La force de la constitution

Le couple présidentiel
(Photo AFP)

Si Emmanuel Macron confirme son succès aux législatives, il aura démontré que, loin de mettre en cause la constitution de la Vè République, il avait la capacité de tirer le meilleur profit de ses règles et procédures. D’autres ont fait miroiter le passage à une VIè République qui n’aurait pas été autre chose que le retour à la IVè et au régime des partis. Ils ont échoué.

LE PRÉSIDENT MACRON incarne un changement sans précédent parce qu’il a constitué une offre politique qui efface l’influence des partis, donc des idéologies. Et de droite et de gauche, son action laisse la place à toutes sortes de commentaires principalement destinés à conforter la défense de ceux qui vont perdre la partie. La première vérité à rappeler, c’est qu’il a conçu un projet remarquable et que, en s’y tenant, il a accumulé les exploits qui ont fait de sa conquête du pouvoir une marche triomphale. La seconde, c’est qu’il fait très exactement ce qu’il a annoncé. La troisième, c’est que, contrairement à ce qu’affirment les incorrigibles caciques du PS, il ne s’inspire pas seulement des idées social-démocrates de Dominique Strauss-Kahn et qu’il applique les idées libérales qui ont produit des résultats positifs dans plusieurs pays européens. La troisième, c’est qu’il a fort bien perçu les dangers des aventures proposées par le mélenchonisme ou le marinisme. Le retour au scrutin proportionnel nous empêcherait de bénéficier de la stabilité politique pendant cinq ans. La création d’une VIè République permettrait aux plus petites formations d’avoir leur mot à dire au Parlement, ce qui se traduirait en réalité par une cacophonie d’où ne sortirait aucune décision. Elle ne s’adresserait nullement aux préoccupations économiques et sociales du moment, sinon qu’un gouvernement de coalition déchiré entre diverses tendances axerait son action sur des recettes qui appartiennent au passé, ont déjà été appliquées en vain et n’ont pas réduit le chômage.

La thérapie par la croissance

Ceux qui, il y a encore six mois, affirmaient que Macron n’était qu’un feu de paille sous le prétexte que la droite ne pouvait pas perdre cette élection, étaient privés de vision, de clairvoyance et de pertinence. Ils n’ont pas vu que la persistance de la crise française avait créé dans l’opinion une lassitude telle qu’elle réclamait non pas un changement mais un chambardement, qu’elle était prête à se jeter dans les bras d’un extrémisme ou de l’autre, qu’elle était tentée par des remèdes bien plus empoisonnés que le mal, et que le « génie » de Macron, si l’on peut utiliser ce mot sans tomber dans une flatterie suspecte, aura été de proposer aux plus désespérés d’entre nous, aux plus inquiets d’entre nous, à ceux d’entre nous qui, même si la crise les a épargnés, ne supportaient plus cette France à deux vitesses, une thérapie qui, sans détruire la richesse nationale, l’augmente pour que les gens trouvent enfin un emploi, pour que les salaires soient améliorés, pour que les inégalités se réduisent.

Chance et intuition.

Rien ne nous garantit que M. Macron, qui a superbement conquis le pouvoir, en fera l’usage positif que le pays attend de lui. Rien ne dit que, en dépit de la forte majorité qu’il s’apprête à obtenir, il ne se heurtera pas à ces verrous, apparemment indestructibles, de la société française. Et il est vrai que d’autres, avant lui, n’ont été élus présidents que pour reculer ensuite devant l’ampleur de la tâche ou la colère populaire. De sorte que, au lendemain du 18 juin, quand la première partie du projet Macron aura été accomplie, commencera la phase la plus difficile, la plus dangereuse, la plus incertaine de son action. On peut au moins dire de ce président, dont l’intuition est par ailleurs extraordinaire, qu’il est aussi intelligent et que, s’il connaît la hauteur des obstacles, il prendra soigneusement son élan avant de les franchir. La grande différence entre lui et ses prédécesseurs, c’est qu’il n’est prisonnier d’aucune idéologie, qu’il aborde chaque problème avec les moyens du pragmatisme, qu’il est capable de reconnaître ses erreurs et de les rectifier. Dans ce monde très imparfait, nous ne saurions exiger un président parfait, mais nous pouvons toujours espérer que, chance et intelligence étant conjuguées, l’avenir sera moins sombre qu’il ne l’aurait été avec un autre président.

RICHARD LISCIA

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Une réponse à La force de la constitution

  1. liberty8 dit :

    Entièrement d’accord avec vous.
    On doit ce demander si, pour une fois, les Français n’ont pas choisi le meilleur et non le moins pire.
    Attention toutefois, l’espoir monte de plus en plus, gare aux retombés, les extrêmes sont à l’affût. Mais ne boudons pas notre bonheur en ces jours, la France reprend espoir et nos amis européens ne s’y trompent pas.

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