La revanche de la droite dure

Le sourire de la victoire (Photo AFP)

Le sourire de la victoire
(Photo AFP)

En battant Alain Juppé par 66 % des suffrages (contre 33 %), François Fillon ne se contente pas d’obtenir l’investiture de la droite et du centre pour la présidentielle. La signification de son extraordinaire victoire est beaucoup plus large.

L’ANCIEN Premier ministre de Nicolas Sarkozy sollicite déjà les soutiens de tous ceux qu’il a battus, mais en a-t-il vraiment besoin ? Le second tour de la primaire, formidable exercice démocratique où la droite a excellé, lui accorde un blanc-seing. Le message de l’électorat est que M. Fillon doit devenir président, qu’il doit appliquer le programme qu’il a énoncé, et que, pour réussir, il ne doit en aucun cas mitiger ses propositions au nom du rassemblement. Les électeurs, eux, sont déjà rassemblés autour d’un homme qui les a convaincus que la réforme qu’il propose aboutira si elle est engagée avec force, conviction, détermination.

Le triomphe de Fillon est dû à l’échec de la gauche.

Diverses explications post-électorales, les plus faciles à formuler, sont fournies de l’ascension fulgurante de M. Fillon. Celle qui ne prête pas à la contestation est que la gauche, depuis plus de quatre ans, donne un spectacle tellement inquiétant de ses hésitations, de ses allers-retours, de sa coupable inconstance qu’elle n’a plus la moindre chance de l’emporter, sous quelque forme que ce soit, aux élections présidentielle et législatives. La droite était animée hier par une détestation définitive de tout ce que la gauche, sous couvert d’égalitarisme, a voulu faire et n’a pas fait, tirant un peu plus chaque jour le pays vers le bas. La dépense alimentée par les impôts est d’inspiration démocratique. Quand l’application du principe conduit à tant de résultats négatifs, il en devient insupportable. Moins d’impôts, plus d’activité économique, de la croissance : M. Fillon a été élu pour rétablir l’ordre, pour abolir les discussions stériles, pour démontrer qu’il existe une voie de redressement sans le recours aux grands principes généreux qui ont organisé l’échec.
En outre, la puissance de M. Fillon fait de lui le champion de la lutte contre le Front national. D’une part, il rassurera ceux qui se jettent à contre-coeur dans les bras du FN, mais préfèrent, et de loin, une voie conservatrice suffisamment vigoureuse pour qu’ils n’aient pas à tomber dans l’intolérance et la xénophobie. D’autre part, si l’on en juge par la vitesse de sa course et par sa suprématie électorale, il devrait obtenir au second tour de la présidentielle, contre Marine Le Pen, le score double qu’il a remporté au second tour de la primaire contre Alain Juppé.

Une crise de régime.

C’est le moment que le Premier ministre, Manuel Valls, a choisi pour jeter le pays dans une crise de régime. Il n’y a pas d’autre nom à donner au chaos voulu par le chef du gouvernement, qui exige du président de la République qu’il annonce immédiatement ses intentions pour 2017 et en répétant à l’envi que lui, en tout cas, est candidat. Comment un Premier ministre peut se quereller avec le président, comment le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone, envisage une primaire où Valls et Hollande seraient concurrents, on ne peut répondre à ces questions qu’en décrivant la panique de la gauche, en décelant dans tous ces invraisemblables comportements, y compris l’attentisme du chef de l’Etat, la désagrégation d’un camp politique tellement affaibli par l’usure du pouvoir qu’il serait dans le coma. A cet effondrement s’ajoute la folle multiplication des candidatures pour 2017, avec l’annonce de Sylvia Pinel au nom du PRG, qui s’ajoute à celles de Montebourg, Hamon, Macron, Jadot, Mélenchon (enfin oint par le PCF), Hollande et peut-être Valls et on n’est pas sûr que la liste soit exhaustive. Mme Pinel, M. Macron, M. Mélenchon et peut-être M. Hollande ne participeraient pas à la primaire de la gauche. Autant signer son suicide. Plus que jamais, le second tour semble devoir être une explication entre la droite et l’extrême droite. Ce qui donne une idée du poids actuel de la gauche et de l’extrême gauche : moins de 35 %.

RICHARD LISCIA

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