Terrorisme low cost

Le recueillement des parlementaires
(Photo AFP)

Le première réflexion induite par l’attentat de Londres, qui a fait trois morts et une quarantaine de blessés, porte sur le mal infini qu’un homme seul mais déterminé peut faire à l’ensemble d’une population.

LE BILAN de l’attentat est d’ailleurs, comme tous les autres, difficilement quantifiable. Le traumatisme infligé aux Britanniques, comme à tous les peuples qui ont eu à subir les assauts du terrorisme, va bien au-delà du nombre des morts et des blessés. À l’heure du Brexit, les gouvernements européens, notamment celui de la France, ont exprimé leur solidarité, preuve que ce qui nous unit, c’est-à-dire notre choix de vie, est de loin supérieur à nos différences et nous apporte le seul vrai rempart contre la barbarie : la coopération sécuritaire que la séparation du Royaume-Uni avec l’Union européenne n’entamera pas. Allemands, Belges, Espagnols, Italiens ou Français, nous avons tous subi les immondes attaques de terroristes spécialisés dans l’agression contre les civils, les femmes et les enfants. Ils n’ont certes jamais relâché leur pression, mais chacun de leurs crimes renforce notre solidarité, notre détermination à résister, à les pourchasser et à les combattre avec les armes de la démocratie.

La question du communautarisme.

Entre les sociétés française et britannique, il existe une différence considérable, qui concerne le traitement de la laïcité. Nous faisons de celle-ci, pour le moment, une interprétation stricte qui tend à réduire le communautarisme. Les Anglais, au contraire, ont laissé aux diverses religions et nationalités la faculté de s’épanouir sans vraiment s’intégrer. La réalité du terrain oblige à dire qu’aucune des deux méthodes n’a éradiqué le terrorisme. S’il est vrai que les sicaires de l’EI ou d’Al Qaïda sont souvent empêchés d’agir grâce à la qualité des services de renseignement, il demeure que, laïcité ou pas, les prêches contre la société occidentale, les appels au meurtre, la référence à une religion qui ne serait respectée que par la culture de la mort continuent à faire des ravages dans les esprits les plus fragiles.

Détruire les officines du crime.

Comme nous, les Anglais doivent donc s’en prendre à ces officines du crime qui bafouent l’hospitalité qui leur est accordée. Le débat sur l’immigration s’arrête quand il faut assurer la sécurité publique. Il n’y a aucun gage, aucune concession, aucune indulgence possibles. Notre salut dépend de notre résistance aux idées et aux campagnes d’épouvante, de notre capacité à prévenir les attentats, ce que souvent nous faisons bien, et enfin de notre volonté d’appliquer aux assassins les règles qu’ils ont inventées plutôt que nos propres méthodes humanistes. Nous ne pouvons pas nous permettre d’accepter le moindre vulnérabilité devant une haine aussi bien partagée, aussi définitive, aussi mortelle.
Il faut aussi que ce nouveau drame rappelle à tous les Européens ce qu’ils ont en commun et qu’ils doivent défendre, quelles que soient leurs difficultés à s’entendre et à s’unir. Voilà au moins une menace qui nous concerne tous, contre laquelle nous ne pouvons qu’être d’accord pour unir nos efforts et nos moyens. Aussi méfiants qu’ils soient à l’égard de la construction européenne, les Britanniques qui, une fois encore, ont dépassé leurs différences internes pour montrer qu’ils font front commun contre le terrorisme, doivent savoir aussi qu’ils ne sont pas seuls et qu’ils appartiennent à une école de pensée qui sacralise la vie. Face au nihilisme, nos vieux antagonismes, nos sarcasmes nationalistes, nos jugements superficiels sur tel ou tel peuple voisin doivent disparaître. Seule compte la lutte contre le mal absolu.

RICHARD LISCIA

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4 réponses à Terrorisme low cost

  1. liberty8 dit :

    Une question que je me pose depuis quelque temps :
    – Il y a 5 ans, Israël était la cible d’attentats permanents. Depuis deux ou trois ans à part les essais à l’arme blanche sans résultat, il me semble que le fléau est circonscrit chez eux ?
    Pourquoi ? Solutions possibles à adapter en France et ailleurs ?
    Quel est votre avis, M. Liscia ? Je connais par votre blog votre savoir sur la région.

    Réponse
    Les « essais » à l’arme blanche ne sont pas des essais, mais des actes patents de terrorisme, contre lesquels Israël continue à lutter quotidiennement. La presse française ne signale plus ces attentats. Je ne crois pas non plus qu’Israël en ait fini avec le terrorisme. En réalité, une surveillance méticuleuse de chaque instant, une action permanente des services de sécurité et la vigilance extrême de la population israélienne permettent de réduire le nombre d’attentats, qu’il s’agisse de « l’intifada au couteau » ou de l’usage de camions, grues mobiles ou autres véhicules contre des civils. On compte néanmoins de temps à autre des assassinats contre des Israéliens isolés ou circulant en voiture en Cisjordanie. Enfin, la population a pris le parti de vivre « normalement », malgré le danger.

    R.L.

  2. Michel de Guibert dit :

    Merci pour votre article auquel j’adhère à 100%.
    J’ajouterai juste que le terrorisme frappe encore plus durement d’autres pays dans le monde, à commencer par l’Irak et la Syrie.

  3. Eve M. dit :

    Les crimes gratuits n’ont-ils pas toujours existé?
    Des actes solitaires perpétrés par des minables qui invoquent maintenant Allah au moment de donner la mort méritent-ils un traitement particulier?
    L’étrange Islam de ces individus est alcoolisé, drogué, l’EI s’en empare bien volontiers. Qui leur promet un paradis ennuyeux de vierges et de miel. Bon.
    Pourquoi ne pas en faire un atroce « fait divers » ?
    La haine du musulman donne des voix à Mme Le Pen. Elle en a bien assez comme ça.

    Réponse
    L’assimilation d’une entreprise revendiquée de destruction des sociétés occidentales à une série de faits divers relève de l’amalgame pur et simple. Aux crimes gratuits qui ont toujours existé et qu’aucune société organisée ne peut tolérer s’ajoutent un nombre très élevé d’attentats qui font des milliers de morts et sèment la peur et de terribles contraintes parmi des milliards d’innocents. Pas besoin d’être un politologue pour le comprendre.
    R.L.

  4. Jacques Pernès dit :

    Que voulez-vous dire par : « Et enfin de notre volonté d’appliquer aux assassins les règles qu’ils ont inventées plutôt que nos propres méthodes humanistes » ?
    Pouvez-vous développer un peu plus ces règles que vous préconisez ?
    Merci.

    Réponse
    Il me semble avoir été très clair. Je n’ai pas à faire l’exégèse de mes propres articles. Et vous avez très bien compris ce que j’ai écrit : il y a un état d’urgence en France et s’il ne peut être prolongé il doit être remplacé par d’autres mesures de surveillance, par des coups de filet et surtout par l’infiltration des milieux islamistes et des mosquées où l’on prêche le djihad. Il existe une école qui croit encore que la meilleure façon de lutter contre le terrorisme, c’est l’éducation. C’est ça, l’humanisme mal placé. L’éducation prend un temps très long. Or, il y a urgence et une nécessité vitale à se battre contre les réseaux qui préparent des attentats. Pour empêcher un attentat, il faut utiliser les mêmes méthodes secrètes que les terroristes. C’est une guerre de l’ombre.
    Enfin, j’aimerais bien ne pas être apostrophé sous le prétexte que j’aurais fait une allusion lourde de sens. Tout est contenu dans ce que j’écris et je n’éprouve aucun besoin de me justifier. Mon blog n’est pas un calvaire, n’est-ce pas M. Pernès ?

    R.L

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