Droite : Wauquiez plébiscité

Wauquiez hier soir
(Photo AFP)

Avec plus de 74 % des suffrages, Laurent Wauquiez a été très largement élu président des Républicains. Il a aussitôt annoncé une renaissance de la droite qui, en dépit de son score, ne sera pas facile à obtenir.

AUCUN suspense : M. Wauquiez était annoncé  gagnant dès le début de la campagne, il a gagné. Florence Portelli, qui n’a jamais cessé de répéter qu’elle était « absolument certaine » de l’emporter, arrive loin derrière lu, à 16 % et Maël de Calan (juppéiste) à 9 %. Premier constat : M. Wauquiez a quand même bénéficié du refus de Valérie Pécresse et de Xavier Bertrand de participer au tournoi. Le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes a donc triomphé sans gloire. S’il est vrai qu’il a balayé de ce qu’il restait des forces fillonistes et juppéistes, une participation plutôt faible, 42 %, atténue la dimension de sa victoire. Cependant, personne ne lui contestera le titre qu’il vient d’acquérir et ce qu’il nous prépare en vérité, c’est le retour au bonapartisme de la droite, qui a toujours eu besoin de se trouver un chef avant de repartir à la bataille. De ce point de vue, il s’inscrit dans les méthodes du « vieux monde ». Il suit la trace laissée par MM.  Sarkozy et Fillon qui, tous les deux, mais à des stades différents, ont perdu  le premier la primaire, le second la présidentielle.

Un inquiétant euro-scepticisme.

Laurent Wauquiez n’est pas,  au demeurant, un président d’opérette et il faut le prendre au sérieux. Son parcours est remarquable, car il n’a pratiquement subi aucun échec. Agé de 42 ans, énarque et normalien à la fois, député à 29 ans, plusieurs fois secrétaire d’Etat ou ministre, il a déjà accompli un parcours particulièrement brillant. Il est trop intelligent et tacticien pour ignorer qu’il lui faut rassembler « le peuple de droite » au-delà des militants de Sens commun s’il ne veut pas se retrouver dans la situation qu’a connue François Fillon. Il le dit lui-même : naguère, il a été le chouchou des médias parce qu’il était jeune, beau, grand et policé ; aujourd’hui, il est combattu par tous parce qu’il ne craint pas d’incarner une droite qu’il qualifie de « décomplexée », mais qui est identitaire et hostile à l’immigration. Il doit toutefois reconnaître qu’il a changé de discours, ce qui explique le revirement des médias.  Pendant toute sa campagne pour la présidence de LR, il s’est bien gardé de débattre des dossiers économiques et sociaux. Il savait en effet que, sur ce terrain, il était distancé par la dynamique macronienne et qu’un discours critique serait apparu comme un rejet des réformes souhaitées par la droite et par lui. Convaincu, comme Sarkozy, qu’il ne lui reste plus qu’à aller chercher des suffrages dans le vivier toujours abondant du Front national, il a adopté, non sans cynisme, un ton très proche de celui de Marine Le Pen, notamment dans le domaine des affaires européennes, où il se situe à contre-courant de l’élan des « marcheurs »et commence à exprimer un inquiétant euro-scepticisme.

Où sont les Républicains ?

Un homme ou une femme politique n’étant jamais comptable des propos qu’il ou elle a tenus, M. Wauquiez s’apprête sans doute à verser un peu d’eau dans son whisky. Le scénario le plus en vogue est d’une consternante banalité : le président de région et président de LR n’aurait plus qu’à ouvrir les bras à ses adversaires intérieurs et extérieurs pour rallier autour de son nom le plus grand nombre d’électeurs et battre en 2022 un président Macron qui se sera usé à la tâche.  Remerciant ceux qui ont voté pour lui, il n’a pas hésité à faire l’éloge de ses concurrents, Maël de Calan et Florence Portelli qui, selon lui, ont eu beaucoup de courage à se dresser contre lui ; inversement, il a salué Mme Pécresse et M. Bertrand on ne sait trop pourquoi sinon pour la raison inverse, le courage de ne pas se présenter contre lui. Je veux bien qu’il faille ressouder un parti dont M. Wauqiez ne nous convainc pas encore qu’il est au mieux de sa forme. Mais la politique, en dehors des mots et des gestes, c’est aussi un programme. Cinquante-huit pour cent des militants LR ont jugé inutile de voter, alors qu’il suffisait d’envoyer son vote dans un courriel. Cela peut signifier qu’ils se réservent pour des affrontements ultérieurs. Cela peut signifier aussi qu’ils ne sont plus, tout simplement, chez les Républicains. Cela signifie peut-être qu’ils sont ailleurs. Suivez mon regard.

RICHARD LISCIA

PS-Je traiterai des élections en Corse dans « le Quotidien du médecin » qui paraît jeudi 14 mars..

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