Hillary contre Donald

Trump hier en Floride (Photo AFP)

Trump hier en Floride
(Photo AFP)

Le « Super-Tuesday » a clarifié la situation : Hillary Clinton et Donald Trump émergent de la mêlée et apparaissent déjà comme les deux candidats qui seront investis par leurs partis. M. Trump ne rencontre pas vraiment de résistance dans sa marche vers le pouvoir. Mme Clinton, en revanche, doit achever un rival, Bernie Sanders, qui a remporté quatre des 11 États où se sont déroulées les primaires du 1er mars.

LES PRIMAIRES ne sont pas terminées et peuvent encore réserver des surprises. Toutefois, les concurrents de Hillary Clinton et ceux de Donald Trump ont touché leurs limites. Dans le camp démocrate, il n’y a que deux candidats en lice et, de toute évidence, la percée de M. Sanders chez les jeunes ne suffit pas à lui assurer une majorité dès lors que les Noirs et les Hispaniques votent en masse pour Mme Clinton. M. Trump, quant à lui, bénéficie de l’incapacité du parti républicain à aligner des candidats consensuels. Son excentricité, sa vulgarité, ses méthodes extravagantes ne sont pas combattues par un recentrage du parti mais par des candidats qui, eux-mêmes, semblent incapables de se créer une stature nationale. Ted Cruz, premier challenger de M. Trump, est un bigot qui a osé dire qu’un bon candidat devait faire ses prières tous les matins, ce qui constitue peut-être une bonne formule pour l’Amérique profonde mais fait rire l’électorat des grandes villes. Il est assimilable au Tea Party au moment où cette faction est elle-même rendue obsolète par la prestation inattendue de M. Trump.

Un ignorant au pouvoir ?

De ce point de vue, la marche forcée du milliardaire semble plus irrésistible que le cheminement lent de Mme Clinton. Lea direction du parti républicain est consternée parce qu’elle craint qu’un candidat aussi marginal que Trump soit balayé par la candidate démocrate. Elle a raison, mais elle ne peut empêcher la catastrophe qu’en élaborant un complot contre son candidat. Ce que celui-ci, qui ne mâche pas ses mots, saurait dénoncer avec la plus grande violence. La majeure partie de l’opinion américaine et l’opinion mondiale sont bien sûr terrorisées à l’idée qu’un homme qui, en somme, ne sait rien de la politique, des relations internationales, du fonctionnement des institutions, puisse avoir un jour le doigt sur bouton nucléaire.
Mais les républicains sont seuls responsables de la tragique situation dans laquelle ils se sont eux-mêmes placés. Ils n’ont jamais mis à profit les sept années de gouvernance démocrate pour se re-sourcer. Ils n’ont pas tenté d’analyser le phénomène particulièrement grave dont ils ont été victimes, l’émergence du Tea Party, sans même se rendre compte combien il leur était défavorable et sans essayer de le combattre. Ils n’ont jamais pensé qu’à dénoncer Barack Obama alors que sa réélection a montré combien sa présidence est légitime. Ils ont combattu systématiquement les progrès de la société américaine, notamment en matière d’avortement, de libertés individuelles et de sexualité et s’efforcent encore de renvoyer l’Amérique à ce qu’elle était au début du siècle dernier. Avec M. Trump, ils ont le candidat qu’ils méritaient et ils vont le garder jusqu’à ce qu’il leur fasse perdre l’élection de novembre prochain.

Un adversaire coriace.

Donald Trump sera néanmoins, pour le camp démocrate, un adversaire coriace. Il appuiera bien sûr sur les faiblesses d’Hillary, les erreurs qu’elle a commises en tant que secrétaire d’État notamment. Il n’hésitera pas non plus à la diffamer si c’est nécessaire. La campagne des primaires a déjà atteint des sommets d’outrance, celle de la présidence sera pire et Mme Clinton serait prête à confier à son mari Bill le soin de riposter systématiquement à Trump pour qu’elle n’ait pas, elle aussi, à se couvrir de boue. Si l’Amérique a gardé une once de bon sens, elle devrait élire Mme Clinton. Si le monde ne souhaite pas que l’Amérique tombe entre les mains d’un dangereux plaisantin, il devrait abonder dans ce sens.

RICHARD LISCIA

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