La protestation ne faiblit pas

Mélenchon hier à Paris (Photo AFP)

Mélenchon hier à Paris
(Photo AFP)

Du côté politique comme du côté syndical, on était en droit de penser que les inondations et leurs conséquences économiques considérables auraient rapproché les Français et mis entre parenthèses les conflits sociaux nés de la loi travail. Il n’en est rien.

À LA SNCF, par exemple, il est peu probable que la négociation d’aujourd’hui aboutisse à un accord, ce qui prolongera le conflit de plusieurs semaines. À la RATP, peu d’espoir d’un règlement. Chez les pilotes de ligne, même pessimisme. L’Euro commence dans quatre jours et le gouvernement, en dépit de ses appels au calme et à la solidarité nationale, est menacé par un fiasco. Sur le plan politique, Jean-Luc Mélenchon a choisi la journée d’hier, pratiquement celle du pic des inondations pour rassembler des milliers de personnes et livrer contre le pouvoir une charge dévastatrice. Il est vrai qu’il se sent pousser des ailes. Dans les sondages, il fait jeu égal avec François Hollande et ne cache pas qu’il entend le supplanter comme représentant de toute la gauche.

Le cuir de Hollande.

Le président de la République a au moins une qualité : un cuir très épais. Il ne répond à aucune des attaques lancées contre lui et qui ne sont pas toujours marquées au coin de l’équité. Il continue, mais en vain, d’appeler les Français au rassemblement, en sous-entendant que l’unité populaire doit se faire sous sa houlette, alors que M. Mélenchon se fait acclamer par la foule. Mais il se présente comme celui qui a tenu à ce que l’Euro ait lieu en France, en dépit du sérieux problème de sécurité que pose l’événement, et malgré les inondations qui ne rendent pas la France très attractive sur le plan touristique. On lui reconnaîtrait le courage de respecter le calendrier, de ne pas reculer devant l’effort, de puiser sans cesse dans la bonne volonté des forces de l’ordre et des pompiers, constamment sollicités par les exigences de la sécurité et des intempéries qui se révèlent économiquement et humainement catastrophiques, s’il ne se contentait d’utiliser des atouts dont dispose tout président en exercice.

Les vrais solidaires.

La colère, le ressentiment, la hargne des syndicats et des partis hostiles à l’exécutif n’ont pas été calmés ni relativisés par cette douche froide sans précédent que sont les inondations. La solidarité s’est exprimée en dehors des institutions : ceux qui ne sont pas sinistrés ont aidé leurs voisins inondés à sauver ce qu’il était possible de sauver. Le gouvernement, pour sa part, entend accélérer les procédures assurantielles et s’apprête à décréter l’état de catastrophe naturelle, indispensable à une correcte indemnisation des dégâts qui touchent les particuliers, des chefs d’entreprise, des agriculteurs et beaucoup d’infrastructures. Le prix des inondations est évalué entre 800 millions et deux milliards d’euros. Le chiffre le plus élevé est aussi le plus probable. L’exécutif fera tout son possible pour rester à l’abri de cette dépense, qui incombe aux compagnies d’assurances, mais le gouvernement s’est déclaré prêt à verser dans l’urgence des sommes de dépannage aux sinistrés dont la situation est la plus grave.
MM. Hollande et Valls sont peut-être mal placés pour réclamer, au nom d’une catastrophe, le retour à la discipline des corps constitués, car l’exécutif serait le premier à bénéficier d’un apaisement des esprits, fût-il momentané. Il n’en est pas moins nécessaire. Le coût des inondations pourrait être rattrapé par un surcroît d’activité après un grand nettoyage des sols, des industries et des habitations. Encore faut-il que les grèves cessent, sinon il n’y aura pas de rebond de croissance. De même, la France s’est engagée pour que l’Euro de football ait lieu sur son sol, il n’était pas possible qu’elle change d’avis. Il est facile de comprendre que la responsabilité d’un Euro sans accrocs appartient à tout le monde et pas au seul gouvernement. Dans cet espace, je n’ai pas cessé de dénoncer l’archaïsme croissant des attitudes politiques et syndicales. Je constate que les événements les plus violents mais aussi les plus indépendants de la volonté du pouvoir ne changent rien aux conflits.

RICHARD LISCIA

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