Bataclan à Orlando

Après l'attentat, le désespoir (Photo AFP)

Après l’attentat, le désespoir
(Photo AFP)

Un homme armé entre dans une boîte de nuit, tire dans la foule, tue 49 personnes, en blesse cinquante-trois : le 11 juin, les États-Unis ont eu leur 13 novembre. Il s’agit d’un attentat terroriste, dont la particularité est certes l’extrême violence mais aussi sa coïncidence avec la campagne électorale.

LE DÉBAT sur la nature du crime est oiseux. Omar Seddique Mateen est un « loup solitaire » qui a fait allégeance au prétendu État islamique (EI) avant de se livrer au carnage et dont l’inspiration terroriste ne fait aucun doute. Qu’il ait choisi d’assassiner des homosexuels signifie seulement que, au lieu d’attaquer un centre névralgique, il s’en est pris à des habitudes sexuelles tolérées en Occident, mais condamnées par l’islam. Né sur le sol des États-Unis, Mateen était pourtant américain, mais doté d’un sale caractère : allez savoir quelle est la part du ressentiment ou peut-être de la paranoïa dans son crime ! Le fait est qu’il avait été interrogé à deux reprises par le FBI et que sa personnalité inquiétait les pouvoirs publics. La facilité avec laquelle on peut se procurer des armes aux États-Unis a fait le reste.

Entre les mailles du filet.

L’Amérique aura beaucoup de mal à contrôler la multitude d’habitants qui possèdent des armes et peuvent nourrir une forme de haine contre la société qui les abrite. On constate qu’entre le statut de Mateen (il avait un emploi, n’était ni pauvre ni démuni) et la violence de ses actes, il n’y a aucune commune mesure. Maintenant qu’il est mort, il est impossible de savoir pourquoi il en voulait tant aux homosexuels, pourquoi il n’a pas préféré une autre cible et comment il a voulu, sans doute au nom de la religion, corriger ce qu’il considérait peut-être comme un « dévoiement » de la société américaine. Le problème posé par des rencontres avec le FBI qui ne l’ont pas empêché de passer à l’acte est le même que celui des individus qui, en France, faisaient l’objet de la fameuse fiche « S » mais n’en ont pas moins commis des attentats : s’il fallait incarcérer tous les suspects, les prisons n’y suffiraient pas et les libertés seraient réduites à néant.

Décence et démagogie.

La campagne électorale aux États-Unis ne va pas gagner en qualité. Donald Trump, comme on pouvait s’y attendre, a cherché à tirer un profit immédiat du malheur national en réitérant sa proposition d’empêcher l’immigration dans son pays des musulmans. Il se trouve que, si une telle mesure avait été appliquée, elle n’aurait pas empêché l’attentat d’Orlando, Mateen étant américain parce qu’il est né sur le sol américain. Les électeurs de Trump n’en trouveront pas moins justifiée sa proposition, alors que Hillary Clinton a réagi en rendant hommage aux victimes et en différant une réunion publique avec le président Obama qui devait avoir lieu mercredi. On peut craindre que la décence de la candidate démocrate ne suffise pas à contrer la démagogie frénétique du milliardaire de l’immobilier.
On peut craindre aussi que l’émotion de l’électorat américain l’emporte sur la bonne compréhension des dossiers. Donald Trump, quand il réagit à chaud à un événement, n’essaie même pas d’apporter une réponse cohérente à l’événement. Ses arguments les moins logiques suffisent à transformer en incendie les braises de la colère populaire. Hillary Clinton et ceux qui pilotent sa campagne doivent veiller à ce phénomène. Au cours de cette phase post-Tea Party, le parti républicain, qui n’a pas craint de se ressouder autour du nom de Trump, a choisi une voie dangereuse, celle d’une démagogie confinant à l’hystérie. Beaucoup de Républicains estiment d’ailleurs qu’ils ne peuvent pas voter pour Trump parce qu’ils voient bien que, s’il est élu, il engagera son pays dans une direction malsaine et catastrophique. C’est le devoir de Mme Clinton d’empêcher une telle évolution et de protéger sa plate-forme politique par tous les moyens dont elle dispose, y compris peut-être ceux qu’elle répugne à utiliser.

RICHARD LISCIA

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