ont perdu leur dynamique de croissance (elle profite aux entreprises, pas aux particuliers et les inégalités s’accroissent), l’Europe est en cours de dislocation, l’Italie est menacée par une crise bancaire à cause de quelques banques insolvables, le problème de l’immigration est dans une phase critique, l’économie française ne décolle pas, les accords de Schengen sont bafoués au profit des égoïsmes nationaux et le leadership franco-allemand est affaibli, avec un Hollande qui se débat dans le chômage et une Angela Merkel qui a perdu une partie majeure de sa popularité depuis a qu’elle encouragé les immigrants à immigrer.
La crise boursière n’atteint pas les particuliers qui ne possèdent pas d’actions, mais elle réduit la capacité des entreprises à investir et elle contribue à l’accroissement du chômage. Tandis que le président de la République change de gouvernement avec pour objectif d’être mieux armé pour les élections de 2017, les caprices de la bourse minent un peu plus l’économie française. C’est assez souligner l’impuissance du pouvoir à réguler les cycles économiques et financiers. Il y a eu une crise très grave il y a sept-huit ans, nous n’en sommes pas encore remis, et voilà que nous sommes menacés par une nouvelle crise contre laquelle nous devrons nous battre sans disposer de moyens réels.

RICHARD LISCIA

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