Macron parmi les « Grands »

Poignée de mains virile
(Photo AFP)

Emmanuel Macron a couru avec beaucoup d’aisance un marathon diplomatique, à Bruxelles, pour un sommet de l’OTAN, et à Taormina, pour le G-7. Donald Trump ne s’en tire pas mal non plus.

A TORT ou à raison, on pensait que le président Trump ne ferait qu’une bouchée de son collègue français, pas tant parce qu’il aurait plus d’expérience que lui mais parce que ses manières de vieux dinosaure auraient déstabilisé M. Macron. Lequel a même obtenu des compliments appuyés du président américain, qui l’a félicité pour sa victoire électorale, sans sembler se souvenir qu’il militait naguère pour celle de Marine Le Pen. Sur ce, M. Trump s’empara de la main de M. Macron, qui se laissa faire, au risque d’être broyé par le shakehand le plus dangereux du paysage international. Il réussit néanmoins à soutenir le choc et même à exercer une pression inverse. Rien de mieux qu’un jeune bien portant pour se défendre contre l’arrogance des plus vieux.

Un Trump assagi ?

Le président Trump a bénéficié de son voyage en Arabie saoudite, en Israël, en Cisjordanie, au Vatican, à Bruxelles et à Taormina. Le périple lui a permis de mettre entre parenthèses ses difficultés de politique intérieure et de trouver hors de son pays une sorte de popularité internationale liée, il faut bien le dire, à son assagissement espéré, ses pairs souhaitant qu’à la faveur des conversations, le chef de l’exécutif adoucisse un peu la potion qu’il veut leur prescrire. Il n’a pas vraiment de projets, s’efforçant plutôt de se montrer saoudien en Arabie, israélien en Israël, presque palestinien à Ramallah, moins remonté contre l’OTAN et l’Union européenne à Bruxelles, et leader du monde libre au G-7. L’attentat de Manchester lui a offert une occasion unique de participer au rassemblement du monde occidental contre le terrorisme et, du coup, il semble désireux de mettre l’OTAN et l’Europe à contribution dans cette lutte et donc de leur trouver une raison d’exister.

Le troisième camouflet.

Les deux institutions ne l’entendent pas de cette oreille mais s’empressent d’envisager une hausse de la part de leur produit intérieur brut (à 2 %) affectée à la défense. Il est bien trop pour dire que M. Trump a été amadoué par ses alliés, d’autant que, malgré le succès de sa tournée, dont il se flatte comme d’un exploit exceptionnel, il a été poursuivi par de mauvaises nouvelles du front intérieur. D’abord la première ministre britannique, Theresa May, s’est indignée de retrouver dans la presse américaine des informations secrètes qu’elle avait livrées au gouvernement américain au sujet du drame de Manchester ; puis la CIA a fait savoir qu’elle s’occupait plus particulièrement de Jared Kushner, le gendre et homme de confiance de M. Trump à la Maison Blanche, dans l’affaire des ingérences russes pendant la campagne électorale de l’an dernier aux Etats-Unis ; enfin un juge américain a décidé en appel que le projet de décret présidentiel anti-immigration était contraire à la lettre de la constitution américaine, de sorte que l’affaire ira vraisemblablement jusqu’à la Cour suprême, et que, sur ce point, M. Trump reçoit un troisième camouflet de la justice ordinaire. Le désordre engendré par une Maison Blanche déboussolée continue.
Emmanuel Macron s’est bien gardé de s’intéresser aux démêlés de M. Trump avec la justice et avec le gouvernement britannique. Auréolé d’une victoire électorale que M. Trump n’est pas le seul à admirer, il a été accueilli très chaleureusement pas les représentants de l’Union à Bruxelles et n’a pas eu de mal à s’imposer comme un président qui, malgré son jeune âge, connaît parfaitement ses dossiers. Il sait très bien ce qu’il représente, l’espoir qu’il a apporté à son pays, la stimulation qu’il donne à l’Europe, le dépit qu’il inflige à Poutine, qui a tant espéré une dislocation de l’Union et constate amèrement que, à cause du jeune Macron, l’Europe et l’OTAN renaissent déjà de leurs cendres. Bien entendu, une bonne prestation sur la tribune internationale ne préjuge pas de la qualité des solutions qu’il faut trouver pour tant de querelles, mais, après tout, la performance aurait pu être médiocre, un qualificatif qui ne sied pas du tout au président français.

RICHARD LISCIA

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