Élections : foire d’empoigne

Jacques Myard : inattendu (Photo AFP)

Jacques Myard : inattendu
(Photo AFP)

Le député Jacques Myard (LR) s’est déclaré candidat à la primaire des Républicains (20 et 27 novembre). Son nom s’ajoute à une liste qui en contenait déjà dix, alors que Nicolas Sarkozy n’a pas encore annoncé sa candidature. Simultanément, l’Assemblée nationale a adopté une loi qui exerce un contrôle sur le temps de parole et les parrainages des candidats.

LA PLÉTHORE des candidats à droite tourne au grotesque. Comme l’a dit Luc Chatel, « la primaire n’a pas été inventée pour que tous les Jacques Cheminade de la droite soient candidats ». À la désaffection croissante de l’électorat pour le fonctionnement des institutions politiques répond une soudaine foule de vocations qui ridiculise un peu plus les mêmes institutions. Le parti Les Républicains a bel et bien l’intention de se défendre contre la multiplication des candidatures, notamment en durcissant le système des parrainages, le nombre d’élus requis (250, dont 20 parlementaires) par candidat étant trop élevé pour que tous ceux qui se croient désignés par le destin les obtiennent. La plupart des personnalités qui veulent participer à la bataille de la primaire de la droite sont d’ailleurs assez réalistes pour savoir que leur démarche ne correspond qu’à une candidature témoignage ; ils ne croient pas que leurs chances de représenter leur parti à la présidentielle soient sérieuses. Ils espèrent seulement augmenter leur notoriété nationale et tirer avantage de leur performance à la primaire pour obtenir par la suite un poste important. C’est ce qui s’est passé avec Manuel Valls, qui, après avoir été battu à la primaire socialiste avec un score très bas, est devenu Premier ministre.

Temps de parole réduit.

Néanmoins, resteront en lice un certain nombre d’hommes ou de femmes politiques qui vont éparpiller les suffrages et créer une certaine confusion, alors que toute la France sait que l’affaire se jouera entre trois ou quatre candidats au maximum (et, bien sûr, deux seulement au second tour). Une certaine complicité entre « grands » partis s’est manifestée lors du débat à l’Assemblée sur le changement des règles qui, jusqu’à présent, régissaient les campagnes électorales. Ce changement affecte principalement le temps de parole accordé aux candidats. Avec le concours d’un certain nombre de voix LR, la majorité a adopté la nouvelle loi qui prive les « petits » partis de l’égalité absolue pour tous dans les interventions à la télévision. Ceux qui sont directement affectés par cette restriction, les communistes, les écologistes, les centristes se disent scandalisés. « On veut nous tuer », clament les centristes pendant que les écologistes (mais pas tous) et les communistes dénoncent un « déni de démocratie ». Ils n’ont pas tort dans l’absolu, mais les chaînes de télévision poussent un soupir de soulagement. Les apparitions télévisées des candidats donnent lieu le plus souvent à des prestations médiocres qui plombent les programmes et font fuir le téléspectateur.

La droite insultera-t-elle sa chance ?

Une fois encore, le gouvernement est passé en force, peu soucieux des attaques de la gauche contre un changement des règles qui, effectivement, abolit le principe sacro-saint de l’égalité des chances dans les campagnes électorales, d’autant que les nouvelles règles seront applicables en 2017. À droite, le contentieux avec le centre s’alourdit, l’UDI reprochant à LR d’avoir contribué à ce qu’elle considère comme une atteinte grave à la démocratie. Ce qui se prépare dans ces conditions, c’est une série de rendez-vous électoraux dont les acteurs dénoncent déjà les modalités. Cela ajoute beaucoup de confusion à une situation du pays qui n’est pas brillante. En même temps, se creuse un fossé entre LR et le centre qui est très dangereux pour l’ensemble de l’opposition actuelle. Il y a longtemps qu’elle n’avait bénéficié d’une conjoncture qui lui fût aussi favorable. Chacun sait que, si les élections présidentielle et législatives avaient lieu aujourd’hui, la droite l’emporterait sans coup férir. Pour s’assurer la suprématie dès le premier tour, elle a besoin d’être unie et de constituer avec l’UDI et le MoDem un bloc assez puissant pour la conduire à la victoire. Or on a plutôt l’impression que, absorbés par leurs propres divisions, les Républicains n’ont pas encore mis au point leur stratégie de conquête du pouvoir. Cela tient notamment au fait que Nicolas Sarkozy ne se déclare pas et que la primaire elle-même empêche l’élaboration d’un programme identifié à l’ensemble du parti. Le danger est clair : toute complication due aux déchirements inévitables de la campagne des primaires et le choix d’un candidat non représentatif de tous les courants de la droite et du centre donneraient une chance énorme à Marine Le Pen.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à Élections : foire d’empoigne

  1. Num dit :

    Rassurez-vous, il y aura maximum 5 ou 6 candidats à la primaire de droite: la règle des 20 parrainages bloquera les petits candidats, à commencer par NKM.

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